08/12/2019
Conseil municipal du 3 décembre : Avis pour le projet Solena
Lors de ce conseil municipal, nous devions donc donner un avis pour le projet de centre de traitement et de stockage de déchets prévu sur Viviez et Aubin, appelé Solena.
Ce projet, contesté par une grande partie de la population, a fait l'objet d'une note pour le moins succincte pour ce conseil municipal. Une note qui n'est sûrement pas en accord avec l'article L. 2121-12 du CGCT, qui précise que le maire est tenu d'adresser aux conseillers municipaux, dans les communes de 3 500 habitants et plus, une note explicative de synthèse sur chacune des affaires soumises à délibération, avec l'ordre du jour. Pour permettre aux conseillers de disposer d'une information suffisante leur permettant de remplir leur mandat, cette note de synthèse doit être suffisamment précise sur les motifs, les conditions et la portée de la décision que le conseil municipal est appelé à prendre.
La note pour ce point n'est pas du tout précise sur les motifs, les conditions et la portée de la décision de l'avis que nous devions prendre.
Quand à la présentation du projet en lui même par le maire, et d'un projet de délibération comportant des réserves qui a donc été connu au dernier moment par les conseillers municipaux, elle a été des plus courte et des plus imprécise.
Mon collègue Jean-Pierre Vaur a pris la parole pour dire son opposition à ce projet en argumentant sur certains points que je me permettrais de reprendre en les précisant.
Personne de la majorité n'a souhaité prendre la parole. C'est dire de l'intérêt de ce sujet pour les élus de cette majorité... ou la peur de contredire le chef.
J'ai alors pris la parole : vous avez ci dessous le texte intégral de mon intervention que j'avais bien entendu préparé comme à chaque intervention.
« Alors oui, je suis en colère sur la manière dont a été porté ce projet sur notre territoire, sur le refus des élus d'informer et de dialoguer avec la population, pendant qu'ils recevaient à bras ouverts de multiples fois les dirigeants de Solena et Séché.
Je suis en colère contre la supercherie fomentée par les entreprises et les élus pour imposer ce projet sur notre territoire. Car ce projet est le fruit d'une collaboration étroite entre plusieurs entreprises et quelques élus. Tout était vraisemblablement déjà décidé quand Umicore a confié la « dépollution » de ses sites à Séché, pour ensuite vendre ses terrains ainsi « dépollués » à l'entreprise « dépollueuse » qui souhaitait dès le départ installer ici un énorme centre de traitement et stockage de déchets. Il ne fait aucun doute que certains élus étaient bien sûr dans la confidence et qu'une stratégie était en place pour pousser ce projet dans certaines structures : conseil départemental, SYDOM, CCBDA...
En 2009, le maire de Viviez disait haut et fort face aux rumeurs qui courraient dans Viviez qu'il ne serait pas possible d'installer une décharge à l'Igue du Mas, parce que le PLU de Viviez l'interdisait.
Qu'à cela ne tienne ! On modifie le PLU ! Et c'est le même maire de Viviez, vice-président à l'urbanisme à Decazeville Communauté qui s'en charge, sous couvert bien sûr du président et des autres vices-présidents dont vous même, monsieur le Maire. Comment voulez-vous que les gens aient confiance aux élus avec de tels comportements ?
Ce dossier comporte de nombreuses incohérences, sûrement volontaires :
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Il est prévu par exemple le transfert des déchets par transporteur du centre de traitement situé à Dunet au centre de stockage situé à l'Igue du Mas
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Mais le projet n'exclu pas ce transfert par camions, donc la traversée de la RD5, et donc vraisemblablement la construction d'un giratoire. Au frais de qui ? Solena ? Sûrement pas, ce seront les contribuables aveyronnais qui payeront !
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Il est prévu une exploitation de l'ISDND de manière traditionnelle
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Mais le dossier n'exclu pas le mode bioréacteur (coût et techniques différents...)
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La délibération de Decazeville Communauté que vous avez voté tout à l'heure est proprement ahurissante :
C'est en fait la reproduction de la plaquette commerciale et des affirmations de Solena dans le dossier d'enquête, sans aucune réflexion propre à la Communauté de communes.
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Affirmer que 39 emplois directs et entre 100 et 120 emplois directs seraient créés dans ce dossier est totalement fantaisiste.
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Le PDPGDND de l'Aveyron de 2013 chiffrait à 16 emplois la création d'un PTMB et d'un ISDND pour traiter les déchets aveyronnais.
