05/08/2016
Robert Combas expose à Villefranche
Villefranche est incontestablement cet été la capitale ouest-aveyronnaise de l’art contemporain. Deux belles expositions s’y déroulent actuellement. Le Musée Urbain Cabrol présente une collection intéressante de céramiques d’artistes parmi lesquels Picasso, Soulages, Miro, Mesnager, Pétrovitch, Dado, Alechinsky… Une occasion de voir également les collections permanentes de ce musée.
Et puis il y a l’exposition Combas au Moulin des arts de Saint-Rémy et à l’Atelier Blanc de Villefranche-de-Rouergue, fruit d’une collaboration entre l’artiste sétois et Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac-Aéro.
Je ne connais pas personnellement Robert Combas mais je connais son travail depuis plus de 30 ans.
Travaillant entre Sète et Narbonne tous les étés à cette époque, c’est au début des années 80 que des amis Sétois m’ont initié à la découverte de cette nouvelle peinture dont ils connaissaient quelques acteurs pour les avoir fréquenté notamment à l’école.
C’est donc grâce à eux que je me suis plongé dans la Figuration Libre, mouvement artistique que ces artistes sétois ont contribué à créer et à enrichir.
Trempé dans leur jeunesse dans les œuvres de François Desnoyer et de Pierre François, leurs illustres prédécesseurs à Sète, ils ont révolutionné à leur tour cet art en mêlant leur culture sétoise au rock-punk et à la BD des années 70/80, avec tout ce qu’il faut de rêve ou de non-rêve (no future), de déglingue, de couleur et d’humour. Je me suis donc complètement retrouvé dans cette génération de peintres, à quelques années près de mon âge.
J’ai donc vu depuis ces années plusieurs expositions individuelles ou collectives de Robert Combas :
- Exposition Combas – Di Rosa à l’Espace Fortant de France à Sète en 1989. Premier choc frontal d’envergure avec cette peinture qui m’a réellement donné envie d’en connaître plus.
- La “ Caravane des arts au soleil “, exposition itinérante des côtes françaises de Nice à Dunkerque en 1990, réalisée sur une idée de Ben. C’est sur la plage de Vendres que j’ai pu admirer des magnifiques caravanes décorées par Combas, Di Rosa, Spoerri, Jean Le Gac, Cervera, Biascamano…
- Exposition Combas Toulouse-Lautrec au Musée Toulouse-Lautrec du Palais de la Berbie à Albi et une expo Combas dans un autre lieu de cette ville en 1990.
- Combas faisait partie d’une exposition des peintres de l’école sétoise à l’été 1991 à Sérignan ou André Gélis était le tout nouveau maire avant de créer en 2006 son Musée Régional d’Art Contemporain.
- L’exposition Aquestécop au musée Paul Valéry à Sète en 1992
- A Figeac en 1995 dans la salle de la place des Ecritures
- Et dernièrement la magnifique exposition “ Figuration Libre : historique d’une aventure “ au musée Paul Valéry à Sète en 2015.
Ma collection d’“œuvres“ de Combas se résume à quelques affiches et catalogues d’expositions, une bouteille de Cahors “ Côtes d’Olt “ de 1985 dont il a réalisé l’étiquette en compagnie d’Hervé Di Rosa, Blanchard et Boisrond et une montre que j’avais acheté il y a fort longtemps.
Je ne sais plus où, peut-être à une boutique rue Quincampoix à Paris ou à Félix and Co à Sète ?
Je ne connais pas non plus personnellement Jean-Claude Maillard. Je connais l’industriel local, le PDG du groupe Figeac-Aéro, groupe qui a actuellement le vent en poupe grâce au secteur de l’aéronautique en plein développement. Je connais bien sûr les partenariats qu’il a su créer avec certaines entreprises du Bassin de Decazeville. Je sais aussi qu’il est devenu en quelques années la 125ème fortune de France. Mais je ne lui connaissais pas cette passion pour l’art contemporain. Passion que sa nouvelle fortune lui permet d'assouvir mais dont il fait profiter tout le monde en montrant le fruit de sa collaboration avec Combas.
Je connais par contre le Moulin des Arts de Saint-Rémy et l’Atelier Blanc à Villefranche-de-Rouergue pour y avoir vu entre autre l’exposition de Richard Di Rosa à l’été 2011, autre acteur important de la Figuration Libre.
C’est plus par curiosité qu’enthousiasme que je me suis rendu à cette exposition à Villefranche-de-Rouergue et à Saint-Rémy.
Que pouvait donner la rencontre entre un artiste atypique comme Combas et un industriel nouvellement fortuné ? Allais-je voir une exposition de circonstance où un industriel se fait plaisir en invitant un artiste renommé à travailler sur les matériaux qu’il utilise dans ses entreprises ?
Après la visite de l’exposition, je crois qu’il s’agit là d’une rencontre de deux personnes passionnés et sincères qui ont décidé de mettre leurs compétences en commun.
Jean-Claude Maillard, fier de son métier, des matériaux qu’il connaît bien, de la compétence de ses employés à travailler ces matériaux, sincèrement amoureux de l’art contemporain et du travail de Combas en particulier ;
Robert Combas, qui avait déjà eu une expérience dans la décoration de mobilier bois sans en être pleinement satisfait et qui s’est pris au jeu de la proposition de Jean-Claude Maillard de travailler sur l’aluminium.
Et c’est plutôt réussi.
Du mobilier aux formes “ tarabiscotées “ dessiné par Combas, parfois reprises du mobilier bois antérieur, mais réalisé ici avec de l’aluminium poli, du verre, des matériaux composites…
On retrouve là des tables basses de salon, des bureaux, des sièges, des chaises traineau, des dessertes, des consoles, des luminaires, des chandeliers…
Tout ce mobilier a été décoré un par un par Robert Combas à l’exception de l’imposante table de salle à manger en aluminium poli restée vierge de toute décoration.
Des tableaux de Combas décorent les murs.
Pour ma part j’ai eu un coup de cœur pour le magnifique tapis du Moulin des Arts à Saint-Rémy, pour les “ casqués de la tête et des yeux “ qui servent de supports à des lampadaires ou des tables basses et pour les miroirs qui selon les confidences de Combas à André Gélis : “ Un miroir devenu peinture sur miroir, on ne peut pas se voir dedans, quoique… “. Et c’est vrai.
Les spécialistes de l’aluminium apprécieront en plus le travail minutieux des employés de la filiale de Figeac-Aéro, FGA Tunisie à Fouchana, pour la réalisation des œuvres en aluminium imaginées par Combas.
L’exposition de l’Atelier Blanc complète celle de Saint-Rémy avec une salle réservée à la période rock de Combas. J’ai eu beaucoup de plaisir à revoir le tableau Black Tintin et le capitaine Hard Rock et une guitare que j’avais apprécié à l’exposition Fan Club au MIAM de Sète en 2013.
Savoir faire ? Mobilier, métal, couleurs…
Moulin des Arts à Saint-Rémy et Atelier Blanc à Villefranche
Du 9 juillet au 18 septembre 2016
Commissaire de l’exposition : André Gélis
Catalogue de l’exposition (couverture cartonnée) : 15 €
Photos : Cliquez sur les photos pour les agrandir
Toutes les photos : jlc – Licence Créative Commons
Sauf : couverture catalogue : Delphine Trébosc -DR
10:10 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | | Imprimer |
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