Inondations : déjà trois ans et toujours rien de prévu (04/12/2006)
Pourquoi les élus ont-ils boycotté samedi dernier, la réunion organisée par l’Association des Sinistrés de la Vallée du Lot pour commémorer les trois ans de la dernière forte crue qui avait occasionné des dégâts énormes tout en ne faisant par miracle aucune victime ?
Parce que les élus font le pari qu’il ne se produira pas de nouvelle inondation avant les prochaines élections municipales et cantonales et qu’il n’est pas utile de perdre du temps et de l’argent à proposer des solutions qui, si elles s’avèrent efficaces, n’en sont pas moins onéreuses (mais éviteraient beaucoup de dépenses inutiles), et ne sont surtout pas électoralistes.
Le « temps politique » est différent du « temps naturel » nous a expliqué Stéphane Beaumont, Maître de conférences à la Faculté de Droit de Toulouse et avocat de l’association.
A méditer.
Pour ma part, la question ne s’est même pas posée de savoir s’il fallait y aller ou pas. Les absents ont eu tort et qu’on le veuille ou non, le problème des inondations sera un sujet important pour toutes les communes riveraines de la vallée du Lot lors des prochaines échéances électorales.
Les personnes présentes à cette réunion se sont déclarées outrées que l’on dépense des millions à la remise en navigabilité du Lot entre La Madeleine et Flagnac et que rien ne soit réellement fait pour limiter les inondations. Inondations qui endommageront à coup sûr ces futures installations.
Maître Beaumont a rappelé que les élus ont des comptes à rendre aux citoyens. C’est dans la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 qui figure en préambule de la Constitution Française de 1958 :
Article 14 - Les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée.
Tout comme figure dans ce préambule de la Constitution, la Charte de l’Environnement qui dans son article 5 stipule :
« Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution, à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin d'éviter la réalisation du dommage ainsi qu'à la mise en oeuvre de procédures d'évaluation des risques encourus ».
C’est notamment sur l’application du principe de précaution que Maître Beaumont a proposé à l’ASVL de travailler dans l’avenir. Il a émis la proposition qu’Espalion devienne le « laboratoire » de la jurisprudence en matière d’application du principe de précaution, qui permettra à cette Charte d’évoluer.
Des solutions doivent être proposées afin d’atténuer les conséquences des crues sur les hommes et les biens des particuliers et des collectivités locales. Ces solutions existent et ont été mises en place dans de nombreux bassins : Vidourle, Aude, Lez…
J’ai pu les voir de mes yeux comme j’ai vu et écouté des élus responsables, passionnés et compétents prendre ce problème à bras le corps.
Elles nécessitent de travailler sur tout le bassin versant du Lot et l’Entente Interdépartementale Vallée du Lot, établissement public territorial de bassin doit en être le porteur. C’est d’ailleurs inscrit dans ses statuts.
Le resserrement géomorphologique de Laroque-Bouillac est plus qu’un petit « pincement » comme certains tentent de le minimiser.
Et ce n’est pas l’enlèvement de quelques milliers de mètres cubes de sédiments ou l’installation d’une sirène à Boisse-Penchot qui vont empêcher une nouvelle catastrophe.
Mais cela permet à certains élus de faire croire qu’ils agissent.
La navigabilité n’est qu’un point du Programme Interrégional d’Aménagement de la Vallée du Lot, mais les crédits pour la navigabilité vampirisent tous les moyens dont aurait besoin cette rivière écologiquement et économiquement. Rien pour les aménagements hydrauliques afin de modérer les crues, et des miettes pour la reconquête de la qualité de l’eau (objectif baignade) et les aménagements touristiques doux (véloroute, navigation non motorisée, pêche…)
Le plus grave, c’est qu’il semble qu’il y ait malheureusement un consensus de tous les élus de la vallée pour poursuivre dans cette voie. Qu’ils soient de droite ou de gauche. Le soutien appuyé de Martin Malvy à la poursuite de la navigabilité lors de l’inauguration de l’écluse de Boisse-Penchot me semble un mauvais signe.
Tout comme les crédits prévus à cet objet dans le futur contrat de projet 2007/2013.
La Région Midi-Pyrénées prévoit de mobiliser 4 millions d’euros pour la navigabilité, 4,27 millions d’euros pour l’accompagnement économique et seulement 750 000 euros pour la protection et la valorisation de l’environnement.
Lorsque l’on sait que le Conseil Général prévoit de mobiliser des fortes sommes sur la navigabilité, fer de lance du conseiller général de Decazeville qui doit à tout prix garder ce canton, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir de notre rivière et des finances départementales.
Il y a ceux qui se gargarisent de « démocratie participative », de « développement durable », de « protection de l’environnement » et qui ne proposent que de motoriser la Vallée du Lot à coup de subventions publiques pour le seul bénéfice d’une petite minorité d’investisseurs privés.
Et d’autres dont je fais parti, pour qui la priorité est la reconquête de la qualité des eaux, le développement d’un tourisme doux accessible à la population locale et la protection des riverains contre les crues.
En attendant, notre rivière est une des plus polluée de Midi-Pyrénées et les riverains tremblent chaque fois que la pluie tombe un peu plus fort que d’habitude.
Jusqu’à quand ?
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