Pollution lumineuse, gaspillage énergétique et nucléaire (05/08/2006)

medium_ECLAIRAGE_NOCTURNE.pngCette note aborde plusieurs problèmes liés à l’énergie.
La « Nuit des étoiles » est l’occasion de rappeler l’énorme gaspillage énergétique dans nos villes et même dans certaines de nos communes rurales, et la pollution lumineuse que cela engendre.
Je reviendrai ensuite sur un article paru dans « La Dépêche du Midi » consacré à un « enfant du pays » travaillant au CEA.
Après un petit avis sur les déboires d’habitants de logements HLM de Mulhouse, je terminerai sur la politique nouvelle d’EDF envers les foyers ayant des difficultés pour régler leurs factures d’électricité.

L’éclairage public, installé il y a des années sans réelle étude énergétique et sans avoir un quelconque souci d’économie d’énergie est une des premières dépenses des coûts de fonctionnement des collectivités.
L’éclairage public représente environ 25 % des coûts énergétiques. Un audit énergétique des points d’éclairage et des coffrets permet de connaître exactement les points faibles en termes d’ambiance lumineuse, de qualité d’éclairage et de consommation. Un réseau vieillissant et mal entretenu peut consommer jusqu’à 50 % de plus. La performance des luminaires, le choix des lampes (préférer les lampes à sodium haute-pression, à iodure métallique, à induction ou fluocompactes que des lampes à vapeur de mercure), les systèmes de commande d’allumage et d’extinction des luminaires performants couplés à des systèmes de variation du flux lumineux permettent de maîtriser les consommations d’électricité d’éclairage public.

L’éclairage nocturne de monuments, bâtiments, etc… peut également être évité. Dans ce domaine, la palme du gaspillage revient dans l’Aveyron à Millau qui n’hésite pas à éclairer des falaises et maintenant un viaduc. Rodez n’est pas loin derrière avec l’éclairage de la cathédrale et du viaduc de Bourran. Quelques édiles de nos villages aveyronnais n’hésitent pas non plus à gaspiller leur peu de recette fiscale dans des éclairages prétentieux, poussé en cela par des aides à l’investissement du SIEDA (Syndicat Intercommunal d’Energie du Département de l’Aveyron). Lorsque ce ne sont pas les Syndicats d’Energies, c’est EDF qui aide directement les collectivités. Mais les coûts de fonctionnement restent à la charge de la collectivité et représentent des sommes non négligeables.
La beauté de nos monuments illuminés gratuitement par les premiers rayons du soleil levant vaut cent fois tous les éclairages artificiels sophistiqués.

L’Association Nationale pour la Protection du Ciel Nocturne constate une pollution lumineuse du ciel de plus en plus importante.
Lorsque de la lumière est émise vers le ciel, elle masque les étoiles tout en ne contribuant ni au confort, ni à la sécurité des personnes. C’est inutile et cela coûte cher !
De nos jours, il est impossible de contempler la Voie lactée à proximité des villes et dans les villages, à cause des éclairages mal conçus. De nombreuses espèces nocturnes (papillons de nuit, oiseaux, lucioles etc...) sont également perturbées, piégées ou repoussées par les halos de lumière. La lumière est la deuxième cause d’extinction des insectes après les pesticides. Les clubs d’astronomie de la l’Aveyron regrettent cet état de fait et constatent que nous sommes en train de perdre le ciel de notre enfance et notre connaissance de ce ciel.
Le vice-président du club 4A à Rodez, exprimait dans la presse les inquiétudes de nombreux astronomes : « En 2025, les prévisions indiquent qu'il y aura très peu de lieux en France où on pourra voir la Voie lactée. On aura un ciel de ville partout si on ne fait rien. »


Puisque nous en sommes sur le sujet du gaspillage énergétique, un petit mot sur un article de La Dépêche du Midi consacré à un natif du Bassin travaillant au CEA. (Voir l’article sur : http://www.ladepeche.com/aff_art.asp?ref=200608041635)
On peut saluer la réussite de cet ancien habitant du Bassin qui après des études au Lycée Polyvalent de Decazeville, deux ans de Prépa à Toulouse, puis l’Ecole nationale supérieure de physique de Grenoble, est entré au CEA à Saclay.
Mais son « regard éclairé » sur le sujet de l’énergie me semble très critiquable. Apparemment, il a bien appris la leçon. Dire par exemple que « 80% de notre énergie est nucléaire » est complètement faux. 80% représentent la part du nucléaire dans la production d ‘électricité seulement. Mais l’électricité ne représente que 22,4% de notre consommation finale d’énergie, donc, le nucléaire ne représente que 17,9% de notre consommation d’énergie finale (chiffres DGEMP 2005). La majeure partie de notre consommation finale d’énergie est du pétrole (45,4%) et du gaz (21,8%).
Le journaliste qui a réalisé cet article aurait dû faire son travail de journaliste, c’est à dire vérifier les chiffres et les corriger.
Dans cet article, notre jeune chercheur nous dit que « l’énergie nucléaire est la moins chère ». C’est encore un des dogmes des tenants du nucléaire et c’est bien sûr un mensonge de plus.
Dans le cas de la France, la recherche sur le nucléaire bénéficie de subventions importantes de l’Etat et ce, depuis des dizaines années. Le CEA, où travaille notre jeune chercheur, en est un des premiers bénéficiaires. La recherche sur le nucléaire vampirise plus de 90% des crédits de recherche sur l’énergie, laissant des miettes à la recherche sur les énergies renouvelables et nouvelles.
Certains coûts du nucléaire ont également été remis à plus tard (démantèlement, déchets…) et les provisions pour ces actions sont dérisoires ou ont été utilisées par EDF au rachat d’entreprises à l’étranger.
Mais il y a également de nombreux coûts indirects, passés ou futurs financés par d’autres voies, tel le futur barrage de Charlas qui servira entre autre à refroidir l’été les deux groupes nucléaires existants à Golfech et éventuellement aux deux autres futurs groupes que certains voudraient voir installer. Ce barrage, s’il est construit, sera financé en grande partie par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, c’est à dire par tous les foyers du Bassin Adour-Garonne et son coût ne rentrera pas dans la facture d’électricité.

