18/02/2018
Decazeville - Conseil municipal - Tout dans la "com"
Cela semble une tendance depuis quelques mois, la majorité accentue sa "communication" vers l'extérieur. Entendons-nous bien, "communiquer" n'est pas informer. C'est même le contraire. Une "com" outrancière cache souvent l'inaction ou des actions inefficaces. La "com" de la majorité prépare aussi une autre étape : celle des prochaines élections municipales. Car ne nous y trompons pas, la majorité est déjà en campagne.
Le site officiel et la page Facebook de la ville qui devraient pourtant être réservés à de l’information municipale à destination des citoyens de la ville et de visiteurs intéressés par notre ville, sont devenus au fil des dernières semaines des moyens de communication au service de la majorité municipale, dédiés à la gloire d’un grand homme, son maire, et de son équipe. C'est à minima un problème d'image et de crédibilité pour une ville de 5 600 habitants qui prétend être le centre d'un territoire de 20 000 habitants.
Et on a appris de plus jeudi soir l’organisation en juin d’un colloque qui pour le moins que l'on puisse dire est visiblement "orienté" et de plus onéreux. Retour sur le dernier conseil municipal.
Le débat d’orientation budgétaire :
Pas de surprise lors de ce point. La majorité défend son grand principe de réduction de la masse salariale alors que le travail à réaliser pour les Decazevillois reste le même. Bilan : des travaux et services qui ne sont plus totalement assurés, le personnel municipal qui est à bout et de plus en plus d’interventions d’entreprises extérieures.
Pour justifier ces mesures, la majorité nous a sorti la rengaine de la baisse des dotations de l’Etat depuis quelques années. Si les dotations directes baissent, j’ai tenu à rappeler que l’Etat nous aidait tout de même beaucoup à travers des dotations à l'investissement, notamment pour la rénovation de bâtiments et de l’éclairage public à travers les aides prévues dans le cadre des TEP CV (Territoires à Energie Positive pour la Croissance Verte). Mais aussi pour d’autres aménagements importants. Concernant par exemple les aménagements prévus dans le cadre du programme AMI et de la rénovation de la rue Cayrade, la part du financement des diverses structures de l’Etat est importante. Le plan de financement que nous avons voté plus tard dans la soirée montre une part de 45 % d’aides de l’Etat (1 636 947 € sur 3 657 052 €). La part communale restant à financer au final n’est que de 31 % sur trois ans. Ce n’est certes qu’un plan de financement et il n’est pas sûr qu’à l’arrivée, ce pourcentage soit atteint. Mais nous n’en serons pas loin.
Sans vouloir défendre à tout prix l’Etat qui organise depuis des années la métropolisation de notre pays en délaissant les zones rurales comme la notre, convenons-en tout de même que toutes ses aides ne baissent pas.
Donc, baisser les dépenses de fonctionnement, notamment celles de personnel municipal, n'est pas justifié et est un choix de la majorité.
Un colloque en forme de communication, aux retombées incertaines, qui va coûter cher et dont on connaît par avance le résultat !
L’organisation d’un colloque en juin prochain intitulé : « Rencontre de Decazeville, nos idées sont notre futur » respire bien la vision dogmatique libérale qui anime la majorité. La note qui présentait ce colloque portait d'ailleurs une charge en règle contre ceux qui se sont battus et se battent encore contre l’abandon par l’Etat des territoires comme le notre, accusés de « marginaliser encore plus un bassin d’activités traditionnelles » et d’être dans une « posture passéiste ». La gauche et les syndicats sont visiblement dans l'œil de nos élus majoritaires.
Dans la note qui nous a été distribué, le coût de cette opération de communication, car il faut bien l'appeler ainsi, est très élevé, près de 90 000 €, pour un prévisionnel de 60 congressistes, soit 2 à 3 fois le budget du dernier Salon Eco-Energies que la communauté de commune et les élus majoritaires de Decazeville ont lamentablement abandonné et qui rassemblait pourtant 3 à 4 000 visiteurs. Malgré des précisions données le soir du conseil, ce colloque me semble un gaspillage inutile d’argent public. Il sonne plutôt le début de la campagne électorale pour les élections municipales de la majorité, aux frais des contribuables decazevillois et de partenaires publics.
