Navigabilité du Lot : réunion à Boisse-Penchot du 23 mars 2006 (01/04/2006)

C’est devant une salle d’environ 200 personnes que s’est déroulée hier soir la réunion d’information sur le projet de remise en navigabilité du Lot par le Syndicat Mixte Département, Bassin, Vallée du Lot.

La présentation des possibles retombées économiques de ce projet était surréaliste. Nos voisins Lotois, pourtant enthousiastes au début de sa réalisation, ont vite déchanté. Surtout les loueurs de bateaux.
M. Jacques Baboulène gérant de Babou marine et secrétaire général de l’association départementale des loueurs de bateaux, déclarait à La Dépêche le 21 juin 2001 : « Pour être rentable, la période de location doit durer 21 semaines, or ce scénario ne s’est jamais produit depuis 1992. Du coup, il n’y a plus que 45 bateaux qui naviguent aujourd’hui sur le Lot, de Luzech à Saint-Cirq-Lapopie, contre 75 il y a 10 ans ». Il demande « une indemnisation des loueurs au prorata du nombre de bateaux dès lors que la période navigation est inférieure à 21 semaines ».
Sera-t-on obligé de subventionner les loueurs de bateau, pour qu’ils viennent dans l’Aveyron ?
Le problème de la durée de navigation dans la saison est bien sur très important pour la rentabilité d’un tel projet. Or, pour naviguer, les eaux ne doivent pas excéder plus de 170 m3/seconde pour les bateaux habitables. Le 15 mai 2004, les loueurs de house-boats et de vedettes fluviales n’avaient pas encore débuté la saison pourtant ouverte officiellement le 1er avril car le débit du Lot était trop élevé.
Le problème de l’étiage l’été est important. Les débits d’étiages du Lot sont maintenus artificiellement grâce aux grands barrages EDF, garantissant ainsi la pratique d’activités nautiques, l’irrigation des terres agricoles et les exigences écologiques en matière de qualité des eaux notamment. Cela est réalisable grâce à une convention signée en 1989 entre le Conseil général et EDF qui inclue une indemnisation financière pour EDF. Mais l’approche du renouvellement par l’Etat des concessions de plusieurs barrages dont Sarrans a de quoi inquiéter. Cette mise en concurrence, liée à la libéralisation du marché de l’énergie, pourrait aboutir à l’arrivée d’un ou plusieurs intervenants privés indépendants sur la Truyère (7 barrages). La convention pourrait-elle être reconduite alors ?
Réaliser un projet de 30 millions d’euros sans avoir l'assurance de pouvoir ensuite l’utiliser, c’est un risque énorme.

D’autant plus que M. Baboulène rajoutait dans Dire Lot de mars-avril 2002 : « Avant d’ouvrir davantage, il faudrait voir pourquoi la plus belle rivière à naviguer présente le plus mauvais taux de remplissage de France. Quant à l’Aveyron, ils veulent construire des ports, mais n’y verront jamais de bateaux sinon peut-être des canoës ».

Ce projet est chiffré à 30 millions d’euros, au départ. Qu’en sera-t-il à l’arrivée ?

Quant aux coûts de fonctionnement, si nous avons appris que dans le Lot, trois personnes travaillent à plein temps pour entretenir entre-autre les écluses, nous n’en savons pas plus sur l’entretien annuel obligatoire de la rivière. Combien va coûter le dragage annuel du chenal de navigation ? Qui va payer ? Apparemment, le Syndicat mixte, donc les contribuables aveyronnais.

Pas un mot sur la véloroute Vallée du Lot, chiffrée à 460 000 euros pour tout son cheminement en Aveyron (140 km), soit seulement 1,5 % du budget de 30 millions d’euros que va coûter ce projet de remise en navigabilité.
La construction de cette véloroute aurait dû être une priorité.
La véloroute attirerait autant de touristes que les bateaux avec l’avantage de faire travailler les commerçants locaux, car les cyclos-randonneurs évitent de se surcharger et achètent beaucoup sur leur trajet, notamment pour leur alimentation. Ils doivent loger dans des campings, hotels et gîtes tout le long de leur cheminement. De plus la véloroute a l’avantage de pouvoir être utilisée par la population locale tant pour les promenades familiales que pour les déplacements quotidiens et ce, tout au long de l’année.
Rappelons également que l’Aveyron est un des derniers départements français à ne pas avoir de Schéma départemental de véloroutes et voies vertes.
Pendant ce temps, la véloroute « Cantal/Haute-Auvergne » attend désespérément à Saint-Santin d’être raccordée à la véloroute « Vallée du Lot ».
Nos amis cantaliens ont parfaitement compris l’intérêt de développer ce genre de structure qui connaît un succès grandissant et dont la rentabilité est immédiate grâce à un investissement réduit.

On peut également se demander où en est le projet de passerelle sur le Lot promis par M. le Conseiller Général aux livinhacois en remplacement de la démolition du vieux pont suspendu.

Ne rêvons pas, il y a de grandes chances pour que l’enquête publique conclue à l’utilité publique de ce projet. Madame la Sous-Préfète avait souhaité que « la population dans son ensemble doit se sentir concernée », mais ce projet ne suscitera pas de grand enthousiasme et la population locale est dans sa grande majorité indifférente.

C’est tout simplement un projet d’enfant gâté qui fait passer le futile avant l’utile que l’on nous a présenté ce soir là.
La priorité pour les riverains du Lot est d’abord d’avoir les pieds au sec en période de crues.
La présence de M. Caviale de l’Association des Sinistrés de la Vallée du Lot et de nombreux sinistrés locaux a permis de poser les vrais questions concernant les priorités à donner à l’aménagement de cette rivière.
Espérons que les paroles de M. Tieulié pour essayer de trouver une réponse urgente au problème des crues ne soient pas du vent afin d’apaiser les esprits jusqu’à la fin de l’enquête publique. Ils seront vigilants. Moi également.

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