03/10/2006
Vallée du Lot : où en est-on ?
Le problème des inondations est toujours d’actualité. Le projet de remise en navigabilité du Lot amont l’est également et la préfète de l’Aveyron n’a toujours pas pris de décision concernant l’enquête publique.
L’ASVL (Association des Sinistrés de la Vallée du Lot) a tenté de sensibiliser une nouvelle fois la population locale sur les inondations et l’inertie des pouvoirs publics à réagir tant du côté de l’Etat que du Département.
Tous les élus locaux étaient invités, mais malheureusement nous n’étions pas nombreux : deux conseillers généraux et moi-même, plus quelques riverains.
La réunion était prévue au départ pour sensibiliser sur « l’étranglement » de Laroque-Bouillac, rempart pour un bon écoulement des eaux et ses conséquences en amont.
Si des travaux pour enlever quelques centaines de m3 de dépôts doivent être engagés à cet endroit par l’Etat pour retrouver au Lot son ancien lit, ils n’auront je pense qu’une conséquence minime sur les prochaine grandes crues.
Souvenons-nous qu’en 2003 nous avons frôlé la catastrophe. Si les barrages de Grandval et de Sarrans avaient été pleins et n’avaient pas pu retenir 1 000 m3/seconde, nous aurions connu une crue supérieure à une crue centennale comme celle de 1927
Face au problème des crues, nous sommes en face de deux modes de réflexion :
Il y a ceux qui pensent que la réflexion doit se situer au niveau du bassin versant du Lot (le Lot et ses affluents), que la solution pour limiter l’impact des crues passe par des mesures techniques, réglementaires et administratives mais également par des aménagements dynamiques. La compétence de ce projet global doit être assurée par l’Entente Vallée du Lot ou par la création d’un Syndicat mixte regroupant toutes les collectivité du bassin versant. Comme de nombreux élus de la Lozère, du Lot et trop peu de l’Aveyron, je suis de ceux-là et tous les exemples de mise en place de tels dispositifs au niveau des bassins versants comme les PAPI (Programme d’Action de Prévention des Inondations) sont de bonnes solutions.
Demander à baisser les niveaux des PPRI sans demander des mesures actives pour limiter la montée des eaux n’est pas raisonnable.
Et puis il y a ceux qui pensent que le bassin versant n’est pas la bonne solution et que chacun doit assurer dans son petit coin des mesures pour assurer un meilleur écoulement des eaux.
C’est le cas actuellement de la majorité des communes aveyronnaises riveraines du Lot et également du Conseil Général de l’Aveyron qui n’a visiblement pas envie de s’occuper sérieusement de ce problème et ne veut surtout pas engager une réflexion avec les autres départements du bassin versant du Lot.
Sans attendre, certains se lancent même dans des projets onéreux, qui n’auront que des effets minimes sur les prochaines crues. Je pense notamment à Saint-Géniez-d’Olt qui va dépenser 829 000 euros pour réaménager ses berges et enlever les atterrissements, ou Espalion qui va engager des travaux sur la rive droite et qui procède actuellement à des travaux de restauration et de consolidation sur la rive gauche.
Si on n’arrête pas les crues avec des paroles comme disait un de nos grand penseur contemporain local, ce n’est pas avec ce genre d’équipement qu’on les modère.
L’approche des élections municipales et cantonales n’est pas étrangère à cette attitude. Elle encourage malheureusement des aménagements onéreux mais rapidement visibles, liés plus à l’esthétisme et à l’amélioration du cadre de vie qu’à la sécurité des riverains à long terme.
J’ai également assisté à une réunion organisée par le Collectif des Sinistrés du Bassin 2003 (CSB 2003).
Ils nous ont présenté le dossier qu’ils avaient soumis à la préfète de l’Aveyron lors d’une entrevue en août dernier. Ce dossier comportait plusieurs sujets :
- Barrages, gestion de l’eau, sécurité des riverains
- Laroque-Bouillac
- PPRI, sécurité, alerte
- Microcentrales et entretien des berges
S’il faut saluer le travail réalisé par les membres de cette association, leur réflexion reste encore très locale. Ils n’ont pas une vision globale de solutions sur le bassin versant du Lot, sauf sur la gestion des grands barrages.
