Navigabilité amont du Lot : d’abord retrouver une bonne qualité des eaux, appuyer les activités douces et lutter contre les crues (14/06/2006)

medium_VELOROUTE_-_VUE_SUR_LE_LOT.pngNous devions nous prononcer hier soir en Conseil Municipal sur l’enquête publique relative à la remise et mise en navigabilité du Lot de La Madeleine à Saint-Parthem.
Si nous sommes globalement favorables à cette remise en navigabilité, il était impossible de donner un avis favorable au projet présenté par le Syndicat Mixte Département, Bassin, Vallée du Lot, tant il comporte de nombreuses ombres, notamment sur les questions environnementales et financières.

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Quelques extraits de la conclusion du dossier d’enquête publique :

« Les actions d’intégration socio-économiques du programme devront être précisées. Rappelons en effet que les investissements privés devront être du même ordre de grandeur et s’ajouteront aux efforts publics de remise et mise en navigabilité. Ce sont ces investissements qui fondent l’hypothèse d’effets induits qui justifient le programme au plan socio-économique. »

« L’étude a mis en évidence la spécificité du secteur amont, pour lequel les seules retombées économiques de la remise en navigation sont faibles au regard des impacts environnementaux potentiels, et sur lequel une diversification des produits touristiques doit être recherchée. »

On nous annonce déjà que ce projet sera probablement un fiasco économique qui pourrait être amoindri par des éventuels investissements privés. Lorsque l’on sait que dans le département du Lot, les loueurs de bateaux pleurent en permanence des aides pour financer les semaines où ils ne peuvent faire naviguer leurs bateaux, on a une idée des investissements privés possibles.
M. Jacques Baboulène gérant de Babou marine et secrétaire général de l’association départementale des loueurs de bateaux, déclarait à La Dépêche le 21 juin 2001 : « Pour être rentable, la période de location doit durer 21 semaines, or ce scénario ne s’est jamais produit depuis 1992. Du coup, il n’y a plus que 45 bateaux qui naviguent aujourd’hui sur le Lot, de Luzech à Saint-Cirq-Lapopie, contre 75 il y a 10 ans »
Les 48 bateaux habitables du tronçon lotois n’ont pu naviguer que 15,6 semaines en 2004 (chiffres CCI du Lot).
D’autant plus que M. Baboulène rajoutait dans Dire Lot de mars-avril 2002 : « Avant d’ouvrir davantage, il faudrait voir pourquoi la plus belle rivière à naviguer présente le plus mauvais taux de remplissage de France. Quant à l’Aveyron, ils veulent construire des ports, mais n’y verront jamais de bateaux sinon peut-être des canoës ».

La priorité doit être donné dans ce secteur à la reconquête de la qualité des eaux au regard de « l’objectif baignade », comme prévu par le Programme Interrégional d’Aménagement de la Vallée du Lot. Or le projet de remise en navigabilité vampirise toutes les aides financières potentielles. De plus, lorsque l’on sait que la moitié des financements futurs de l’Agence de l’Eau Adour Garonne risque d’aller pour la construction du barrage de Charlas (destiné à favoriser la maïsculture et le refroidissement de la centrale de Golfech), les aides destinées aux collectivités pour remettre à niveau les réseaux d’assainissement et les stations d’épuration ne seront pas à hauteur suffisante pour retrouver une bonne qualité des eaux avant 2015.