Quant à dire que l’énergie nucléaire est la « moins polluante au niveau des gaz à effet de serre », nous sommes encore dans un des dogmes de la religion nucléaire.
Le niveau d’émission du nucléaire n’est pas négligeable. Ceci s’applique tout d’abord si l’on prend en compte l’ensemble du cycle nucléaire et de la construction. Prise dans tout son cycle de vie, une centrale nucléaire représente ainsi environ 20% de la centrale au gaz récente, ce qui est certes peu. Mais il faut aussi remarquer que le nucléaire, dont le fonctionnement est particulièrement rigide, doit être complété sur le réseau électrique par des centrales thermiques en période de pointe, par exemple en France par des centrales au charbon ou au fioul, très émettrices de gaz à effet de serre. Le parc français bénéficie aussi des ressources thermiques des voisins à l’importation lors de la pointe d’hiver.

Conseillons à notre jeune chercheur de poursuivre ses études dans ce secteur, si tel est son désir et semble-t-il sa passion, mais invitons-le à faire en sorte que cette passion ne l’emporte pas sur la raison, la sécurité et le souhait des citoyens en matière énergétique.
Tout comme pour les OGM, les citoyens doivent avoir le dernier mot, et malgré la désinformation et la propagande journalière (même dans la presse quotidienne régionale), ils sont défavorables dans leur grande majorité à la poursuite de ces technologies en l’état.
Mais les chercheurs entendent-ils encore les citoyens ?
Les élus eux, doivent par contre les entendre.


Toujours dans la catégorie « gaspillage énergétique », saluant l’exploit de la Société Mulhousienne des Cité Ouvrières qui à grand renfort de communication avait fait réaliser un ensemble HLM « innovant » par cinq architectes de renom. Cette « Cité Manifeste » avait été inauguré en grande pompe par Jean-Louis Borloo en 2005. Un lot de 10 logements de cette réalisation, réalisé par l’architecte Jean Nouvel, à qui l’on doit entre-autre l’Institut du Monde Arabe et le Musée du Quai Branly, s’est avéré à l’usage un gouffre énergétique. En effet, non seulement les températures plafonnaient à 17°C maximum l’hiver, mais de plus, les locataires ont une facture d’électricité représentant environ 250 euros mensuellement.
Le concept des logements de la « Cité Manifeste » repose sur l’horizontalité et l’ouverture. « On voulait obliger les gens à se parler et à se rencontrer », explique le directeur de la Somco ». Apparemment, c’est réussi, puisqu’ils sont unanimes pour réclamer des dispositions immédiates dont le changement des convecteurs électriques, voire du mode de chauffage.
Alors que l’on sait qu’il représente le mode de chauffage le plus cher, le plus malsain et un des plus anti-écologique, voir encore du chauffage électrique pour chauffer des logements HLM est un non sens. L’électricité est une énergie magnifique, mais ses applications thermiques sont catastrophiques. Tous les pays européens l’ont compris, certains même l’interdisent, sauf en France, patrie de la dictature nucléaire.
Dans ce dossier, on a privilégié l’esbroufe au fonctionnel. Dans d’autres, on préfère faire des économies à l’investissement au détriment des frais de fonctionnement qu’auront à subir les locataires.
Alors que la règle devrait être : construisons des logements de qualité, bien isolés, bien ventilés, économes en énergies et en eau pour diminuer les charges des locataires. Quitte à augmenter légèrement les loyers, les locataires pouvant en général bénéficier d’aides. Globalement, les locataires sont gagnants.

Concernant les factures impayées d’électricité, EDF a décidé de mettre le paquet. Sous couvert de protection des usagers (ou des clients ?) en grande difficulté, l’entreprise menace d’avertir le président du Conseil Général et le Maire de la commune au premier retard de paiement même minime (ex : 27 euro – voir Libération du 25 juillet).
EDF invite les usagers à se tourner vers les services sociaux pour déposer un dossier auprès du fonds de solidarité pour le logement et ainsi éviter une coupure totale du service.
Rappelons, qu’EDF participe d’une façon minime à ce fonds de solidarité logement, mais en bénéficie de la majeure partie, la grande majorité des factures impayées d’énergies sont bien sûr des factures d’électricité émanant en général de personnes se chauffant à l’électricité.
Depuis quelques jours, de nombreux cas de coupures d’électricité ont été constatées et les mairies sont inondées de courriers d’EDF.
La libéralisation de l’énergie est en marche.
A quand un service public de l’énergie, multiénergies, décentralisé et démocratisé ?

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