Leurs solutions constitueraient certes une amélioration lors de crues moyennes mais seraient inefficaces pour des crues du type de celle de 2003 ou supérieures.
Le resserrement géomorphologique (c’est comme cela qu’ils disent dans l’enquête pour le PPRI) de Laroque-Bouillac, même avec des travaux dans la rivière afin de retrouver son lit d’antan, sera toujours un frein important à l’écoulement des eaux, et aura toujours des conséquences en amont.
Leur analyse des disfonctionnements des microcentrales, notamment celle de Penchot est édifiante. Pourquoi la police de l’eau laisse t-elle fonctionner un tel équipement qui ne respecte pas en permanence la réglementation. Cette microcentrale est une honte et constitue un contre-exemple pour la majorité des microcentrales qui ont des pratiques conformes. Comment défendre l’hydroélectricité lorsque l’on voit de tels comportements !
S’ils veulent accroître leur crédibilité, les membres du Collectif devront faire très attention de ne pas trop s’encombrer de la tutelle très présente de certains élus.
Pour ma part, je répondrai présent à toutes les invitations et réunions publiques, qu’elles soient à l’initiative de l’ASVL ou du CSB 2003.
Dans la rubrique « Il faut sauver le soldat Tieulié », signalons l’expérience originale de tourisme solidaire d’un maire des communes de la Vallée du Lot qui n’hésite pas à faire participer son personnel communal à cette démarche en les amenant faire une promenade de propagande vers Cahors.
Si le bateau-promenade de Lacombe existait encore, les frais en auraient été réduits.
Malheureusement Boisse-Penchot ne sera jamais Bouzies et Flagnac, Saint-Cirq-Lapopie.
Dans cette même rubrique, on peut regretter la décision malheureuse d’un autre maire de la Vallée du Lot qui a refusé une salle de réunion à l’ASVL.
Saluons au contraire le courage du maire de Livinhac qui, malgré les pressions, n’a pas hésité une seconde à prêter les salles de Laroque et de la mairie de Livinhac à l’ASVL.
L’installation éventuelle de villages de vacances sur la Vallée du Lot n’a nul besoin de la navigabilité. Le projet du Val de Saures à Entraygues et la réalisation controversée de celui de Saint-Géniez-d’Olt sont sur des portions du Lot qui ne seront jamais navigables.
Mais est-ce que ce genre de structure est souhaitable sur notre territoire ?
Le village de vacance Goelia de Saint-Géniez-d’Olt est l’exemple même de ce qui ne faudrait pas faire chez nous et je serais attentif à tout projet qui s’en inspirerait. Construit au mépris de la population limitrophe, notamment celle du village proche de Sainte-Eulalie, ce lotissement de 160 logements aux qualités architecturales plus que discutables posait des problèmes environnementaux qui concernaient le rejet des eaux usées ou encore le respect des zones du PPRI.
Attention à ne pas commettre les mêmes erreurs chez nous.
Aidons plutôt la rénovation des vieilles maisons et granges pour en faire des gîtes de qualité à des prix abordables et évitons de vendre notre âme et notre environnement à des promoteurs peu scrupuleux qui construiront des cages à lapins pour touristes que ce soit pour la vente ou la location.
Enfin, pour vous détendre et en même temps pour comprendre la fragilité du milieu aquatique, vous pouvez lire l’excellente bande dessinée réalisée par le Figeacois Jean-Christophe Vergne, que j’ai retrouvé au salon de la BD de Cajarc, intitulée « Les trésors du Célé ». Ce dessinateur a travaillé pour cette BD avec Arnaud David, animateur au Contrat de rivière Célé/SAGE-Célé et des élèves du collège de Cajarc. L’histoire : deux enfant remonte le Célé jusqu’à sa source dans le Cantal pour chercher un « Trésor » que nous devons à tout prix protéger. Tout cela en montrant les diverses pollutions présentes sur cette rivière (et d’autres) et des aménagements pour éviter de polluer, par exemple, une station d’épuration par lit plantés de roseaux. Ce livre très pédagogique édité grâce à l’Association pour l'Aménagement de la Vallée du Lot peut être lu à partir de 8 ans (peut être avec le soutien éclairé d’un adulte). Le prix est abordable : 10 euros.
Voir également les autres notes sur la Vallée du Lot
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