D'autant plus que le thème de ce colloque a été largement évoqué ces derniers mois sur le Bassin.
Le CGET Massif-Central et le CAUE Aveyron avaient organisé un colloque sur un thème similaire le 1er décembre dernier à Decazeville pour peu de frais (pour la commune du moins) qui était de haute tenue.
Je ne l’ai pas évoqué jeudi soir, mais je pense aussi à la rencontre organisée par l’ADEBA avec le journaliste et écrivain Philippe Gagnebet il y a environ un an à Viviez où 80 personnes étaient présentes, mais avec peu d'élus malheureusement. Philippe Gagnebet est l’auteur de deux ouvrages, un sur l’ancienne ville minière Loos-en-Gohelle dans les Hauts de France qui a bien rebondi grâce à son maire écolo, l’autre sur l’écosystème Darwin à Bordeaux, un " lieu commun " où 600 personnes travaillent dans un environnement écologique et solidaire. Je connais bien les deux sites pour m'être rendu sur place et pour avoir rencontré les principaux porteurs de ces deux exemples.
Par ces témoignages, l’ADEBA entendait faire réfléchir sur l’avenir de notre territoire qui doit s’engager vers des activités plus écologiques et plus solidaires.
Le contraire de ce que fait la mairie de Decazeville en soutenant par exemple le projet Solena à Viviez et Aubin ou en ayant dernièrement modifié le PLU qui permet maintenant à des entreprises polluantes de venir s’installer à la zone du Centre, près du centre-ville. Un non sens !
Une enquête du CGET réalisée par IPSOS en juillet dernier, révélait pourtant que le souhait d’un meilleur cadre de vie est la demande prioritaire des populations de nos territoires en déprise, y compris chez les chômeurs et les personnes en grande précarité.
Car oui, nous sommes un territoire en déprise, nous faisons partie des « villes en décroissance » (Shrinking Cities) comme les nomme La Gazette des Communes. C’est un phénomène planétaire généré par ceux qui organisent la mondialisation libérale de l’économie depuis 30 à 40 ans.
Nous sommes en décroissance démographique, générationnelle (population vieillissante), économique, commerciale… et cela nous oblige à réagir. Mais les solutions doivent être totalement différentes de celles qui nous ont conduit à cet état de décroissance. Nous devons pratiquement repartir de zéro et profiter des opportunités que cela crée en repensant totalement nos rapports avec l’économie traditionnelle, avec les aménagements urbains, avec l'environnement, avec la participation de la population aux politiques publiques…
Et je dois dire que c’est plutôt mal parti avec nos actuels élus qui sont incapable d’imaginer une autre société que celle dans laquelle nous vivons actuellement avec ses pollutions, ses inégalités, ses violences... La nouvelle société doit au contraire être frugale, écologique, conviviale, solidaire et résiliente, avec d'autres aménagements urbains, d'autres services et un autre fonctionnement des rapports entre citoyens et élus.
Au fait, ne faudra-t-il pas faire entrer les dépenses occasionnées par ce colloque dans les dépenses de campagne de la " liste Marty " aux prochaines élections municipales de 2020 ?
Dix-huit panneaux publicitaires type "sucette" de plus, dont certains éclairés !
Vous avez ci-dessous mon intervention in-extenso :
« J’aurais pu applaudir des deux mains cette délibération si elle s’était arrêtée aux premières phrases : la décision d’enlever les quelques panneaux existants (ceux du type " sucette ").
Ce n’était pas parce qu’ils étaient usagés que ces panneaux publicitaires dégradaient le paysage urbain et entachaient la notoriété de la ville comme indiqué dans la note qui nous a été remise, c’était du fait de leur simple présence.
