L’Espagne va sortir du nucléaire (26/01/2008)

18c59afee9c199720f8d5adee8a6bcd0.pngL’information est passée à la trappe en France, ou l’on préfère dans ce domaine, commenter les qualités de VRP de notre Président de la République et s’extasier devant les prétendus succès de cette industrie mortifère.

L’Espagne a décidé de fermer progressivement ses huit centrales nucléaires. Pour prendre cette décision, José Luis Zapatero et les socialistes Espagnols ont évoqué une disparition nécessaire parce que le nucléaire est « trop cher et trop dangereux ». « «Nous mettrons en place le remplacement graduel du nucléaire par des énergies plus sûres, plus propres et moins onéreuses.»

Pendant ce temps, des ONG remettaient à Davos en Suisse le « Prix de la Honte » à Areva.
Désignées par des ONG du monde entier, 40 sociétés étaient en lice pour "l'Oscar de la honte" de l'entreprise la plus irresponsable. C'est le géant du nucléaire français qui rafle la mise en cumulant le Public eye award et le prix du public (7776 votes d'internautes contre seulement 1623 à Bayer) pour avoir "extrait de l’uranium dans des conditions totalement scandaleuses" au Niger.

Lire l'article de Libération

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L’Espagne enfouit l’avenir du nucléaire

De notre correspondant à Madrid FRANÇOIS MUSSEAU
QUOTIDIEN : vendredi 25 janvier 2008


Le zéro nucléaire : c’est l’objectif affiché par les socialistes espagnols. Au moment même où Londres veut construire davantage de centrales, où Paris vend sa technologie du Maghreb à la Chine et où Washington prévoit d’allonger la durée de vie de ses réacteurs, Madrid veut orchestrer la fin de ses installations nucléaires. Mardi, José Luis Zapatero a donné son feu vert pour que cette «résolution ferme» soit mentionnée dans le programme électoral de son parti, le PSOE, dans la perspective des législatives du 9 mars, où la gauche est donnée légèrement favorite. Il ne s’agit pas, bien sûr, de décréter la fermeture immédiate des 8 centrales espagnoles, pour d’évidentes raisons logistiques et de sécurité. Mais, assure le chef du gouvernement, pas question de maintenir en vie les réacteurs «au-delà du nécessaire».

En 2006, les socialistes avaient fermé la centrale de Zorita, près de Madrid. L’an prochain, ce sera au tour de celle de Garoña, en Castille et Leon. Les sept autres, construites dans les années 80, devront connaître le même sort au terme de «leur durée de vie utile», entre 2021 et 2028. Le programme socialiste ne laisse aucune ambiguïté : «Nous mettrons en place le remplacement graduel du nucléaire par des énergies plus sûres, plus propres et moins onéreuses.»
Mauvais élève. Ces ambitions marquent un saut qualitatif. Au début de son mandat, José Luis Zapatero évoquait la «diminution» du nucléaire. Aujourd’hui, il insiste sur sa «disparition nécessaire». Comme une partie du PSOE, le chef du gouvernement y est opposé «idéologiquement» : trop cher, trop dangereux (longévité des déchets radioactifs, sécurité relative), arguë-t-on. Et peu populaire. D’après un sondage du Centre d’investigations sociologiques (CIS), en juin, trois quarts des Espagnols sont pour la baisse du nucléaire. Ce qui explique que, sur ce point, la droite évite le débat, même si elle dit souhaiter que cette source d’énergie «demeure une alternative».
Le PSOE n’en est pas moins paradoxal. Car, outre la cherté croissante du pétrole, l’Espagne vit une situation précaire en important 85 % de son énergie, notamment du gaz algérien. Plus grave, alors que l’Espagne applaudit aux efforts onusiens face au changement climatique, elle est l’un des plus mauvais élèves d’Europe : les émissions de CO2 y sont 49 % supérieures à celles de 1990. On est très loin des + 15 % fixés par le protocole de Kyoto. Comment, dans ces conditions, trouver la quadrature du cercle et se passer du nucléaire (19,6 % de la production électrique), sans augmenter la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles ?
«Ingénue». Parmi les socialistes (dont la ministre de l’Environnement Cristina Narbona et l’ex-Premier ministre Felipe González), pas mal de voix s’élèvent pour voir là une «résolution ingénue» voire «suicidaire». Les ingrédients de la potion magique, Zapatero dit les avoir trouvés : importation électrique (de France surtout), économies d’énergie (producteurs et usagers), taxe écologique (pour lutter contre les émissions) et, surtout, forte impulsion aux renouvelables. C’est sur ce dernier chapitre que les principaux espoirs se fondent. L’énergie solaire, balbutiante, va gagner du terrain : «C’est un atout, une partie du territoire est aride ou semi-aride», assure-t-on. Quant à l’éolien (18 % de la production électrique), on espère voir sa part égaler celle du pétrole d’ici à 2016, soit un bon tiers. Cela sera-t-il suffisant ? Beaucoup en doutent. Fin novembre, El Pais titrait : «L’Espagne, ce Don Quichotte antinucléaire.»

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