Gaspillage énergétique (25/12/2006)
On ne peut que s’inquiéter de cette mode venue des Etats-Unis qui arrive maintenant chez nous et touche le moindre petit village ou hameau.
Illuminer sa maison tout le mois de décembre jusqu’aux premiers jours de janvier est à la mode. Et c’est à celui qui réalisera le plus de motifs, qui éclairera le plus fort, que l’on verra de plus loin, qui fera déplacer le plus de monde.
La presse locale étale tous les jours des photos de réalisations et des municipalités irresponsables organisent même des concours.
Quelle gabegie énergétique pour présenter des illuminations représentant toutes les mêmes silhouettes, d’étoiles, de Pères Noël en traîneaux, de rennes ou autres motifs qui ne présentent aucun intérêt artistique.
Plus c’est de mauvais goût, plus cela plait à certains.
Tout cela pour le plus grand bonheur d’EDF et des commerçants, surtout la grande distribution qui achètent ces illuminations fabriquées à bas prix en Asie.
N’avons-nous pas des moyens plus intelligents et plus artistiques pour faire rêver et réfléchir nos enfants à cette période ?
Certains nous disent que ces illuminations ne consomment presque rien. C’est faux, mais de plus, leur multiplication est malheureusement importante et cela dans une période ou la consommation d’électricité est déjà forte.
On nous fait fort justement remarquer que la seule consommation énergétique des veilles de nos appareils divers, téléviseurs, ordinateurs… représente la production d’une centrale nucléaire, et qu’il est très facile d’éviter ces consommations. Mais rien n’y fait et dès que l’on modère une consommation électrique sur un secteur, on trouve toujours moyen de créer de nouveaux besoins aussi inutiles qu’énergivores.
Certaines collectivités, conscientes de ce problème, essaient de réduire les consommations des illuminations de Noël en utilisant des nouvelles technologies.
A Decazeville, nous avons remplacé les éclairages spéciaux pour les fêtes locales par des guirlandes non éclairantes et nous avons réduit de 30% nos consommations d’éclairages de Noël en 2005 par rapport à 2004 tout en gardant une qualité appréciée par tous, en remplaçant les vielles guirlandes lumineuses par des éclairages LED (diodes électro-luminescentes).
Mais à quoi servent ces efforts des collectivités pour diminuer les consommations énergétiques et agir ainsi sur le réchauffement climatique si les particuliers augmentent inconsciemment les leurs ?
N’encourageons donc pas ce genre de pratique en évitant de nous y rendre par exemple.
Pour ma part, je veillerai à ce que la ville de Decazeville fasse de nouveaux efforts pour économiser l’énergie dans le futur, à Noël et tout le long de l’année.
Editions du 28 décembre 2006
NOËL : Elles illuminent chaque année les rues et certaines maisons
Chères et brillantes décorations
Certes, c’est plutôt joli. Parfois c’est carrément beau. Encore que certains ne semblent pas du tout réceptifs à ce genre de spectacle. En dehors d’un quelconque jugement de valeur, les illuminations de Noël ont un coût et des conséquences. A Decazeville, par exemple, la seule installation des décorations lumineuses au fil des rues mobilise 15 000 euros. A cette installation s’ajoute la consommation électrique, soit 13 338 kW/h en 2005, entre le premier week-end de l’Avent et l’Epiphanie, ce qui a occasionné une facture de 2 106 euros. Pour établir une comparaison, ces chiffres peuvent être appliqués à la consommation et à la facture électrique annuelle de l’école maternelle Jean Moulin.
Et pourtant, comme l’explique Jean-Louis Calmettes, adjoint Vert à la municipalité, « depuis deux ans nous faisons des efforts. Nous avons remplacé les éclairages spéciaux pour les fêtes locales par des guirlandes non éclairantes. Nous avons aussi réduit de 30 % nos consommations d’éclairages de Noël par rapport à 2004, en remplaçant les guirlandes lumineuses par des éclairages LED (diodes électro-luminescentes). » En effet, en 2004, la facture électrique des décorations de Noël decazevilloises avait été chiffrée à 2 330 euros, soit une consommation de 19 240 kW/h.
A cet aspect collectif des illuminations, s’est greffée depuis quelques années la mode venue des Etats-Unis, de la décoration individuelle des maisons. De plus en plus de particuliers se prêtent au jeu et le Bassin n’est pas le dernier au classement départemental des plus belles réalisations. Là aussi, et alors que certains apprécient et d’autres pas du tout, l’ardoise générée n’est pas négligeable. Les créateurs locaux interrogés sur la question disent avoir du mal à situer leurs dépenses précises en la matière.