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En sachant que des emplois seraient détruits ailleurs, dans le Tarn bien sûr, mais aussi en Aveyron (la gestion des déchets de déchetteries fait déjà l'objet de marchés des communautés de communes avec des entreprises locales (Braley, Véolia, Boudou...). C'est pareil pour les DAE que Solena souhaite s'accaparer. Solena supprimera en fait de nombreux emplois en Aveyron, plus qu'elle ne pourra en créer.
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Permettre l'émergence de technologies de pointe ?
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Il faut savoir que les TMB sur ordures ménagères brutes sont interdits de fonctionner par les tribunaux administratifs et les cours d'Appels tant ce processus est mauvais
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Proposer au SYDOM 12 une offre locale de traitement des déchets ménagers du département répondant aux exigences de la LTECV ?
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Mais le département avait déjà une solution qui a été rejetée par les élus départementaux et les délégués du SYDOM 12, uniquement pour favoriser le projet Solena. La solution Trifyl était d'ailleurs beaucoup plus performante au regard de la LTECV que Solena, puisque Trifyl valorisera 80% des déchets résiduels tandis que Solena n'en valorisera à terme que 51%.
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Ce projet est incompatible avec le PDPGDND de l'Aveyron.
Le PRPGD d'Occitanie n'étant pas encore adopté, c'est le Plan départemental de prévention et de gestion des déchets non dangereux (PDPGDND) de l'Aveyron, adopté en 2013, qui est toujours en vigueur et le projet SOLENA doit s'y conformer.
Le PDPGDND prévoit que la future ISDND doit se situer dans une des zones BLANCHES figurant sur une carte établie au regard de tous les critères.
Comme le reconnaît SOLENA, le site de l'Igue du Mas est en zone ROUGE, « zone défavorable à l'implantation d'une ISDND ».
Mais par des manipulations fantaisistes, Solena tente dans son dossier de faire rentrer l'Igue du Mas dans les zones blanches. C'est malheureusement impossible au regard des critères de la proximité de tiers, de la proximité d'activités anthropiques, de la géologie et de l'hydrogéologie.
Un projet excentré, loin des principaux lieux de production de déchets aveyronnais :
Le projet SOLENA se situe à l'extrémité nord ouest du département de l'Aveyron, loin des secteurs les plus peuplés comme l'agglomération ruthénoise et le millavois qui produisent le plus de déchets. Ce qui obligera à faire parcourir de longues distances aux déchets de tout le centre et de tout le sud du département, avec des effets négatifs sur les consommations d'énergie, la pollution atmosphérique, les rejets de gaz à effet de serre et les risques d'accidents.
Une étude du SYDOM, révélée par M. le président du SYDOM lors d'une rencontre avec l'ADEBA à laquelle j'assistais, notait même que le projet Solena n'apportait aucune amélioration par rapport au projet Trifyl en matière d'impact environnemental du transfert des déchets des quais de transfert aveyronnais vers ces deux lieux de traitement.
Dans l'Avis de l'Autorité environnementale inclus dans le dossier d'enquête, la Mission régionale d'autorité environnementale (MRAe) écrit à ce sujet :
« Compte tenu des modifications importantes de gestion des déchets dans l'Aveyron liées au projet, la MRAe recommande que l'étude d'impact soit complétée par une analyse comparative plus détaillée des modalités de gestion actuelles et futures des déchets à l'échelle du département, portant notamment sur les kilomètres parcourus par les véhicules de transport de déchets, les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'énergie associées. »
Cela montre que la MRAe se pose des questions sur le choix qui a été fait par SOLENA pour l'implantation de l'usine de traitement et de l'ISDND.
A ce jour, nous n'avons pas de nouvelle de cette analyse comparative demandée par la MRAe.
L'enquête publique relative au projet de Plan régional de prévention et de gestion des déchets d'Occitanie (PRPGD) s'est déroulée du 3 juin au 4 juillet 2019.
Dans les conclusions de la commission d'enquête, on trouve un paragraphe intitulé « Le positionnement des sites de collecte / traitement en Aveyron et plus généralement l'optimisation des kilomètres parcourus par les déchets ». On y lit notamment ceci :
« C'est pourquoi la commission d'enquête s'inquiète du schéma général qui semble s'envisager sur le département de l'Aveyron, avec une modernisation du centre de tri de Millau et un site de traitement à Viviez, tous deux très excentrés et diamétralement opposés au barycentre des populations aveyronnaises et des pôles d'activités, incontestablement situés près de l'agglomération ruthénoise.»
