Non à la montée impossible ! (01/04/2006)

Nous avons dû nous prononcer hier soir en Conseil de Communauté de Communes Decazeville-Aubin sur une subvention de 12 800 euros pour les organisateurs de la montée impossible. Bien que d’autres élus m’aient assuré comprendre et soutenir cette position à l’issue de la séance, j’ai été le seul à refuser cette subvention.
Je tiens à m’en expliquer.

Cette manifestion est incompatible avec la protection de la biodiversité de la forêt de la Vaysse :

La forêt de la Vaysse, forêt « artificielle devenue naturelle » comme le notait il y a quelques années M. Scholler de l’ONF, est très riche floristiquement et faunistiquement.
Alors que cette forêt a subi d’énormes dégâts lors des deux tempêtes locales de l’été dernier, cette manifestation fréquentée en grande partie par des personnes se souciant peu de l’environnement risque de porter un coup fatal à la protection de sa faune et de sa flore encore fragile.
L’exposition présentée par la Communauté de Communes traitant de la biodiversité en Midi-Pyrénées à été un franc succès, notamment lors de sa présentation à l’animation Parterres et Jardins à Fontvergnes le week-end dernier, preuve que de plus en plus de personnes s’intéressent localement à ce problème.


Cette manifestation contribue à la pollution atmosphérique et au réchauffement climatique :

Une étude du magazine scientifique « The Lancet » de février 2001, fait état de 31 000 décès prématurés du fait de la pollution atmosphérique en France due en grande partie aux activités de transport, de 500 000 crises d’asthme, 25 000 nouveaux cas de bronchites et de très nombreux cas de bronchiolites chez l’enfant, développement des allergies...

Les véhicules deux roues motorisés et les motos en particuliers sont très polluants. Selon un rapport de l’ADEME du 29 juin 2005, les contributions aux émissions de polluants de ces véhicules s'élèvent à plus de 10 % des émissions totales du secteur des transports individuels, alors qu'ils ne représentent que 1 % des consommations d'énergie de ce secteur.
Les motos utilisées pour des sports mécaniques sont rarement équipées de pots d’échappement catalytiques. Je ne parle même pas des motos utilisées pour la montée impossible.

Alors qu’il ne se passe pas une journée sans que les médias fassent état d’une conséquence dramatique pour les hommes et l’environnement du réchauffement climatique dû, on en est sûr maintenant, à l’activité humaine, nous continuons à accepter des activités mécaniques de loisir polluantes, de plus dans un lieu ou la nature essaie de reprendre difficilement sa place et où la biodiversité est encore fragile.

Nous savons que si nous voulons simplement stabiliser ce réchauffement climatique, les pays industrialisés doivent globalement diviser leurs émissions de gaz à effet de serre par 4 à 5 d’ici 2050.

Mais la moto dans les espaces naturels c’est également du bruit, de la poussière, des problèmes de sécurité…

De plus cette manifestation continue de donner du Bassin une image de région polluée et pollueuse.


Alors que faire de la forêt de la Vaysse et du Parc Intercommunal dans son ensemble :

La Commuanuté de Commune est engagée dans l’élaboration d’un Agenda 21 qui veut allier économie, social et environnement
Elle va également s’engager dans l’élaboration d’un Plan Climat Local qui veut agir localement sur la réduction des gaz à effet de serre.
Mais elle est également engagée dans le développement de l’activité thermale à Cransac, dans des animations comme les salons Bien-Etre et Eco-Energies. Elle aide également les études pour la réalisation de bâtiments ou lotissements selon la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale). Elle se lance dans l’élaboration d’un Plan Global de Déplacements…

Toutes ces actions, prenant en compte l’avenir du Bassin mais également celui de notre planète, sont en complète contradiction avec la poursuite du soutien de telles manifestations.

Tous les anciens sites miniers regorgent d’une flore exceptionnelle, peuplée d’espèces rares. Charbonnage de France en est d’ailleurs très fier et ne manque pas une occasion de le mentionner notamment dans sa revue CdF Mag.
Les terrils de la région de Loss-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais, mis en valeur par les élus locaux et l’association « La chaîne des Terrils » possèdent 205 espèces dont 5 exceptionnelles, 12 espèces rares et 2 espèces très rares. La faune y est également très présente.
Un réseau de corridors écologiques permet aux animaux de circuler d’un site à l’autre et aux hommes de randonner, à pied ou à vélo ou même à cheval.
La gestion exemplaire de ce territoire fait qu’il espère être retenu au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco dans la catégorie « Paysage culturel évolutif ».


