Taxe carbone : une occasion ratée (11/09/2009)
« J’ai observé la sombre réalité du changement du climat de mes propres yeux… L’Arctique se réchauffe plus rapidement que n’importe quel autre endroit sur Terre… Nous avons le pied sur l’accélérateur et nous nous dirigeons vers un abîme » . Ce n’est pas un dangereux écologiste qui a dit cela il y a quelques jours, mais le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
A 100 jours du sommet de Copenhague, Nicolas Sarkozy avait les moyens de montrer aux yeux du monde la volonté de la France de s’engager dans un processus responsable de baisse des émissions de gaz à effet de serre. Raté !
Ce qui aurait pu constituer le début d’une fiscalité écologique juste est devenu un brouet indigeste qui ne conviendra à personne, si ce n’est à ces amis les riches.
Pourquoi ?
- Parce que le coût de la tonne de CO2 à 17 euros n’incitera pas à changer ses comportements.
- Ensuite parce que l’assiette de la contribution climat énergie n’est pas assez large car elle exclut l’électricité, également émettrice de CO2 notamment en hiver pour le chauffage.
- Parce qu’elle est injuste puisqu’elle va toucher uniformément tout le monde sans prendre en compte les revenus de chacun et qu’elle va être compensé à tout le monde, y compris aux plus riches.
- Parce que rien n’est prévu pour aider les plus pauvres à s’équiper pour économiser l’énergie et pour changer leurs modes de chauffage ou de déplacement.
- Parce que rien n’est prévu pour aider les collectivités à mettre en place des transports collectifs efficaces en ville comme en zone rurale (bus, TAD, covoiturage, circulations douces…)
- Parce qu’elle n’est pas claire pour la contribution de certaines professions fortement carbonées comme l’agriculture et les transports
- Parce qu’il y a un flou sur la progressivité de cette contribution dans les années futures.
Nous avons eu droit à un discours grandiloquent de Nicolas Sarkozy avec des indignations feintes mais aussi beaucoup d’inexactitudes, pour un résultat qui est loin des efforts qu’il nous faudrait réaliser si nous voulons réellement assurer un avenir serein à nos enfants et nos petits-enfants.
Le fait que cette annonce ait eu lieu chez un fabricant de pompes à chaleur, qui n’est en fait que du chauffage électrique amélioré, en dit long sur la volonté de Sarkozy de favoriser l’industrie nucléaire, toute comme sa volonté de favoriser, comme certains malheureusement à gauche, la voiture électrique, véritable piège financier et écologique.
Enfin, n’oublions pas que la capacité à polluer et à produire des gaz à effet de serre est proportionnelle aux moyens financiers dont nous disposons chacun et que donc, les plus gros pollueurs sont en général les plus riches. Il suffit pour s’en convaincre de lire le livre d’Hervé Kempf qui sera le 2 octobre à Sébazac à l’invitation d’Attac 12 : « Comment les riches détruisent la planète ». J ‘en conclus que la meilleure taxe carbone serait sans aucun doute une forte augmentation des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu ainsi que de l'ISF. Sauf que là aussi, avec le bouclier fiscal et les niches fiscales, Sarkozy a choisi de faire le contraire.
Des avis sur cette taxe carbone :
Libération : Taxe carbone:«révolution des comportements» ou «rendez-vous raté»?
Yves Cochet : Taxe carbone : la trahison d’une bonne idée
Dominique Voynet : Tout cela ressemble à de l'écologie, mais ça n'est que du spectacle
Les eurodéputés Europe Écologie : Taxe carbone : la fiscalité écologique fait pschitt !
Photo : jlc
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