En dénonçant fort justement le contrat avec Clear Chanel, vous aviez donc l’occasion de les enlever tous. Et cela aurait été très bien et j'aurais applaudi des deux mains.
Mais voilà qu’au lieu de rendre notre ville agréable en bannissant de ses rues ce mobilier publicitaire, vous en installez au contraire de nouveaux ! Et pas qu’un peu : 18 panneaux publicitaires dont certains, comble de la bêtise et du gaspillage énergétique, seront éclairés !
Comment ne pas voir une contradiction évidente entre le fait de demander des subventions pour réduire nos consommations énergétiques à travers notamment les aides prévues dans le cadre du TEP-CV, notamment pour l’éclairage public, et de proposer d’installer des panneaux publicitaires éclairés, de plus aux frais de la commune.
Nous sommes déjà envahis par la publicité à Decazeville.
Alors qu’il faudrait réaliser un vrai règlement intercommunal sur la publicité extérieure qui soit restrictif et pourquoi pas mettre en place la taxe locale sur la publicité extérieure, vous proposez de rajouter des panneaux publicitaires.
Les panneaux publicitaires sont une pollution, mais ils sont surtout une agression car on ne peut malheureusement s’y soustraire à moins d’avoir les yeux rivés au sol… et encore, ça risque de devenir impossible puisqu’on teste déjà la publicité sur les trottoirs. Les publicitaires savent très bien qu’avec ces panneaux, ils stimulent des pulsions d’achats irréfléchis qui conduisent à une surconsommation dangereuse pour l’endettement des ménages et pour notre planète en surchauffe.
La publicité, ce n’est absolument pas de l’information ! La publicité c’est du mensonge et de la manipulation.
L’information sur des produits ou des services, on l’a si on le souhaite dans des journaux spécialisés comme « Que choisir » ou « 60 millions de consommateurs », pas avec la publicité.
Ces panneaux gérés par le concessionnaire, seront surtout monopolisés par les grandes marques et les grandes enseignes pénalisant une fois de plus le petit commerce du centre ville… et sous leur nez. Les petits commerces, déjà à la peine et pressurisés par des demandes publicitaires, notamment émanant de la mairie pour son agenda et sa voiture publicitaire, ne pourront bien sûr pas suivre.
Quant à utiliser une face par panneau pour la commune, si c’est pour la mettre au service de cirques avec animaux sauvages (comme on l’a déjà vu), de cascadeurs polluants et pétaradants ou toute autre « animation » de bas niveau qui donnent une image désolante de notre ville, je n’en vois pas l’utilité.
Il y avait pour notre commune un projet de signalétique porté par la communauté de communes que l’on ne voit toujours pas venir. Cette signalétique serait beaucoup plus utile. Alors que des communes ont déjà été aménagés avec ces panneaux de signalétique, ou en est-on pour Decazeville ?
Il est évident que vos panneaux publicitaires réduiraient considérablement l’impact de cette signalétique pourtant indispensable.
Où en est-on aussi des panneaux réservés à l’affichage d’opinion et des associations malheureusement utilisé parfois par l’affichage commercial (les cirques par exemple, mais pas seulement) ? Des panneaux ont été enlevés pour travaux et n’ont pas été remplacés. La surface d’affichage pour ce genre de communication est obligatoire et réglementé.
Enfin, dans cette convention dite « précaire » pour l’affichage publicitaire, la durée de l’Autorisation Temporaire d’Occupation est tout de même de neuf ans. C’est inacceptable !
Non Monsieur le maire, ces panneaux vont enlaidir et banaliser le paysage urbain de notre ville et ne vont pas être utiles aux Decazevillois et aux gens de passage. »
Durant mon intervention, j’ai bien sûr du faire face aux ricanements, voire aux rires francs de certains élus de la majorité, mais j’en ai l’habitude. Ils me galvanisent et me renforcent au contraire dans mes convictions.
La seule réponse positive reçue à l’issue de mon intervention est la confirmation que les panneaux de signalétique seront installés bientôt. Mais ces panneaux de signalétique seront bien sûr difficilement visibles car occultés par les panneaux publicitaires.
