Vallée du Lot : de la nécessité de penser en bassin versant (16/10/2006)

medium_LA-GAZETTE---BASSIN-VERSANT.pngJe réclame depuis longtemps que le problème des crues du Lot soit appréhendé sur tout le bassin versant.
Cette solution demande une structure qui prenne en charge ce problème et propose des solutions.

Un excellent dossier paru dans « La Gazette des communes » du 24 juillet 2006 (n° 29/1847), intitulé : EAU : la gestion par bassin versant coule de source, va dans ce sens et précise le type de structure qui pourrait porter un tel projet.

En voici de larges extraits.

Depuis les années 60, vingt-quatre établissements territoriaux de bassin (EPTB) ont été créés. Maître-mot de ces structures de coopération interdépartementales : la « gestion intégrée » de la ressource en eau, abordée dans la diversité de ses usages (navigation, énergie, agriculture, industrie, tourisme, eau potable, milieux naturels). Ce concept englobe la gestion quantitative de la ressource, la préservation des zones humides et la prévention des inondations.
Ces EPTB sont nées d’une volonté prioritaire : la lutte contre les crues et/ou la gestion de la ressource en période de basses eaux. Leur action s’est élargie à la préservation des milieux naturels et à l’appui au tourisme.

Les EPTB ont peu à peu pris place aux côtés des services déconcentrés de l’Etat et des agences de l’eau. Ils dépassent les contours de ces administrations pour épouser un territoire dessiné par un cours d’eau : le bassin versant.
La loi du 30 juillet sur les risques naturels et technologiques entérine ces créations spontanées, désormais régies par le Code de l’environnement (art. 213-10).

Les EPTB assurent un cortège de services aux collectivités. Ils fixent les règles du jeu à l’échelle du bassin : schéma d’aménagement et de gestion des eaux, contrats de rivière, plan de gestion des étiages, charte d’entretien des berges, documents d’objectifs Natura 2000. Leurs équipes endossent, en outre, l’élaboration de plans communaux de sauvegarde, la pose de repères de crues ou la sensibilisation du public au risque. Régis par le Code général des collectivités territoriales, ils ont un statut d’institution interdépartementale ou de syndicat mixte.

Tous revendiquent un rôle de « mise en cohérence » des politiques engagées sur le bassin versant. « Un fleuve doit être appréhendé de la source à l’estuaire » affirme Bernard Cazeau président du Conseil Général de la Dordogne et président de l’Association française des EPTB (AFEPTB) fondée en 1999.

« La vision ingénue selon laquelle l’eau doit s’écouler rapidement est dépassée. Celui qui se protège de l’eau l’envoie chez le voisin. Il n’existe pas de solution individuelle, le chacun pour soi aggrave la situation des autres. Il faut une gestion collective de l’eau, dès qu’elle touche le sol » dit Jean-Michel Cornet, directeur de l’EPTB Oise-Aisne.

« La force des EPTB est de travailler sur un concept pertinent, le bassin versant, quand les services de l’Etat peinent encore à dépasser la ligne départementale », dit Guy Pustelnik, directeur de l’EPTB Dordogne.


L’avis des EPTB est désormais sollicité sur tout projet excédant 1,9 millions d’euros, même si le maître d’ouvrage n’est pas un adhérent. Toutefois ils n’ont pas encore accès aux secrétariats techniques de bassins, où agences de l’eau et services déconcentrés de l’Etat qui suivent la mise en place de la directive-cadre européenne sur l’eau. « Nous assumons une mission d’intérêt général de protection des populations et il faut supplier l’Etat d’exister », s’emporte Jean-Charles Amar de l’EPTB Vidourle.

« Les premiers EPTB étaient des outils d’aménagement donc des « bétonneurs » », rappelle Michel Allanic directeur de l’EPTB Vilaine.

