Danse avec les ours (08/05/2006)
« Cher ours,
Je t’ai connu, j’étais tout petit, sur les boîtes de biscuits Latapie, que ma mère achetait à la boutique « Lacoste » à Aureilhan. Des biscuits fabriqués à Saint-Pé-de-Bigorre et qu’on trempait dans du vin sucré. Maman était modiste et j’usais de ses grands ciseaux pour te découper dans la boîte vide. Je te mettais sous l’oreiller, tu m’accompagnais à l’école et au catéchisme.
Je t’ai retrouvé à Jules-Soulé, sur la pelouse du Stadoceste tarbais, Audouin jouait talonneur et Bréjassou pilier. T’étais sur leur maillot. Tu seras sur celui de Dupuy, de Jean Sillières, de Nono Dargelès et de Dintrans. Dintrans sera talonneur du Quinze tricolore, ses percussions, ses coups de casque, c’est toi. Je revois ta gueule sur l’écusson et la patte prête à griffer. »
Ces mots sont tirés de « Danse avec les ours » (1), magnifique hymne aux Pyrénées que Christian Laborde, amoureux de la poésie de Manciet, avait écrit en 1992 pour protester contre la construction du couloir à camion dans la vallée d’Aspe et pour défendre le combat d’Eric Pétetin.
Pendant que le petit Christian Laborde découpait les images d’ours sur les boîtes de biscuit Latapie, les aïeuls de M. Lacube, de M. Ader et de leurs amis exterminaient les derniers ours des Pyrénées.
Il y avait encore dans les Pyrénées au début du XXème siècle quelques 200 ours, tous ont été exterminés et l’ours brun des Pyrénées a complètement disparu dans les années 80.
« Dans les Pyrénées, les habitants y sont attachés. Les éleveurs sont minoritaires en montagne. On a l'impression que la décision vient d'en haut, mais c'est faux : 64 à 80 % des Pyrénéens sont favorables à l'ours. Pour des raisons écologiques, sentimentales ou culturelles. Mais le malaise socio-économique des zones rurales provoque des réactions violentes : l'ours incarne ce mal-être. Si le pastoralisme va mal, il ne peut intégrer un prédateur. C'est une contrainte que l'on peut pourtant maîtriser : il y a 600 000 ovins dans les Pyrénées, 300 000 en zone à ours et chaque année la mort de 200 à 400 brebis lui est imputée. Mais chaque année, 10 000 à 20 000 brebis ne reviendront pas pour cause de maladies ou d'accidents » (2)
«Je suis le député des ânes et des imbéciles, puisque c'est ainsi que la ministre de l'Environnement qualifie les antiours », lançait le député PS Jean-Louis Idiart, l’autre jour à Luchon.
« Et alors ? Il ne s’agit pas d’être un homme politique d’ici. Il s’agit, ici, d’être un homme politique » répondait déjà en 1992 Christian Laborde.
Site internet de l'ADET - Pays de l'ours d'où est emprunté le dessin de Large : http://www.paysdelours.com
(1) Danse avec les ours, O.P.A. sur les Pyrénées – Christian Laborde – 1992 – Régine Deforges Edition.
(2) Farid Benhammou, géographe et spécialiste des prédateurs dans Libération du 6 mai 2006.
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