Les panneaux publicitaires risquent d'encombrer un peu plus des trottoirs étroits et de gêner les déplacements des piétons.
Nous devons combattre l’agression publicitaire omniprésente et promouvoir des modes de consommation plus sobres. Je ne saurais trop vous conseiller de vous abonner ou d’acheter chez votre libraire le journal « La Décroissance », qui invite à une réflexion sur nos comportements parfois skysophrènes, souvent avec humour, dérision (autodérision même), cynisme, mais aussi avec sérieux, le tout agrémenté de dessins de Pierre Druilhe, bien connu sur le Bassin et dans le monde de la BD.
Si vous le pouvez, procurez-vous son dernier ouvrage réalisé sur des scénarios de Domi (Vincent Cheynet) « Vive les décroissants » qui reprend les aventures décapantes et hilarantes d’une bande de décroissants, aventures publiées dans le journal « La Décroissance ». Peut-être le réseau des médiathèques du Bassin en a-t-il fait l'acquisition ? Sinon, il devrait le faire.
Car oui, il faut aller vers une décroissance de la consommation de biens, mais une décroissance qui soit joyeuse et solidaire. Il faut la réaliser ensemble et chacun d’entre nous doit prendre sa part selon son degré d’impact sur le climat, l’environnement et l’utilisation de matières premières non renouvelables. Il est évident que ce sont les plus riches et les plus pollueurs qui doivent montrer l'exemple et prendre la plus grande part de cette décroissance ( Lire : " Comment les riches détruisent la planète " - Hervé Kempf). C’est de toute façon obligatoire si on ne veut pas que la nature s’en charge elle même ou qu’une catastrophe arrive.
Je dois rajouter que, compte tenu de ma modeste pension de retraite, je n'ai aucun mérite à appliquer à moi-même les principes de décroissance que je défends ci-dessus.
Mais je pense aux millions de personnes qui sont elles plongées dans une décroissance subie et forcée qui touche à leur santé, à leur vie professionnelle, familiale et sociale et parfois à leur équilibre psychique. Tout cela pour qu'une poignée d'autres personnes accumulent légalement et illégalement des biens et des fortunes incommensurables dont ils se servent en partie pour saccager notre planète.
Vendre un immeuble pour rentrer de l’argent, être obligé d’en louer un et y réaliser des travaux onéreux :
Un point de ce conseil municipal concernait la convention d’occupation précaire entre la commune et la CPAM de l’Aveyron afin de loger l’association Familles Rurales.
On se souvient que pour pouvoir installer l'association Familles Rurales, la majorité avait sabordé l’association 2KZ qui assurait jusqu’il y a encore peu l’animation des jeunes par convention avec la mairie.
Pour bien montrer que cela était terminé, la majorité avait même vendu le local ou résidait cette association et y menait ses activités pour un prix d’un peu plus de 60 000 €.
Mais il fallait bien des locaux pour loger l’association qui a pris le relais, association choisie par la majorité.
Un local a été trouvé, loin de ces quartiers où résidaient la plupart des jeunes fréquentant 2KZ, mais proche d’autres jeunes, ceux de l’école Sainte-Foy, institution chouchoutée par la majorité municipale depuis le début du mandat. La majorité attribue chaque année une subvention importante pour les maternelles de cette institution, alors que cela n’est pas obligatoire. Des dépliants de cette institution sont même à disposition dans le hall de la mairie alors que l’école publique Jean-Moulin est en difficulté, et il semble y avoir une certaine tolérance pour la pose de panneaux d’affichage sauvage émanant de cette institution pour annoncer ses « portes ouvertes ».
Cette convention entre la CPAM et la mairie prévoit un loyer gratuit durant un an pour compenser les travaux de séparation des locaux entre la CPAM et le local réservé à Familles Rurales. Le loyer est également gratuit durant une autre année pour compenser les travaux à l’intérieur du local. Deux ans de loyer gratuit mais après ce sera plein pot !
