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06/03/2015

La FNSEA aurait-elle muté ?

Par Léon Maillé, paysan sur le Larzac

leon-maille.jpg« Au milieu du siècle dernier, les paysans parlaient avec respect de leur “syndicat”, les Jeunesses chrétiennes formaient des paysans militants investis dans l’espoir d’un meilleur avenir pour les campagnes. “Pas de pays sans paysans”, clamait l’un deux, Raymond Lacombe, petit éleveur aveyronnais devenu président national. Hélas ! Les choses ont bien changé; maintenant c’est un agri-farmer, sur 500 hectares, en plus PDG de la filière d’agro-carburant Sofiproteol, qui en est le président. Rien d’étonnant que cet ancien syndicat mué en trust agro-industriel (partisan de la ferme des mille vaches) veuille supprimer les petits paysans: ceux qui ont moins de trente vaches (seuil ramené maintenant à 10 vaches) ou moins de 50 brebis n’auront plus de prime de la PAC, les gros en ont sans doute plus besoin...

Et n’allez pas leur casser les pieds avec des histoires d’environnement : ils osent même manifester pour se garder le droit de polluer à leur guise. Ils vont ainsi à contresens de la société : peu leur importe. Il y a quelques semaines, des élections de ce syndicat à l’ancienne ont été organisées à grand renfort médiatique, et le plus époustouflant, c’est que des petits paysans de bonne foi sont allés voter croyant avoir toujours à faire avec la FNSEA du siècle dernier. Ils ne se sont pas aperçus que cette structure a muté; pire, qu’elle comporte en son sein des gens dont on constate les exactions dans les médias : incendies en toute impunité de bâtiments publics et de la MSA à Morlaix, souillure au fumier ou au lisier de lieux et bâtiments ou permanences politiques ou écolos, tout cela sous le nez des gendarmes qui laissent faire.

La gendarmerie les a aussi laissés faire lorsqu’ils ont vandalisé des voitures, crevé des pneus, rayé les peintures, le jour où des mouvements écologistes sont allés chez Limagrain faire une inspection non violente à Chappes (Puy-de-Dôme), à propos de la présence éventuelle de semences de blé OGM. Maintenant on en arrive à Sivens aux menaces physiques (voir Le Canard Enchaîné du 3/02) avec graffitis du genre “Zad t’es mort” ou “Battue aux zadistes” ou lorsqu’ils arrosent les zadistes au purin: “C’est l’heure de la douche”. Le porte-parole de la Conf’ du Tarn a mis en garde le président (PS) du conseil général du Tarn : “La FDSEA du 82 est particulièrement agressive et multiplie les appels au meurtre à l’encontre des opposants au barrage, via des graffitis et pendaisons de mannequins.”

Un éleveur local hostile au barrage a eu droit à sa lettre anonyme : “Nous ne voulons plus te voir, on va te crever.” N’oublions pas qu’il y a deux mois, les mêmes étaient venus parader déguisés en chasseurs (armés !) chez les zadistes, devant le nez des gendarmes qui n’ont rien fait. Bref, avec cette FNSEA apparemment mutée, maintenant on flirte avec le crime. Jusqu’à quand?

Au final, faudrait-il croire qu’aujourd’hui FNSEA signifie : Franchouillards, Nigauds, Sans État d’Âme ? Et dire que des éleveurs naïfs cautionnent sans s’en rendre compte cette organisation dévoyée. Les créateurs du “syndicat” de l’époque doivent s’en retourner dans leur tombe.»

Léon Maillé

Tribune parue dans Centre-Presse du 5 mars 2015

Photo : jlc