Le deuxième axe du Programme Interrégional d’Aménagement de la Vallée du Lot prévoit l’appui aux filières touristiques majeures. Elles sont les grandes oubliées de ces dernières années sur notre secteur. Hormis le canoë et l’aviron, rien n’a été fait. Ces filières doivent être développées en priorité, car elles nécessitent des investissements financiers minimes par rapport à la navigabilité
et sont, contrairement à la navigabilité, la promesse réelle de retombées économiques.
La création de la « véloroute Vallée du Lot » nécessiterait un investissement correspondant à 1,5% du projet de navigabilté (35,7 km) et ce pour toute la traversée de l’Aveyron (140 km). Je vois déjà de nombreux cyclo-touristes emprunter tous les jours ce circuit, mais ils le font dans des conditions dangereuses. Cette infrastructure aurait de plus l’avantage de pouvoir être utilisée par les populations locales et ce, tout au long de l’année.
Les cyclo-touristes sont de plus obligés de se nourrir et se loger sur place car ils se chargent le moins possible.
L’exemple des retombées pour les commerces locaux du GR 65 (Chemin de Saint-Jacques de Compostelle) sont intéressantes au regard des investissements publics et devrait nous ouvrir les yeux. C’est ce genre de tourisme doux qu’il faut développer avec le cyclisme, la randonnée pédestre et équestre, la pêche, la baignade (une fois retrouvée des eux propres)

Enfin, la recherche de solutions afin d’atténuer les effets des crues pour les personnes et les biens doit être rapidement engagée. Si l’on arrête pas les crues avec des paroles, il est possible de les modérer.
On sait pertinemment que les prochaines crues seront plus soudaines, plus violentes et plus fréquentes du fait de l’artificialisation galopante des sols (tant en zones rurales qu’en zones urbaines) et du changement climatique (voir les études de l’ONERC –Observatoire national des Effets du Réchauffement Climatique et celles de EEA (l’Agence Européenne de l’Environnement)

La mise en place d’un programme d’action de prévention des inondations (PAPI) rassemblant l’Etat et les collectivités territoriales autour d’initiatives communes intégrées dans des programmes d’ensemble cohérents et destinés à réduire les conséquences des inondations me semble souhaitable sur le bassin versant du Lot.
Ces programmes contiennent principalement des actions de régulation du débit en amont grâce à la création ou à la restauration des champs d’expansion de crues, d’aménagements hydrauliques, de protection des lieux habités, de réduction de la vulnérabilité des constructions établies en zones inondables, voire de rachat des maisons fortement exposées.


Voici le texte de la délibération votée hier soir à la majorité :

Le Conseil Municipal est invité à :

Affirmer qu’il est favorable à la remise en navigabilité de la rivière Lot sous réserve que les nombreuses incertitudes juridiques, environnementales et financières existantes soient levées.

Confirmer la priorité de l’aménagement de la Vallée du Lot vers les deux autres points prévus dans le Programme Interrégional de la Vallée du Lot :

1) La préservation de l’environnement et l’amélioration de la qualité des eaux
o Lot Rivière Claire : « objectif baignade »
o Mise à niveau des assainissements

2) L’appui aux filières touristiques majeures : randonnée pédestre, cyclable et équestre, la pêche, la baignade, le tourisme de remise en forme et culturel

Rechercher des solutions afin d’atténuer les effets des crues pour les personnes et les biens

Cet ensemble d’opérations doit contribuer efficacement à la protection et au développement durable du territoire concerné.

S’interroger sur la validité du projet proposé s’élevant à plus de 35 M€ sans aucune étude de marché sérieuse garantissant sa viabilité alors qu’en 2005 on annonçait un coût de 20 M€
Demander en conséquence une étude financière et commerciale concernant les différents tronçons, dont la faisabilité et la rentabilité sont très inégales, qui permettra de fixer les primarisations

Donner un avis totalement défavorable au projet de remise en navigabilité et en mise en navigabilité du Lot tel que présenté dans l’enquête publique et notamment au vu de ses conclusions totalement négatives

S’opposer à la remise en navigabilité du Lot en amont de Livinhac – Bouquiès pour des raisons environnementales et financières dans le cas ou ce dossier recevrait tout de même un avis favorable.

Respecter la cohérence de la remise en navigabilité possible en exécutant les travaux dans une continuité recommandée. Les premiers travaux à réaliser dans l’Aveyron devant être assurés en priorité à partir de La Madeleine.

Vous pouvez retrouver toutes les notes relatives à ce dossier sur ce blog dans les catégories "Vallée du Lot" et "Véloroutes et voies vertes"

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