Le loyer étant de 15 000 €/an, c’est donc 30 000 € de travaux que la mairie va entreprendre sur un local loué ! Ces 30 000 € aurait été beaucoup mieux utilisés en rénovant le local existant s’il n’avait pas été vendu. Mais rester proche des quartiers HLM de la ville, proche du collège, du lycée, d’une école publique (Sailhenc) sans être éloigné de l’école publique du centre ville (Jean-Macé) n’intéressait visiblement pas la majorité.
Les contribuables decazevillois paieront donc un loyer pour un local, alors que la mairie en avait un à sa disposition qu’elle a préféré vendre. Une histoire de fous… ou d’incompétents.
D’autres sujets ont été abordés lors de ce conseil municipal comme l’avenir du musée de géologie Pierre-Vetter fermé maintenant depuis de long mois. L’audit du bâtiment vient d’être rendu mais nous n’en savons pas plus. Tout se passe comme si les élus de la majorité préparaient quelque chose sans vouloir en parler et que notre insistance hier soir a bousculé un peu leurs plans de communication. J’ai tout de même tenu à rappeler que des travaux de protection de la toiture étaient budgétisés en 2014 et que ces travaux n’ont pas été réalisés. D’où sûrement la dégradation dangereuse du plafond du musée qui a suivi en 2016.
Photos : cliquez sur les photos pour les agrandir
Photo 1 : jlc - montage avec photos issues de la page Facebook Ville de Decazeville
Photo 2 : ©Dessein de Ville
Photo 3 : Tableau financement colloque - Document conseil municipal
Photos 4 à 9 : jlc - Licence Créative Commons
Photo 10 : Vive les décroissants © Pierre Druilhe
Photos 11 à 14 : jlc - Licence Créative Commons
08:28 Publié dans Environnement, Politique locale, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : decazeville, mairie, conseil municipal | | Facebook | | Imprimer |
02/02/2018
Les déchets du Lot à Viviez dans l’Aveyron ?
Vous avez ci-dessous l'article que j'ai écrit pour le seul journal indépendant du Lot "Le Lot en Action" concernant le projet Solena.
Quelques exemplaires de cet excellent journal sont en vente dans les Maisons de la Presse de l'Aveyron. Autrement, si vous avez l'occasion d'aller dans le Lot proche, vous le trouverez dans les Maisons de la Presse et les librairies, dont « Livre en Fête » et « Champollion » à Figeac.
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Les habitants de Viviez, pratiquement à la limite de l’Aveyron et du Lot, croyaient en avoir fini de 160 années de pollutions industrielles.
C’était sans compter sur la volonté de certaines entreprises et des élus locaux de poursuivre cette vieille tradition locale.
Les riverains de la rivière Lot connaissent bien Viviez et son usine emblématique filiale du groupe belge Vieille-Montagne devenue Umicore. Pendant des dizaines d’années, cette usine a envoyé dans les airs et sur les sols du Bassin de Decazeville ainsi que dans les eaux du Lot des centaines de tonnes de métaux lourds dont du cadmium qui se retrouvent encore aujourd’hui dans les sédiments des retenues, écluses et barrages jusque dans l’estuaire de la Gironde. Les énormes pollutions accidentelles du Lot en 1983 et 1986 à partir de cette usine ont laissé des souvenirs douloureux aux pêcheurs, aux amoureux de cette rivière et aux élus de Cajarc, Cahors… qui étaient à juste titre très remontés.
Ces pollutions ont également eu, et ont encore des impacts importants sur la santé des Viviézois. C’est ce qu’avait noté une étude de l’InVS (Cassiopée) datant de 2008.