Développer les activités douces de pleine nature :

Il ne s’agit pas de mettre ce territoire sous cloche et d’en faire un sanctuaire.
Les activités douces de pleine nature, associées à la gastronomie locale, au thermalisme, à la remise en forme, à la découverte de notre flore et de notre faune, à nos musées, à notre patrimoine industriel, à notre histoire, à des activités éducatives et pédagogiques peuvent permettrent le développement d’un tourisme « durable », vecteur de développement économique tout au long de l’année.


Développer la randonnée pédestre par des circuits attractifs :

La Rando Verte organisée par le club de randonnée de Cransac l’an passé traversait tout le Parc intercommunal jusqu’au Puy de Wolf et un retour vers Cransac. Elle a connu un énorme succès et toutes les personnes présentes s’accordaient à dire que nous avions là un patrimoine naturel et paysager magnifique qu’il faudrait valoriser.
Il y a en France 15 millions de marcheurs et de randonneurs qui sont friands de circuits et de paysages tels que les nôtres
Au ratio nombre d’habitants / nombre de licenciés, l’Aveyron est le premier département français pour la pratique de la randonnée.

Les retombées économiques réalisées sur une ou deux journées par cette manifestation ne sont rien par rapport à celles que pourraient générer les activités douces de pleine nature tout au long de l’année et l’image du Bassin en sortirait grandie.
Une cohabitation des deux activités n’est ni souhaitable, ni de toute façon possible.


Conclusion :

Promotionner des activités comme la montée impossible me semble un mauvais exemple voire une incitation à avoir des pratiques néfastes pour notre santé et notre environnement

Je connais la passion et l’honnêteté de certains de ses organisateurs, mais il faut qu’ils comprennent que ce genre de manifestation n’a plus de raisons d’exister à notre époque. C’est le souhait de la très grande majorité des citoyens locaux, français et de notre planète en général.

Il faut clairement dire aux organisateurs de la montée impossible que c’est la dernière année où ils pourront accéder au site de la Martinie. Il en va de l’avenir de la Forêt de la Vaysse et de la planète.

Dernière inquiétude, il se murmure (car tout se passe en cachette dans ce domaine) que le plateau de Nauquière où un autre site du Parc intercommunal pourrait accueillir un pôle automobile voué à la conduite tout terrain. Comble du cynisme, il arriverait masqué, sous couvert d’utilisation de biocarburants. Rappelons que le bilan écologique des biocarburants reste encore à prouver (car pour certains il faut encore beaucoup d’énergies fossiles, d’eau, de pesticides et d’engrais pour les fabriquer) et que, utiliser ce carburant, qui restera de toute façon rare, pour des activités de loisirs, est une aberration. De plus les problèmes de bruits, de poussière, d’atteinte à la biodiversité persisteraient.

Avec la subvention de 12 800 euros promise pour la montée impossible, aidont plutôt les élèves du Lycée Polyvalent qui participent au Shell Eco-Marathon (parcourir le plus de km possible avec 1 litre de carburant) ainsi qu’au Défi Solaire de l’Académie de Toulouse (véhicule solaire radiocommandé).

Enfin, j’ai demandé que la Communauté de Commune réalise une étude complète sur la faune et la flore du Parc Intercommunal dans son ensemble. La participation technique et financière des HBCM à cette étude serait, me semble t-il, souhaitable. Il m’a été répondu que seule une étude paysagère serait lancée. Je persiste à demander un inventaire complet floristique et faunistique du Parc Intercommunal. Là aussi la subvention de 12 800 euros aurait été plus utile.


En photo, la montée impossible à Embrun dans les Hautes-Alpes qui se fait avec des vélos et attire 5 000 personnes. Voilà des gens qui ont tout compris.
http://www.montagne-virtuel.com/evenements/monteeimpossible.php



Sur le thème des sports mécaniques, vous pouvez voir les notes précédentes :
- Promenons-nous dans les bois, tant que motos et 4 X 4 n’y sont pas
- Richesse écologique (et économique) de notre territoire
- Motos et quads sur nos chemins

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