Selon des sources Internet et à titre indicatif, 300 à 400 mètres de guirlandes électriques avec environ 2 100 ampoules, un attelage de rennes en tubes de néon, six pères Noël grandeur nature aux barbes incandescentes et quelques autres gadgets du même acabit représentent, à tarif plein, un investissement de plus de 5 000 euros (les éléments sont souvent achetés sur plusieurs années). Et on ne parle pas du surcoût énergétique, estimé entre 100 et 500 euros à suivre sur la facture EDF de janvier. Tout comme on ne parlera pas, au risque de passer pour les rabat-joie de service, de la notion de développement durable, oubliée de cette « magie lumineuse de Noël » si peu respectueuse de l’environnement, car contribuant directement à l’émission de gaz à effet de serre.
F.C.
Lire à la suite un article de Libération sur ce sujet
Décoration. Née aux Etat-Unis, la vogue des maisons illuminées gagne l’Europe. L’Allemagne surtout, mais aussi la France.
Les allumés de Noël
Par Françoise CHAPTAL – Jeudi 25 décembre 2003 - Berlin
…
La tendance va, chaque année, crescendo. Seuls au monde, les Etats-Unis sont plus éclairés que l’Allemagne, qui a d’ailleurs importé cette manie d’outre-Atlantique. Cette saison, la chaîne de magasin Métro affirme avoir vendu 4 000 kilomètres de guirlandes électriques contre 2 000 il y a deux ans, et les régies d’électricité régionales s’attendent à voir exploser le record de l’an dernier : plus de 25 millions de kW/h consommés dans l’ensemble du pays par rapport à un mois d’hiver normal, du premier week-end de l’avent au jour de l’Epiphanie.
Au milieu du défilé incessant des médias locaux, une chaîne de télévision philippine est venue filmer le pavillon de la famille Wall, au bout d’un petit chemin de quartier résidentiel de Spandau, à Berlin. Une récompense exotique pour un sacrifice financier loin d’être insignifiant : pour ses 300 à 400 mètres de guirlandes électriques ponctuées de 2 100 ampoules, son attelage de rennes en tubes de néon affublés chacun d’un nez de 120 watts, ses six pères Noël grandeur nature aux barbes incandescentes et autres gadgets païens, Uwe Wall a investi 7 500 euros en 1998, auquels s’ajoutent bon an mal an 1 000 euros de nouveaux accessoires et 550 euros de supplément sur la facture d’électricité de janvier.
La dette de Noël est d’ailleurs une tendance connue auprès des banques allemandes, qui se voient parfois demander un crédit de 10 000 euros par des clients désireux de festoyer dans l’incandescence. La plupart ne donnent pas suite. La « décoration extrême » - « Extrem Schumücking » - compte des centaines d’adeptes en Allemagne, plus à l’Ouest qu’à l’Est où la tradition de Noël a été étouffée par quarante ans de communisme. Les amateurs de lachose mesurent leur opulence sur des sites Internet ou grâce aux photos de leur demeure diffusées par les médias.
Le phénomène a aussi ses sociologues, qui jettent sur cette mode un regard plus critique qu’ébloui : « C’est la folie classique de Noël. Comme partout en Occident, le contenu théologique implose et le superficiel explose » , explique Sabine Henkel, spécialiste des arts populaires. « Tout le monde y participe à des degrés divers, mais ces gens là en particulier ont besoins d’une scène pour se donner en représentation. Leur maison, qu’ils transforment en palais, devient ce théâtre pendant un mois ». Chez l’accueillante famille Wall, dès la nuit tombée, on distribue (pour 1 euro le gobelet tout de même) du vin chaud aux curieux.
Werner Mezger percoit, lui, dans cette orgie récurrente de kilowatts, bien plus qu’une représentation narcissique. Pour ce sociologue de Fribourg, elle correspond « à un réflexe lié à l’insécurité générale. Si la peur de l’avenir grandit, le phénomène va s’amplifier. Car l’effondrement de l’ordre établi conduit à la remise en place d’un autre ordre, virtuel celui-là ». Les observateurs notent ainsi que plus la crise économique est profonde, plus les gens dépensent pour paraître à cette époque de l’année. Une chômeuse de Bavière confiait avoir englouti jusqu’au dernier euro de ses allocations de novembre en achats de Noël. Et pas forcement en cadeaux… Les dernières statistiques indiquent pourtant que les allemands sont devenus plus regardants et envisageaient cette année de dépenser 349 euros pour leurs proches, contre 508 en 2002. Ceux qui offrent des guirlandes ou un groupe électrogène auront eu une idée lumineuse.
12:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | | Imprimer |