Au début des années 2000, Umicore avait été obligé par les pouvoirs publics de réaliser une réhabilitation de ses sites afin de faire cesser ses rejets chroniques de métaux lourds dans le milieu naturel. Il était temps ! Cette réhabilitation annoncée à grand renfort de communication prévoyait en phase finale la végétalisation de tous les sites. Cette réhabilitation des sols a été confiée au groupe Séché, spécialiste des déchets et de la remédiation des sols dont le siège est à Changé en Mayenne. Avec du recul, la population aurait du se méfier. Séché avait déjà sa petite idée. Pourquoi végétaliser des terrains qui pourraient être utilisés à une activité ? Un deal a vraisemblablement été conclu dès l’accord de marché de dépollution entre Umicore et Séché afin de pouvoir construire sur ces terrains réhabilités et rachetés à Umicore par Séché, une usine de traitement et de stockage de déchets. Rajoutons que, dès le début, quelques élus, au conseil général de l’Aveyron mais aussi des délégués du syndicat des déchets (SYDOM 12), principalement de droite, ont vu cela d’un très bon œil. Ils ont donc décidé de ne pas renouveler après 2020 le partenariat qui les liait avec le syndicat des déchets du Tarn (Trifyl), prétextant qu’il fallait traiter les déchets aveyronnais en Aveyron. A une gestion publique des déchets, ils ont préféré choisir un projet privé, plus onéreux pour les foyers aveyronnais.
La logique aurait voulu que le nouveau centre de traitement et de stockage de déchets départemental se situe au centre de l’Aveyron, près des lieux qui produisent le plus de déchets, c’est à dire entre Rodez et Millau. Et bien non !
L’entreprise millavoise de BTP Sévigné a bien essayé d’installer un projet sur le Lévezou entre Pont-de-Salars et Millau où la densité de population n’est que de 11 habitants/km2, mais la FDSEA et les élus locaux n’en ont pas voulu. Il n’a pas insisté car un autre projet et un autre lieu étaient en réserve.
Sévigné s’est alors allié à Séché pour créer une société appelée Solena.
Solena s’est donc replié sur Viviez, sur les terres de Séché où les élus locaux en mal d’idées pour développer leur territoire ont accueilli ce projet à bras ouverts.
Ce futur équipement (s’il voyait le jour) serait situé à Viviez (densité de 200 habitants/km2) à 300 mètres des premières habitations et à 200 mètres d’une usine classée Seveso seuil bas.
Les habitants de l’Aveyron et encore moins ceux de Viviez n’ont bien sûr pas été consulté dans ses magouilles entre industriels et notables locaux.
Si les élus locaux sont favorables à ce projet, il en est tout autre pour la population ! Un collectif contre ce projet a de suite été créé, vite transformé en association : ADEBA (Association pour la Défense de l’Environnement du Bassin et ses Alentours). Une association très active qui organise depuis plus d’un an des manifestations, des réunions d’information sur le projet, des concerts de soutien… mais engage aussi une réflexion pour une prévention et une gestion économe, écologique, citoyenne et solidaire des déchets, notamment avec la participation de Thibault Turchet de l’association Zéro Waste France. Ils ont également initié une rencontre avec le journaliste Philippe Gagnebet auteur de deux ouvrages sur l’écosytème Darwin à Bordeaux et sur la commune de Loos-en-Gohelle, pour débattre avec la population locale d’un autre modèle économique qui fait la part belle à l’écologie et la solidarité.
Pas plus tard que fin décembre, l’association a appris à travers quelques lignes d’une délibération du conseil communautaire de Decazeville Communauté, ce qu’elle entrevoyait depuis longtemps : ce projet aveyronnais excentré bizarrement au nord-ouest du département à Viviez, accueillerait vraisemblablement aussi une bonne partie des déchets du département du Lot mais aussi du Cantal. Les habitants sont bien sûr très remontés. D’autant que le projet prévoit un procédé de TMB (tri mécano-biologique) des déchets maintenant banni par la Loi de Transition Energétique qui préconise avant tout, le tri à la source des biodéchets. Ce procédé de TMB a été rejeté maintes fois par les Cours administratives d’appels, notamment le 12 décembre dernier pour un TMB-incinération déjà construit à Rochefort.
