« Qui fait la danse des pluies torrentielles ? » (09/06/2007)

Le groupe nordiste « Marcel et son Orchestre » dans sa magnifique chanson « On ne fait pas de planète sans casser du CO2 » donne une partie de la réponse. Oui, ces épisodes météorologiques qui se déroulent actuellement sur des lieux très localisés en France, mais également partout dans le monde, sont sûrement dus au dérèglement climatique de notre planète.


Marcel Et Son Orchestre - CO2
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Mais les dégâts occasionnés par ces pluies torrentielles seraient moins importants si les hommes, par leur orgueil, leur vanité à vouloir tout domestiquer, n’avaient essayé de canaliser, de buser, de recouvrir des ruisseaux qui avaient, il y a encore quelques dizaines d’années, la place de s’étaler en cas de fortes pluies. Le lit majeur des cours d’eau comporte de plus maintenant de nombreuses constructions autorisées au fil du temps.
Mais l’homme est encore responsable par la capacité qu’il a eu d’artificialiser les sols, tant en zones rurales, qu’urbaines.
La nature du sol et sa couverture sont des facteurs d’accélération du ruissellement et de la concentration rapide de flux d’eau importants conditionnant ainsi la formation de coulées de boues et de crues.
Nous voyons que, depuis quelques dizaines d’années, le paysage rural et les modes culturales ont changés. Les causes sont nombreuses : remembrements, drainages de bas-fonds humides, agriculture intensive, érosion des sols, disparition des haies et talus, parcelles dans le sens de la pente, sols nus en hiver, compactage des sols...
Il en est de même dans les villes et villages longeant nos rivières. L’artificialisation des sols y est galopante : extension de l’urbanisation, multiplication de surfaces imperméables (chaussées, parkings, zones d’activités…).
La multiplication de construction d’infrastructures routières (sans déconstruire les anciennes) est également une cause importante de cette artificialisation des sols.

J’avais eu l’occasion de développer ces thèmes dans différentes notes sur les inondations de 2003 dans la vallée du Lot. Un article récent de La Dépêche du Midi sur les récentes inondations en Aveyron donne la parole à Jean Couderc, président de la Fédération départementale de pêche et à Pierre-Marie Blanquet, ancien président de la commission environnement au Conseil Général de l’Aveyron.
Leurs analyses rejoignent les miennes.


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ENVIRONNEMENT. LES PRATIQUES AGRICOLES ET L'URBANISATION DOPENT LES PHÉNOMÈNES CLIMATIQUES.
L'homme, goutte d'eau qui fait déborder le vase

medium_cassagnes-ladépeche.pngEn quelques petites années l'on vient de vivre des phénomènes climatiques d'une grande amplitude, en particulier la sévère canicule de 2003 suivie des inondations catastrophiques à la fin de la même année, l'incroyable épisode neigeux de janvier 2006, le tout entrelardé de quelques sécheresses estivales et hivernales. N'est-il pas un peu court de crier à la fatalité à propos de cette série d'événements dont la terrible tempête de décembre 1999 a comme frappé les trois coups, série que viennent compléter, certes modestement, les débordements survenus dans la nuit de mardi à mercredi (lire par ailleurs) ?
Pour Jean Couderc, président de la fédération départementale de pêche, il est trop facile de considérer que ces phénomènes extrêmes sont à mettre au débit d'une nature qui aurait perdu la raison. Pour lui, « l'amplitude des phénomènes et leur accélération sont favorisées par l'activité humaine ».

L'activité humaine, dans un département mieux préservé que d'autres, n'est pas innocente. De très nombreux observateurs savent qu'un cercle vicieux s'est instauré que l'on peut définir comme suit : l'eau qui tombe du ciel file aussi sec au ruisseau et à la rivière. Les cours d'eau montent aussi vite qu'ils descendent et les sols et les nappes phréatiques n'ont pas le temps d'engranger des bénéfices avec cette eau de moins en moins retenue.

Quelles sont les causes de ce phénomène qui accentue les épisodes de sécheresse et d'inondation ? Ce sont les drainages et la canalisation croissante des eaux, entreprises qui ruinent les zones humides, en particulier sur l'Aubrac et dans le Lévézou, dont le rôle d'éponge, absorption et restitution à la clef, va s'amenuisant. Ce sont les arrachages de haies à la faveur ou pas des remembrements. C'est le compactage des sols avec le surpâturage lié à l'importance du cheptel mais aussi par l'utilisation d'engins agricoles de plus en plus puissants et lourds. C'est l'érosion des sols à laquelle les coupes claires dans les forêts et les bois contribuent puissamment. C'est l'urbanisation qui imperméabilise les sols, étanchéisation qui repousse les eaux lesquelles ravinent les sols…

L'ARROSEUR ARROSÉ

Pierre-Marie Blanquet, ancien président de la commission environnement du conseil général, souligne le « pouvoir de modification considérable » de l'homme d'aujourd'hui. Un pouvoir assis sur les progrès techniques, mécanisation spectaculaire qui invite à bouleverser des paysages autrefois aménagés « à la main ». Pour l'élu, les excès d'un côté entraînent des excès de l'autre et donc les interventions humaines, parfois outrancières, ont pour pendant « le caractère paroxystique » des événements climatiques. L'arroseur arrosé - « on paie la facture », préfère Jean Couderc - n'aura d'autre choix que de « refaire la nature », prédit Pierre-Marie Blanquet en faisant l'éloge du « fossé enherbé » qu'il préfère au modèle « bétonné », en louant l'utilisation croissante de citernes et en prônant « un retour aux principes agronomiques et aux productions labellisées », ne serait-ce que parce que d'autres savent, mieux que les agriculteurs d'ici, maîtriser les productions hors sol. Toutes ces questions, Jean Couderc veut « les mettre sur la table des débats ». Le temps semble venu.

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