Un Rapport de 2019 de la Chambre régionale des comptes d'Occitanie pour le compte du SYDOMnote que ce projet est surdimensionné, mais il critiquait aussi le positionnement géographique de Solena :
« Le site pressenti par des investisseurs privés (SOLENA) est sur les communes de Viviez et d'Aubin, soit en limite Nord-Ouest du département de l'Aveyron, à 5 kilomètres à peine du quai de transfert réalisé par le SYDOM, en 2014, à Decazeville. A l'évidence, une telle implantation va à l'encontre des objectifs initiaux du SYDOM qui soulignait, en 2012, que : « (...) la simple logique environnementale et économique conduirait à retenir comme zone préférentielle un site à proximité des principaux gisements et situé en zone dite blanche ».
Les principaux gisement de déchets se situent en région ruthénoise et les zones blanches ne manquent pas dans ce secteur, y compris dans la périphérie de Rodez.
Ce projet aurait un fort impact sur les espèces protégées :
Comme le montre bien l'Etude d'impact du dossier, et comme le démontre fort bien l'étude de Christian Conrad, naturaliste à l'APIFERA, invité durant quatre jours par l'ADEBA pour parcourir les sites, la réalisation du projet SOLENA aura des impacts importants sur les milieux naturels et sur de nombreuses espèces animales, avec notamment le défrichement de 4,6 hectares à l'Igue du Mas, ce qui est une hérésie dans cet espace riche en biodiversité en raison notamment d'une forêt de châtaigniers matures remarquables.
Contribution Christian Conrad.pdf
L'Etude d'impact présente les mesures d'évitement, de réduction et de compensation destinées à limiter ces impacts.
Cependant le maître d'ouvrage reconnaît, dans le Dossier de demande de dérogation aux interdictions de destruction d'espèces protégées, que ces mesures ne suffiront pas à éliminer totalement les atteintes aux nombreuses espèces protégées et à leurs habitats, d'où le dossier de demande de dérogation qui porte sur le nombre considérable de 60 espèces d'animaux : 1 insecte, 9 amphibiens, 5 reptiles, 32 oiseaux, 12 chiroptères et un mammifère terrestre (hérisson).
Je suis bien sûr totalement opposé aux dérogations demandées qui auront pour conséquence d'appauvrir la biodiversité pourtant en pleine expansion de ce secteur dans un contexte général d'effondrement de la biodiversité ordinaire en France et dans le monde.
Quant à des mesures de compensation telles que la création de mares ou l'aménagement de gîtes favorables aux reptiles et aux amphibiens, ça ne marche malheureusement pas.
Je me suis ensuite penché sur les réserves formulées par Decazeville Communauté dans son projet de délibération :
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Autoriser l'Igue du Mas à n'accueillir que des déchets ultimes :
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Qui ira vérifier ? Le président de Decazeville Communauté ? Le maire de Viviez ? Avec la baisse continu du nombre d'inspecteurs des Installations Classées, Solena fera ce qu'elle voudra...
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Comme a fait avant elle Umicore sur ce lieu. Sachez par exemple, que dans les déchets industriels de l'Igue du Mas enlevés en 2010, on a découvert 18 tonnes de Pentoxyde de Vanadium qui est un poison violent.
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Garantir le respect des prescriptions notamment celles relatives à la maîtrise des nuisances olfactives à l'extérieur du site... :
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J'ai visité de nombreux sites de traitement des déchets en Midi-Pyrénées et je peux vous dire que garantir qu'il n'y aura pas de nuisances olfactives, c'est impossible.
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De ne pas nuire aux habitations du Crouzet et de la Peyrolière :
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Mais ce sont tous les habitants de Viviez, Aubin et au delà qui vont subir les nuisances de cette activité. C'est d'ailleurs pour cela que le PDPGDND de l'Aveyron avait exclu ce site.
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De garantir la maitrise stricte des risques d'incendie :
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L'industrie des déchets est l'activité industrielle la plus accidentogène en France et les incendies y sont malheureusement fréquents. Séché est d'ailleurs un spécialiste en la matière :
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Le centre de tri de Séché à Changé a brûlé en 2014 dans les mois qui ont suivi sa mise en service.
