Énergies renouvelables : du national au local (19/06/2006)

medium_DEBARDAGE_CHEVAL.pngJ’étais jeudi et vendredi dernier à Paris au salon des Énergies Renouvelables. Je n’ai pas assisté le jeudi à la grand-messe officielle, le coût en étant prohibitif (120 euros). Mais les articles de presse du lendemain relatant ce colloque rapportaient quelques bonnes nouvelles notamment dans le prix de rachat par EDF de certaines productions d’électricité (éolien marin à 13 centimes d’euros, méthanisation des déchets à 14 centimes d’euros). En mai dernier, les tarifs de rachat du photovoltaïque avaient déjà vu une augmentation bénéfique à son développement.

La loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique (loi POPE), adoptée en juillet 2005, a fixé des objectifs ambitieux : augmenter d'ici à 2010 de 50 % la part de la chaleur renouvelable, améliorer la performance énergétique des bâtiments neufs d'au moins 15 % (RT 2005 dont le décret est paru au JO le 24 mai dernier), baisser de 40 % la consommation énergétique des immeubles en 2020 et limiter le recours à la climatisation.
L'adoption du plan Face Sud prévoit l'installation annuelle d'un million de m2 de panneaux solaires thermiques et 50 000 toits solaires à partir de 2010.
En ce qui concerne le solaire photovoltaïque, le gouvernement avait annoncé le 16 mai un doublement des tarifs de 15 à 30 centimes d'euros le kilowattheure et jusqu'à 55 centimes si les panneaux solaires sont intégrés au bâtiment.
Mais toutes ces mesures suffiront-elles pour atteindre les objectifs de la directive européenne fixant à 21 % la part d'électricité renouvelable en France en 2010 alors que cette part baisse d’année en année (pratiquement 12 % en 2005 contre 16 % il y a cinq ans) ? Je ne le pense pas, tant le retard accumulé ces dernières années est grand par rapport à nos voisins allemands par exemple, qui produisent 40 fois plus d’électricité par des éoliennes et de capteurs photovoltaïques que nous, tout en développant des techniques d’économies d’énergies, de bâtiments à énergie positive…
J’ai assisté à la conférence organisée par le CLER (Comité de Liaison des Énergies Renouvelables) sur « quelles offres d’électricité verte en France et en Europe ? ».
Il faut savoir que les particuliers auront la possibilité de choisir leur fournisseur d’électricité à partir du 1er juillet 2007. Il existera alors en France un tarif régulé (EDF) et un tarif libre pour tous les autres fournisseurs. Les entreprises qui avaient choisi de quitter EDF il y a deux ans ont vu leurs coûts d’électricité augmenter d’environ 60 % environ. Qu’en sera-t-il pour les particuliers, sachant qu’une fois quitté EDF, il ne pourront plus bénéficier du tarif régulé s’il veulent revenir à EDF ?
Mais rester avec EDF (ou choisir d’autres fournisseurs possédant des centrales nucléaires), c’est soutenir la production d’électricité d’origine nucléaire.
C’est pourquoi le CLER travaille avec d’autres pays européen à la création d’un label (EUGEN) pour des fournisseurs d’électricité d’origine renouvelable.
Enercoop est de ceux-là (http://www.enercoop.fr). Patrick Behm, son directeur, est venu nous expliquer sa démarche.
Enercoop a choisi le statut de SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) car le but est avant tout de fédérer un mouvement de producteurs et consommateurs responsables. Enercoop est parrainé par de nombreuses associations : Greenpeace, les Amis de la Terre, la Nef, le réseau Biocoop, Garrigue, la Compagnie du Vent, le CLER…
Pour constituer son mix énergétique, Enercoop propose aux producteurs, petite hydraulique, éolien, biomasse, biogaz et solaire photovoltaïque l'achat de leur production.
Enercoop ne bénéficiera pas de la CSPE (Contribution au Service Public de l’Energie) payé par tous les abonnés d’EDF (3%) afin d’aider au rachat de l’électricité d’origine renouvelable). Mais les futurs abonnés d’Enercoop continueront malheureusement à financer par leurs impôts toutes les aides directes et indirectes données au nucléaire (recherche, CEA… ou en Midi-Pyrénées, la construction du barrage de Charlas pour refroidir la centrale de Golfech)
Si les tarifs de vente d’Enercoop seront supérieurs au tarif régulé (et subventionné), le statut de ce fournisseur d’énergie nous garantira par contre d’avoir une énergie produite d’une manière éthique et à partir uniquement de ressources renouvelables.
Je suis bien favorable à un Service Public de l’Energie démocratique, multi-énergies (hors nucléaire) et décentralisé. Mais aucune de ces trois valeurs ne sont remplies par EDF, et ce ne semble pas les buts recherchés par les gouvernants actuels de notre pays, notamment avec la relance annoncée avant le débat public de cette énergie mortifère qu’est le nucléaire alors que la majorité des français y est opposée,
Mais il faut d’abord passer, comme l’a rappelé Patrick Behm, de l’ébriété énergétique à la sobriété énergétique.

Dimanche 18 juin, retour aux travaux pratiques. Je me suis rendu à Latouille-Lentillac, petit village du Lot où se déroulait le matin l’assemblée générale de l’association Quercy Énergies.
Le lieu de cette assemblée générale n’était pas anodin car ce village organisait ce même jour une manifestation appelée « Au fil du bois » destinée à sensibiliser les visiteurs sur cette fragile et magnifique ressource que représente la forêt. De l’exploitation durable de la forêt à des fins d’habitat ou d’énergie, à la fabrication d’objets de toutes sortes, tout cela nous était montré sur un parcours ombragé le long d’un ruisseau où la poésie, l’art et la convivialité n’avaient pas été oubliés.
Débardage à l’aide de chevaux, scieries mobiles, présentation de chaudières et de poêles bois à partir de bûches, copeaux et granulés, les visiteurs ont pu réellement se rendre compte de toutes les possibilités de développement local qu’offre la forêt notamment dans le domaine énergétique.
Voir le petit album photos sur ce blog.

Concernant la production locale d’énergie, le SIEDA (Syndicat Intercommunal d’Energies du Département de l’Aveyron) proposera aux membres de son Assemblée Générale le 27 juin prochain, d’accepter la proposition de SIIF Energies France (filiale d’EDF) de diversifier ses activités par l’acquisition et l’exploitation d’une partie des éoliennes de Salles Curan (3 machines sur les 30 prévues).

Enfin le salon Eco-Energies Midi-Pyrénées se déroulera les 20, 21 et 22 octobre 2006 à Decazeville, le 20 octobre étant réservé aux professionnels de l’énergie. Le site internet – www.salonecoenergies.com - est déjà à la disposition d’exposants potentiels. Vous pouvez également y retrouver les actes et des photos de la précédente édition de 2004.

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