Les limites d’un sondage (22/01/2007)

medium_demain_ml.jpgOn reste abasourdi à la lecture du sondage réalisé par l’IFOP pour le compte de Midi Libre et Centre Presse sur les priorités des habitants de la région Languedoc-Roussillon, plus ceux de l’Aveyron.

Le problème de ce genre de sondage réside dans la formulation des questions, car l’on sait bien que selon cette formulation, la réponse peut être totalement différente.

Tous les sondages montrent que les salariés sont majoritairement favorables au maintien des 35 heures dans leurs entreprises, mais qu’ils aimeraient certes gagner plus. Même l’IFOP l’avait noté dans un sondage du 30 janvier 2005.
La formulation de la question pour ce dernier sondage IFOP/Midi Libre - Centre Presse aux aveyronnais est : « êtes-vous opposé ou favorable à l’assouplissement de la loi sur le temps de travail pour que ceux qui veulent gagner plus en travaillant plus puissent le faire ? ».
La question posée ainsi, on impose avec certitude ce dogme libéral que seule une augmentation du temps de travail est susceptible d’augmenter le revenu.

La revalorisation du SMIC, la remise en cause du temps partiel non choisi, tout cela n’a même pas effleuré les concepteurs de ce questionnaire

D’autre part on oublie les 4 millions de privés d’emploi qui n’auront aucune chance d’en retrouver un si on augmente le temps de travail de ceux qui en possèdent déjà un.
On sait que la baisse du temps de travail a permis de créer au moins 350 000 emplois.

Pour ma part j’aurais préféré une autre formulation de la question : « êtes-vous favorables à la généralisation des 35 heures, voire une baisse accrue du temps de travail en même temps qu’une forte revalorisation des bas salaires pour permettre aux 4 millions de privés d’emploi d’en retrouver un ? »

Idem pour la deuxième question : « êtes-vous opposé ou favorable à l’alignement des régimes spéciaux des retraites (SNCF, EDF, RATP) sur le régime général des retraites ? »
La question pertinente aurait été le contraire : « êtes-vous opposé ou favorable à l’alignement du régime général des retraites sur celui des régimes spéciaux ? »
Les réponses auraient été autres.

Mais je sais bien que les tenants de ce libéralisme sauvage me diront que c’est de l’utopie, que ce n’est pas « économiquement » réalisable.
Pendant ce temps, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres dans le monde et en France.
C’est d’ailleurs ce que note Centre Presse aujourd’hui dans un article sur les Etats-Unis mais également hier en signalant un rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie qui notait que le revenu des médecins spécialistes a progressé trois fois plus que celui des salariés depuis 1990.

Ce sont donc bien des choix politiques qui peuvent supprimer les inégalités ou les augmenter.
Mais il semble que Midi Libre et Centre Presse ont choisi de poser les mauvaises questions pour obtenir les réponses qu’ils semblent souhaiter.
Heureusement des journalistes ont des analyses plus réalistes que des sondages. Hervé Kempf, journaliste au « Monde » (du même groupe que Midi Libre et Centre Presse) vient de sortir un livre qui résume bien l’état social et écologique de notre planète.
Il nous faut «comprendre que crise écologique et crise sociale sont les deux facettes d'un même désastre. Et que ce désastre est mis en oeuvre par un système de pouvoir qui n'a plus pour fin que le maintien des privilèges des classes dirigeantes»
Un livre salutaire (Comment les riches détruisent la planète, de Hervé Kempf, aux Editions du Seuil).

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