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09/04/2008

La semaine de l’écoblanchiment

041d5f04233d134ecd2d478fd248ffb7.gifTribune dans Libération de Jean-Louis Roumégas et Anne Souyris, porte-parole des Verts, sur la semaine du "développement durable" à la sauce UMP qui vient de se terminer.

La Semaine du développement durable s’achève alors que le Grenelle de l’environnement s’est petit à petit transformé en Azincourt de l’écologie. Pour nombre d’entreprises et pour le gouvernement, la Semaine du développement durable est la semaine de l’écoblanchiment.

Cet événement, dont les intentions sont louables, se transforme en cache-sexe de l’inaction gouvernementale en matière d’environnement. Tout en culpabilisant les citoyens et en leur proposant une expiation facile de leurs péchés par des petits gestes individuels, on oublie de leur expliquer que nombre de politiques publiques que l’on choisit de mener sont antiécologiques. Comment permettre aux citoyens de faire les «bons gestes» dans de telles conditions ?


Ainsi, «l’écopastille» permet-elle aux constructeurs automobiles de communiquer sur les vertus soi-disant écologiques de leurs véhicules, de fait un peu moins polluants. Pendant ce temps, le gouvernement annonce en catimini que les prix des billets de train vont augmenter nettement et ponctionne une partie des bénéfices de la SNCF. Quant au fret ferroviaire, il est compromis par la fermeture de 262 gares de marchandises. Des actes du gouvernement concernant l’écologie ? On pourrait parler de la loi en faveur des OGM votée contre l’opinion d’une très large majorité de Français. Ou encore des autoroutes que l’on continue de construire malgré les engagements du Grenelle, ou de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes autorisé par M. Borloo en dépit de tout bon sens écologique. Enfin, on notera que le gouvernement, après avoir octroyé 15 milliards d’euros de cadeaux aux riches, réduit son budget de 7 milliards d’euros par mesure d’économie. Quels postes seront touchés ? Entre autres, la santé et le logement, alors même que l’isolation du bâti est un défi majeur pour résoudre les problèmes liés au changement climatique.

Mais l’écologie n’est pas seulement un faux prétexte, c’est aussi devenu un argument publicitaire, aussi mensonger que vendeur : l’écologie se retrouve utilisée à des fins marketing pour justifier les démarches les plus néfastes pour la planète. Voici quelques exemples d’écoblanchiment caractérisé…

Dans la catégorie entreprise publique : EDF a changé de logo, dépensant au passage des millions d’euros pour le faire connaître du public. Ce logo évoque une éolienne. Or la production éolienne en France est anecdotique. Comme l’ensemble des énergies renouvelables, cette énergie est freinée par la résistance politico-administrative organisée par EDF. L’entreprise préfère développer à tous crins le nucléaire, quels qu’en soient les coûts : démantèlement, problème des déchets dont on ne sait que faire, dépendance à l’uranium de la France et surtout risques mortels que l’on fait encourir à la population (plusieurs catastrophes évitées de justesse depuis quinze ans). Pendant ce temps, en Allemagne, le secteur des énergies renouvelables a créé 250 000 emplois. Il dépassera bientôt l’industrie des machines-outils et de l’automobile en termes de chiffre d’affaires.

Dans le secteur privé : Renault et Mitsubishi ex-aequo. La publicité du 4x4 Outlander Mistubishi précise : «Conçu et développé au pays du protocole de Kyoto.» Le comble lorsque l’on sait qu’un 4x4 pollue en moyenne une fois et demi plus qu’un véhicule standard. Malheureusement, c’est bel et bien l’ensemble du secteur automobile qui pratique aujourd’hui l’écoblanchiment, et les constructeurs français ne sont pas en reste.

Dans la catégorie politique publique : l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Pilotée par des collectivités territoriales, autorisée par un ministre de l’écologie, la construction de cet aéroport à proximité de Nantes cristallise à lui seul toutes les contradictions de nombre d’hommes politiques en matière d’environnement. A titre d’exemple, lorsque vous prenez l’avion pour aller de Paris à Marseille, vous émettez 93 kg de CO2. Le même voyage en train correspond à une émission de 3,6 kg de CO2. A quoi bon mettre en place localement un plan climat et réduire la place de la voiture, si dans le même temps, l’ensemble de ces efforts est réduit à néant par la construction d’un aéroport ? Plutôt qu’une semaine du développement durable, si on mettait en place des politiques durables ? Enfin.

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