Décharge de Romiguière, quelle solution ? (29/03/2006)

Je dois d’abord exprimer mes regrets sur le fait que le dossier de la décharge de Romiguière ne m’ait pas été confié dès 2001. Connaissant parfaitement le problème des déchets en général et de la décharge de Decazeville en particulier, j’avais demandé en tant qu’adjoint à l’environnement à m’occuper de ce dossier. Cela m’a été refusé. J’avais tout de même exprimé quelques avis dès 2001, notamment sur la nécessité de construire un deuxième bassin de traitement des lixiviats. Là également, je n’ai pas été écouté.

Je comprends bien sûr les riverains, excédés par les nuisances environnementales, mais considérer le problème de la décharge de Decazeville que sur un angle local est assez réducteur.

Etat des lieux :
31 décembre 2001 : signature par le Préfet de l’Aveyron du Plan d’Elimination des Déchets Ménagers et assimilés en Aveyron.
Ce plan prévoyait 3 Centres de Stockage de Déchets Ultimes (CSDU) dont un premier devait voir le jour en 2005. La décharge de Romiguière aurait alors fermé.
Depuis, aucun centre n’a été construit, pire, aucune réserve foncière n’a été acquise. Cela est impensable dans un département où la densité n’est que de 30 habitants au km2, dont 45 % vivent dans les agglomérations urbaines.
Des retards sont également notables dans la construction des centres de tri, des plates-formes de compostage et des quais de transfert, d’actions en matière de prévention des déchets, de la collecte et la valorisation des bio-déchets…
Y-a-t-il eu une volonté délibérée de ne pas appliquer ce plan départemental ? Je le pense. Les dirigeants du SYDOM n’ont jamais accepté que le premier plan départemental qui prévoyait un incinérateur ait été cassé par le Tribunal Administratif de Toulouse sur demande des Verts Aveyron.

Alors que des départements limitrophes ont engagé des politiques responsables dans ce domaine : la Lozère avec un Centre départemental de traitement biologique des déchets ménagers (stabilisation biologique par pré-traitement mécanique), Le Tarn, qui a choisi le bioréacteur (dégradation rapide de la matière organique), d’autres qui ont choisi la méthanisation, l’Aveyron reste désespérément immobile depuis quatre ans.


Mais, pourquoi fermer la décharge de Romiguière et aller porter nos déchets ailleurs ?
Quel grand intérêt écologique et économique y-a-t-il de fermer la décharge de Romiguière, pour porter nos déchets à la décharge du Burgas ?
Même si cette dernière dispose les déchets dans des casiers et récupère les biogaz pour les brûler en torchère, elle ne constitue pas un énorme progrès par rapport à la décharge de la Romiguière et encore moins au regard des techniques actuelles.

De plus la solution de porter nos déchets à Sainte-Radegonde est assez égoïste.
Que dirions-nous si les élus de cette ville décidaient de fermer leur décharge et de venir déposer leurs déchets à Decazeville ?
Prenons garde également que, prétextant la fermeture rapide de la décharge de Romiguière (après celle de Saint-Affrique), le SYDOM décide une révision du Plan Départemental et comme solution pour le traitement des déchets, la construction d’un incinérateur, et pourquoi pas sur le Bassin.


Pour autant, la reprise de la décharge de Romiguière par le SYDOM afin d’y déposer 20 000 tonnes de déchets annuellement durant 11 ans est irréaliste.

Alors quelle solution ?


Un plan de poursuite d’exploitation de la décharge en 8 points :

Poursuite de l’exploitation de la décharge de Romiguière dans des conditions économiques et environnementales acceptables, notamment pour les riverains.

1) La ville de Decazeville doit engager des mesures d’ordre techniques :
- Utiliser des techniques et produits afin de limiter les nuisances olfactives (produits masquant les odeurs, recouvrements plus fréquents…),
- Améliorer la qualité des rejets des lixiviats dans le milieu naturel (création d’un deuxième bassin) ou évacuer les lixiviats vers une station de traitement,
- Engager des mesures adéquates pour éviter à toutes époques la présence de rongeurs, oiseaux et insectes,
- Réparer et entretenir les clôtures,
- Engager un plan de formation du personnel aux techniques d’exploitation et de surveillance des décharges,
Ces mesures doivent rapidement faire l’objet d’un chiffrage et d’un agenda de mise en place.

2) Cette exploitation ne pourra pas dépasser la date du 31 décembre 2009. Ce délai laisse le temps au SYDOM, de mettre en place le premier des trois CSDU prévus dans le Plan d’Elimination des Déchets Ménagers et assimilés de l’Aveyron pour le traitement des déchets.

3) Engager dès maintenant la réhabilitation de la décharge DIB du Vallon de Fels,

4) Limiter la quantité de déchets déposés à la décharge par la limitation du périmètre de la collecte :
- Arrêt des dépôts de déchets du SIVOM de Capdenac, du Trioulou, et de la communauté de communes de la Vallée du Lot. Seule la communauté de communes du Bassin Decazeville-Aubin (4 000 T/an) pourrait déposer sur le site de la Romiguière.

5) Création d’une CLIS (Commission Locale d’Information et de Surveillance) comprenant des élus et techniciens de la commune de Decazeville, des élus et techniciens de la communauté de communes Decazeville-Aubin, des associations environnementales et des riverains.

6) Engager avec la Communauté de Communes Decazeville-Aubin :
- des actions de prévention des déchets afin d’en limiter la quantité totale,
- des actions pour diminuer la part des déchets organiques déposés en décharge : accentuation des opérations de distribution de composteurs individuels et si possible, ramassages ciblés de déchets organiques…

7) La ville de Decazeville doit continuer à provisionner pour assurer la réhabilitation complète de la décharge à la fin de l’exploitation en 2009,

8) La ville de Decazeville doit constituer très rapidement les garanties financières obligatoires.


Quelques observations :

L’arrêt définitif de la décharge en 2009 permettra de ne pas dévaluer le prix de l’immobilier du secteur comme le craignent à juste titre les riverains.

La comparaison faite par l’association entre les décharges de Saint-Affrique et celle de Decazeville n’est pas à faire. Decazeville a une décharge autorisée par la préfecture (même si elle a été mal exploitée) tandis que la décharge de Saint-Affrique était une décharge non autorisée.

Si la poursuite de l’activité de la décharge de Romiguière dans les conditions énumérées ci-dessus s’averrait impossible ou était refusée par la Préfecture, la seule solution resterait alors dans le dépôt des déchets à Sainte-Radegonde ou Villefranche-de-Rouergue.

Mais je pense que chacun est responsable de ses déchets et que la gestion locale à Decazeville dans de conditions économiques et environnementales acceptables doit être privilégiée en attendant les installations définitives de traitement.


Autres note à consulter sur ce thème dans ce blog :
- Nuisance sur les eaux du Lot de la décharge de Decazeville

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