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03/11/2008

New Green Deal

europe-ecologie.jpgCa y est ! Les écologistes ont décidé de se réunir autour d'un manifeste et de listes pour les élections européennes de 2009 au sein d'"Europe Ecologie".
Les dernières journées d’été des Verts à Toulouse avaient vu les retrouvailles des Verts avec José Bové, avec les amis de Nicolas Hulot ainsi qu’avec Régions et Peuples Solidaires. Depuis, ce manifeste a reçu l’accord de nombreuses personnes venant du milieu associatif environnemental.

La principale question posée, surtout avec la période difficile que nous sommes en train de vivre, est de savoir si le devenir de notre planète et des générations futures est compatible avec cette société ultralibérale que s’obstinent à vouloir sauver à coups de centaines de milliards Nicolas Sarkozy et les principaux responsables mondiaux.
Faut-il donner tous les moyens financiers à la poursuite de ce système économique dont nous voyons chaque jour un peu plus qu’il nous amène vers le néant ? Le dogme de la « croissance » infini du PIB, censé arroser toutes les couches de nos sociétés est-il souhaitable, réaliste et compatible avec les limites physiques de notre planète ?
Une croissance « verte » comme proposent le tenants de cette société ultralibérale est-elle possible ou bien faut-il changer carrément de système économique ?

A toutes ces questions, Jean-Paul Besset, proche de Nicolas Hulot et membre du comité de pilotage d'"Europe Ecologie", vient de répondre clairement dans un courrier à Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat à l'écologie et secrétaire nationale de l'UMP :

j-p-besset.jpgLettre à NKM

Le 27 oct. 2008 à 11:46 par Jean-Paul Besset

Chère Nathalie Kosciusko-Morizet, 



Après votre tribune parue dans Le Monde du 24 octobre, on serait tenté de vous dire : "Bienvenue au club, Madame la secrétaire d'Etat !"
Dans une belle envolée, n'appelez-vous pas à "changer les horloges" puisque, dites-vous, "nous avons changé de monde" ? Vos mots clés sont les nôtres: "équilibres naturels", "vrais besoins", "justice sociale", "régulation"... Vos rejets rejoignent nos refus : "surproduction", "surconsommation", "gains excessifs", "éphémère", "gagner", "amasser"... "Il faut voir loin" concluez-vous pour appeler à la révolution écologique. Permettez-nous d'y regarder d'abord d'un peu plus près.
Comment parvenir au lointain désiré dont nous partageons semble-t-il les valeurs ? Comment faire, par quelles voies ? Car c'est bien ce qui compte. Sauf à tracer un chemin accessible, les horizons radieux resteront dans la brume. Vous affichez, Madame, les résultats du Grenelle de l'environnement comme démarche probante. Nous ne vous chercherons pas querelle d'apothicaire là dessus. Ce Grenelle, dont vous avez été un acteur actif et convaincu, constitue sans doute le meilleur compromis possible au regard du rapport de force actuel dans la société, un morceau du chemin.

Mais pour aller où ? Pour "additionner écologie et économie" répondez-vous, espérant ainsi embarquer l'humanité sur les ailes de la "croissance verte". Patatras ! Nous voici revenus au point de départ. En reconvoquant "l'économie" sans nous dire de laquelle il s'agit, sans préciser en quoi celle-ci aura dû faire une reconversion copernicienne et en rabattre dans sa prétention à dominer l'humain et la nature, vous reprenez de facto la même : la productiviste, la polluante, l'inégalitaire, la précarisante. Vous réintroduisez en majesté la mécanique - car ce n'est qu'une mécanique - responsable du désastre. Lui ajouter un partenaire "raisonnable" - l'écologie - n'y change rien, sinon aux marges. D'autres, dans l'histoire, l'ont essayé avec le social et l'immense foule des exploités en paye toujours le prix. Si on n'en conteste pas la prééminence, l'économie continuera de tout ordonner autour de son axe, par essence insensible aux hommes et à la nature.
A preuve : vous fixez toujours, Madame, l'augmentation de la croissance - fut elle mâtinée de vert - comme objectif central. C'est toujours cette abstraction comptable qui vous obsède alors qu'on sait aujourd'hui qu'elle débouche sur... la récession.
Comment alors, dans cet esprit, l'écologie et son projet de civilisation deviendraient-ils autre chose qu'une pelletée de charbon d'appoint pour la locomotive, un truc sympa pour seulement relancer la machine économique ?

Nous, c'est l'inverse. Nous voulons changer la locomotive et faire en sorte que la mécanique économique s'y adapte. Pas pour tuer celle-ci car l'économie reste un mode incontournable d'administration des richesses et des activités entre les hommes. Mais en la mettant en quelque sorte sous tutelle. La tutelle des hommes et de la nature. Tout le monde aujourd'hui évoque une nécessaire régulation de l'économie mondiale mais beaucoup, en particulier chez vos amis politiques Madame, entretiennent un flou prudent sur les critères de cette régulation.
Pour nous, la bonne question est : qui doit réguler ? Ce qui revient à se demander qui doit dominer. Notre réponse est sans ambiguïté : nous revendiquons le primat de l'écologie - et de son indissociable compagnon de route, le social - sur l'économique. C'est çà le fond de notre New Green Deal, notre proposition de nouvelle donne à l'échelle européenne qui ne se confond pas avec votre projet de croissance verte.
Encore un effort, Madame, pour changer d'heure avant d'imaginer changer d'horloge.



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