L’association est bien sûr consciente qu’il faut traiter les déchets même s’il faut avant tout éviter d’en produire. Mais le tri à la source des biodéchets et leur traitement proche, le recyclage, le réemploi, la réparation avec la multiplication de petites entreprises du secteur de l’économie sociale et solidaire comme Regain à Figeac, la mise en place rapide de la redevance incitative seule à même de faire baisser la quantité de déchets… doivent éviter des monstres comme Solena. Il faut arriver réellement vers le zéro déchet en décharge ou en incinération tout en gardant une gestion publique des déchets.
Comme on s’en doute, Solena ne veut bien sûr pas entendre ces propositions. Le SYDOM 12 et les élus locaux non plus.
Le combat semble inégal entre une multinationale des déchets portée localement par son actionnaire Marc Sévigné, membre influent de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Aveyron mais aussi de celle de la Région Occitanie, et une petite association qui n’a pas de moyens financiers.
Mais l’ADEBA y croit et espère, comme l’a dernièrement fait l’association ADRISE dans les Hautes-Pyrénées, mettre définitivement un terme à ce projet destructeur.
En 2018 et 2019, l’ADEBA va intensifier ses actions, notamment au moment de l’enquête publique pour l’autorisation d’exploiter. Mais elle souhaite déjà mobiliser la population pour l’enquête publique pour la modification des PLU (Plan Local d’Urbanisme) de Viviez et d’Aubin, car pour le moment, il est impossible de construire sur les terrains rachetés par Séché.
Elle va également sensibiliser les habitants, les élus et les associations environnementales du Lot et du Cantal et les inviter à se mobiliser contre le projet démentiel Solena à Viviez et à inventer sur leurs territoires des alternatives à ce genre d’équipement.
Photos :
- Coupures de presse de 1986 relatant une grave pollution des eaux du Lot par l’entreprise Vieille-Montagne de Viviez. Ce n’était pas la première.
- Une vue actuelle de Viviez :
- C’est sur le crassier instable de plus d’un millions de m3 de déchets industriels contenant du cadmium, du zinc, de l’arsenic… situé à gauche, que serait installée l’usine de traitement des déchets, à 200 mètres de l’usine SNAM classée Seveso seuil bas et à 300 mètres des premières maisons de Viviez,
- Le centre de stockage de déchets ménagers serait lui situé dans l’Igue du Mas que vous apercevez au dessus de Viviez. Cette igue vient d’être débarrassée de 1 million de m3 de déchets industriels toxiques et Solena prévoit d’y mettre jusqu’à 2 millions de m3 de déchets ménagers. Cette igue recèle une châtaigneraie remarquable où logent des scarabées pique-prunes et toute une faune et une flore intéressante.
Vous pouvez signer la pétition en ligne « NON au projet Solena, OUI aux alternatives qui a déjà plus de 4 500 signataires :
https://www.mesopinions.com/petition/nature-environnement...
Vous pouvez suivre l’actualité de ce projet sur la page Facebook de l’ADEBA régulièrement tenue à jour :
https://www.facebook.com/pg/nonauprojetsolena/
Mail : 12adeba@gmail.com
Le site d’information sur l’écologie « Reporterre » a consacré un article en Juillet dernier, écrit par Grégoire Souchay venu enquêter sur place :
https://reporterre.net/Dans-l-Aveyron-bataille-entre-la-g...
Le journal alternatif aveyronnais « L’Empaillé » a consacré quatre pages à ce sujet dans son n° 3 de janvier 2017 :
https://reporterre.net/IMG/pdf/l_empaille_2017_-_dossier_...
Lire : “ La fabrication d'un héritage encombrant - Les pollutions métallurgiques de Viviez “ – A. Debourdeau – C.Gramaglia – 2013 – A partir de la page 335 : http://technique-societe.cnam.fr/medias/fichier/debordeme...
Etude Cassiopée (InVS) : http://invs.santepubliquefrance.fr/fr../layout/set/print/...
13:11 Publié dans Environnement, Politique locale, Vallée du Lot | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : viviez, aubin, solena, déchets | | Facebook | | Imprimer |