08/10/2007
Décroissance ou développement qualitatif ?
Le Salon Horizon Vert de Villeneuve-sur-Lot qui se tenait le week-end dernier est en passe de devenir l’événement traitant de l’écologie le plus important du grand sud-ouest avec la foire bio Biocybèle de Rabastens-Gaillac. Le nombre de stands a considérablement augmenté depuis quelques années avec notamment, un chapiteau consacré uniquement à l’éco-habitat où il était difficile de circuler et de demander des renseignements aux exposants. Cela démontre ainsi la prise de conscience et la demande nouvelle des particuliers pour ces techniques et ces produits.
Horizon Vert c’est aussi toute une série de débats avec des intervenants de qualité.
Je n’ai malheureusement pas pu assister à la conférence d’Hervé Kempf vendredi soir.
Hervé Kempf est journaliste au Monde, et son dernier ouvrage « Comment les riches détruisent la planète », démontre que l’impact sur l’environnement d’un smicard même le plus inconscient possible est loin d’arriver au degré de pollution et de gaspillage d’un milliardaire.
Un milliardaire qui achète un Airbus A 380 pour ses déplacements personnels, ou tout autre excentricité de ce genre décrite dans le livre d’Hervé Kempf, devrait être conduit devant le tribunal pénal international pour crime contre l’humanité.
Cela pose évidemment le problème de la répartition des richesses : « Il nous faut comprendre que crise écologique et crise sociale sont les deux facettes d'un même désastre. Et que ce désastre est mis en oeuvre par un système de pouvoir qui n'a plus pour fin que le maintien des privilèges des classes dirigeantes »
nous dit fort justement Hervé Kempf dans son livre.
Le PNUD estimait en 1999, que les 20% de personnes les plus riches possédaient 74 fois plus que les 20% de personnes les plus pauvres. En 1960 Ils ne possédaient que 30 fois plus.
De partage de la richesse, de décroissance ou de développement qualitatif, il en était question hier lors d’un atelier dont les intervenants étaient Jean-Marie Harribey, co-président d’Attac-France et Jean-Paul Besset, journaliste et écivain, coordinateur du Pacte Ecologique de Nicolas Hulot.
Pour Jean-Marie Harribey, il est évident que, comme le pense Hérvé Kempf, crise sociale et crise écologique proviennent d’un même mal : cette marchandisation libérale et financière.
Mais pour passer d’un mode de croissance économique tel que nous le connaissons actuellement, à un mode de croissance qualitative (moins de croissance dans la production et la consommation de produits finis et services commerciaux, mais croissance des services publics), nous devons passer par une étape de décélération. On arrête pas du jour au lendemain une machine énorme lancée à pleine vitesse.
Pour Jean-Paul Besset, la crise écologique semble plus urgente que la crise sociale et pour lui, la politisation de ce débat (au sens étymologique du mot), ainsi que le lien entre crise sociale et crise écologique, ne lui paraissent pas évidents.
Comme il l’écrit dans son dernier ouvrage, « Comment ne plus être progressiste sans devenir réactionnaire », la croissance infinie des biens et des services qui fonde le développement de nos sociétés est impossible. Ou, si l'on préfère, suicidaire. Elle est incompatible avec la stabilité de la biosphère et inaccessible à l'essentiel de la population mondiale. Elle ne saurait donc tenir lieu de projet de civilisation.
Tout à fait d’accord. Mais le gouvernement actuel semble bien décidé à poursuivre ce modèle de croissance économique suicidaire et de destruction sociale.
Il n’y a qu’à regarder le regard amusé de Copé pendant l’intervention à l’Assemblée Nationale d’Yves Cochet lors du débat sur le Grenelle de l’Environnement, pour comprendre le peu d’intérêt pour les questions environnementales d’une grande partie de ce gouvernement.
Pour être honnête, je doit rajouter que beaucoup, même à gauche, ne voient que par ce modèle de croissance.
Décroissance ou développement qualitatif (terme qui risque d’être aussi galvaudé que le développement durable l’est actuellement), ce dont je suis sûr, c’est qu’il faudra une forte mobilisation de nos concitoyens pour reprendre nos destinées en main.
16:45 Publié dans Développement durable, Environnement | Lien permanent | Commentaires (1) | | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
"la croissance infinie des biens et des services qui fonde le développement de nos sociétés est impossible. Ou, si l'on préfère, suicidaire. Elle est incompatible avec la stabilité de la biosphère et inaccessible à l'essentiel de la population mondiale. "
-> si vous pensez à l'industrie peut etre, quoique le progres technologique permet d'attenuer fortement ses aspects les plus nuisibles
mais avez vous remarqué que les économies les plus développés (US, Europe, Japon...) sont aussi celles ou les services sont en % les plus élevés dans le PNB. Et ces "services" ne polluent pas et peuvent donc sans trop de probleme se developper à l'infinie (la finance, les telecoms, internet, les services à la personne..)
Je caricature: jouer sur internet, ou est le probleme pour la planete?
Écrit par : LP | 09/10/2007
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