L’EPTB Adour, centré sur la prévention des inondations et le soutien des débits d’étiage, a mené des travaux lourds sur la rivière (endiguements, stabilisation du lit et construction de vingt-trois barrages). L’EPTB Seine gère d’immenses ouvrages de retenues, mis en eau sur une quarantaine d’années. « De telles pratiques seraient impensables aujourd’hui », dit son directeur, Jean-Louis Rizzoli.
« On affirme plus aujourd’hui qu’un barrage met à l’abri des inondations » dit Roberto Epplé, président de l'association Loire vivante.

Le discours est désormais centré sur des solutions alternatives aux barrages jugés coûteux, lourds d’impact sur les milieux et d’une efficacité limitée. L’ambition est de « faire la part de l’eau », c’est-à-dire de redonner de l’espace au fleuve afin de laisser passer les crues, tout en limitant le risque. Le cours d’eau peut retrouver un fonctionnement naturel et être localement large et tranquille, et non corseté, au risque de devenir dangereux lors d’une crue. On ne parle plus de fixer les rives, amis de rendre à la rivière des espaces de liberté. Les techniques douces succèdent aux interventions lourdes. Quand la topographie le permet, on récrée des champs d’expansion des crues, prairies à vocation « d’éponge » temporaire. L’EPTB Seine projette la réalisation d’une aire de surstockage en Seine-et-Marne qui limiterait les dommages dus aux crues de l’Yonne.

En décembre 1993 et en janvier 1995, l’Oise subit deux crues catastrophiques qui génèrent chacune plusieurs centaines de millions d’euros de dommages à l’habitat, aux entreprises et aux collectivités.
L’Entente interdépartementale Oise-Aisne créée en 1968 par six départements met en place un programme d’aménagement sur le bassin.
Elle mise sur les aires de ralentissement de crues. Ces espaces stockeront des volumes d’eau qui ne rejoindront le lit de la rivière qu’une fois passée la pointe de débit. Les champs d’expansion constitueront des régulateurs naturels. Ces zones fonctionnent comme des réservoirs latéraux recevant l’eau progressivement à partir d’un certain niveau de débordement et la relâche peu à peu à la décrue. A l’horizon 2010, l’Entente prévoir de réaliser une dizaine d’aires de surstockage. Le ralentissement dynamique vise à agir sur les fortes crues, grâce à des ouvrages fonctionnels, en moyenne, quelques jours tous les dix ans.

Voilà pour ce dossier de la Gazette des communes.

Qui pourrait prendre en charge cette problématique sur le bassin versant du Lot ?

L’Entente interdépartementale du Bassin du Lot intègre le réseau des EPTB.
Ses statuts prévoient :
- en matière d'hydraulique de compléter les études, de réaliser ou de faire réaliser la conception et la construction des ouvrages qui entrent dans le cadre du programme d'aménagement hydraulique qu'elle élaborera et enfin d'assurer ou de faire assurer l'exploitation et la gestion de ces ouvrages
- en matière d'économie et de tourisme, de promouvoir, développer et coordonner les activités par des actions d'animation et d'équipement
- en matière d'environnement, de mener toutes actions jugées utiles à sa sauvegarde et à sa mise en valeur.

La politique de cette institution s'appuie sur un schéma environnement réalisé à l'échelle du bassin versant et sur un schéma directeur de développement économique axé sur le développement touristique et la remise en navigation fluviale du Lot.
Malheureusement, seule la remise en navigabilité semble intéresser actuellement l’Entente.

Il faut donc que l’Entente interdépartementale Vallée du Lot et son président, le cantalien Vincent Descœur, prenne vigoureusement en charge le problème des crues et travaille sur tout le bassin versant.

Enfin, on s’aperçoit, au vue des témoignages parus dans la Gazette des communes, que les aménagements prévus à Saint-Géniez-d’Olt et à Espalion sans aucune concertation, seront pratiquement inefficaces pour limiter les crues, mais risquent de poser des problèmes pour les localités situées en aval.

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