Créneau de dépassement de la Côte d’Hymes : un petit projet inutile imposé de plus (25/11/2014)
Il y a les grands projets inutiles imposés (GPII) qui se bâtissent à la grenade comme à Sivens, et puis il y a tous ces petits projets inutiles imposés portés notamment par les Départements et/ou les Régions. Ils servent en général la même logique et le même dogme que leurs grands frères, celui du libéralisme. Comme pour leurs grands frères, ils impactent fortement l’environnement, l’argent public coule à flots et droite et gauche socialo-radicale sont main dans la main pour les porter et pour couper les rubans d’inauguration.
Le créneau de dépassement de la Côte d’Hymes est un de ceux là.
Pour nos chers élus, la création de ce créneau de dépassement va améliorer la liaison entre l’A20 et l’A75 et désenclaver l’Aveyron. Mais qui a réellement besoin de cette liaison : les Aveyronnais ? Les habitants du Bassin ? Non, vous n ‘y êtes pas. Ceux qui ont surtout besoin de cette liaison, ce sont les entreprises européennes qui veulent faire voyager leurs produits à travers la France et l’Europe sans payer le moindre péage. On l’a vu avec l’écotaxe où Ségolène Royal a malheureusement cédé sous la pression des lobbies ultralibéraux de toute sorte : transporteurs routiers, entreprises, agrobusiness...
Ce que vont gagner les habitants du Bassin dans ces travaux, c’est seulement l’assurance que de plus en plus de camions en transit vont traverser leur territoire avec les risques d’accidents supplémentaires, de pollutions, de bruit et d’encombrements, sans en tirer le moindre avantage. Les quelques dizaines de secondes gagnées par ce créneau de dépassement seront rapidement anéanties par le passage sur cet axe de camions qui seront de plus en plus nombreux et de plus en plus gros.
Et même si on allait plus vite entre Rodez et le Bassin, à qui profiterait ce pseudo avantage ? Au Bassin ou à Rodez ? J’ai bien peur que Rodez vampirise un peu plus les habitants et les activités du Bassin.
C’est la même problématique pour la RN 88. La baisse du temps de trajet routier de Rodez à Toulouse risque surtout de profiter à la métropole toulousaine.
Pour le géographe Robert Marconis, professeur émérite des universités en géographie, spécialiste des transports en commun et de l’aménagement urbain, « Il n’y a aucun lien de cause à effet entre l’arrivée d’une infrastructure à grande vitesse facilitant les déplacements et le développement économique… On espère pouvoir conquérir des marchés extérieurs mais on oublie que le désenclavement fonctionne aussi en sens inverse et bénéficie à des intérêts extérieurs »
En inaugurant ce créneau de dépassement à Hymes, on aura donc une fois de plus servi un des premiers dogmes du libéralisme qui veut que les flux de marchandises et d’argent prévalent sur toute considération sociale, environnementale ou financière.
Et c’est bien de cela que se félicitait la belle brochette d’élus de droite et de “ gauche “ présente pour l’inauguration.
Tant pis pour le dépassement de budget de 2 millions d’euros (+ 33%). De 6 millions au départ, on est à 8 millions à l’arrivée, soit à peu de chose près le coût du barrage de Sivens. Mais ce n’est pas grave, c’est de l’argent des contribuables. Et ce n’est bien sûr jamais de leur faute ; si il y a un surcoût c’est toujours la faute aux autres.
Tant pis pour l’artificialisation de bonnes terres agricoles sans que la FDSEA et les JA ne trouvent d’ailleurs rien à redire.
Tant pis pour les dommages environnementaux causés par ces travaux et ses conséquences pour l’avenir, car cette zone faisait fonction d’éponge (P 72 du rapport Opéra) pour éviter les forts écoulements d’eau sur la plaine firminoise.
Tant pis pour les deux agriculteurs spoliés et méprisés par les élus porteurs de ce projet.
Je l’ai dit et je le redit : ce créneau de dépassement, si tant est qu’il en fallait un, était possible sur l’ancienne route à moindre frais. Trois ou quatre fois moins cher. Mais la folie des grandeurs du conseil général, associé à un projet destructeur d’aménagement d’une zone d’activité sur ce secteur (et p 72 du rapport Opéra) a conduit à un gaspillage d’argent public et à un massacre environnemental.
Avec ces 8 millions d’euros investis autrement dans notre département, combien d’associations, combien de petites entreprises méritantes notamment du secteur de l’économie sociale et solidaire aurions-nous pu aider ? Combien de petits projets utiles portés par les communes, de projets pour la protection de la biodiversité ou de l’eau, de projets pour l’installation de jeunes voulant développer une agriculture paysanne et respectueuse de l’environnement aurions-nous pu soutenir ? Combien de petits spectacles aurions-nous pu aider à la création ? Combien de ligne de bus aurions-nous pu créer ou soutenir ?
Voilà un bon sujet à porter lors des débats pour les prochaines élections départementales et régionales : en cette période de chômage, de restrictions budgétaires et de forts risques environnementaux, faut-il poursuivre la politique des projets inutiles et ruineux imposés par des lobbies comme ceux de Sivens ou du créneau de dépassement de la Côte d’Hymes ou bien conduire une politique qui profite avant tout aux habitants, à l’environnement et à l’activité économique locale ?
08:29 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rd 840, decazeville, firmi, routes, camions | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Il faut se battre jusquau bout contre ce projet. Il ne faut rien lacher.
Si on laisse se parachever ce genre de desastre, comme sur le plateau rignacois, le bassin deviendra un desert a mesure que la crise atteindra logiquement le sud ouest.
Si les gens viennent sinstaller dans la region, ca n'est pas pour retrouver la banlieue. Ils font un sacrifice pour beneficier dun cadre de vie de qualite.
Le cadre de vie est l'atout de cette region, si il disparait, les gens deguerpiront ailleurs et on se retrouver avec des centaines de maison a vendre.
J'ai le projet de m'installer dans ma maison familial, mais si l'aveyron ressmble a ce que jai fui, je vendrait tout pour partir ailleurs.
Beaucoups dhabitants en on marre de la bagnole, y compris parmis les automobilistes: prtout la vitesse augmente, les routes selargissent et les centre des bourgades se vident au profit des pavillons que demain leurs habitants vendront a cause du trafic automobile.
Écrit par : kervennic | 12/12/2014