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Séché est aussi à l'origine avec sa filiale Tredi, d'un incendie monstre qui a duré un mois et intoxiqué des dizaines de pompiers sur le site de stockage de déchets dangereux de Stocamine dans l'est de la France.
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Imaginez un incendie au centre de tri à Dunet situé à 200 mètres à peine et en surplomb de la SNAM, classée Seveso, et de l'entrepôt de logistique et des camions de ATL ? Imaginez les braises incandescentes qui retombent sur ces bâtiments et les effets désastreux qui peuvent en découler par effet domino ?
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Imaginez un incendie dans les déchets de l'Igue du Mas, c'est malheureusement également fréquent, et les conséquences sur la forêt de châtaigniers matures tout autour et sur les habitations proches et même la SNAM ?
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De revoir le tracé des servitudes :
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Visiblement, Solena tient à ces 200 mètres de servitudes autour de l'Igue du Mas. C'est d'ailleurs un grave problème pour les exploitations agricoles locales et plus généralement pour les propriétaires des parcelles qui n'ont le droit d'user de leur propriété comme bon leur semble.
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De réutiliser le transbordeur au lieu des camions sur la RD 5 :
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Solena fera ce qu'elle voudra puisque il est bien noté dans le dossier que selon les contrainte économiques, il choisiront le transbordeur ou la route et les camions.
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De maintenir et entretenir le chemin privé de Peyrolière à l'Igue du Mas :
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Là aussi, ce chemin étant privé, Solena fera ce qu'elle voudra. La meilleure solution aurait été que le maire d'Aubin ne vende pas le chemin initial à Solena.
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Et de toute façon, qui aura envie de fréquenter ce chemin si des déchets y sont entreposés juste à côté
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Quand à la création d'une structure de « vigilance/surveillance », c'est un gadget qui ne marche nulle part ailleurs.
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Mais on peut considérer que ça existe déjà sur notre territoire avec la commission de suivi des sites industriels (CSS) qui se réunit tous les ans et où pas grand monde ne souhaite réellement l'intégration de particuliers ou de l'ADEBA.
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Quand aux contrôles de la DREAL, là aussi c'est un vœu pieu puisque le nombre d'inspecteurs des IC est en baisse constante depuis des années.
L'exemple du comportement de Sénerval, filiale de Séché qui gère l'incinérateur de Strasbourg, devrait nous faire réfléchir.
Pour masquer des pics de pollution illégaux, l'entreprise rend ses appareils de mesures tout simplement indisponibles durant ces pics. Quand elle redémarre ses fours ou quand elle brûle par exemple des fenêtres en PVC, les appareils de mesures ne fonctionnent pas. Or, ce sont lors de ces épisodes que les dioxines, les furanes et les autres rejets dangereux sont en plus grand nombre.
Un fiche pour contourner la légalité et pour paramétrer les appareils de mesure circule même dans le personnel.
Tout cela pour éviter d'investir dans la modernisation des équipements. La DREAL avoue son impuissance à surveiller comme il faudrait ces entreprises et les sanctions sont de toute façon trop faibles pour qu'elles changent. Et puis il y a le chantage permanent à l'emploi (même s'il n'y en a pas beaucoup) et surtout le chantage aux déchets : qu'aller-vous faire de vos déchets si nous avons une interdiction de fonctionner ?
Soyez certains que Solena fonctionnera comme Senerval... et comme d'autres filiales de Séché.
La meilleure solution pour ne pas être empoisonné est de ne pas faire confiance à ces entreprises privées.
Toutes les délibérations de Decazeville Communauté sur ce projet ont été faites au nom de l'Intérêt général :
Comment prétendre agir pour défendre l'intérêt général alors que l'on ne défend, avec ce projet, que les intérêts d'une multinationale des déchets cupide et polluante.
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Défendre l'intérêt général des habitants du Bassin, c'est d'abord réduire la quantité de déchets produits, en instaurant la redevance incitative qui favorise le recyclage et la baisse du poids de la poubelle résiduelle. Tout était prêt en 2014 à votre arrivée pour le faire. Mais vous avez choisi de faire le contraire en passant de la tarification par redevance à la tarification par taxe.
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Défendre l'intérêt général, c'était mettre en place le tri à la source des biodéchets pour les traiter à part avec des solution locales douces : compostage, co-compostage, apport en petite méthanisation agricole... Le problème est tout juste abordé maintenant alors que c'était en début de mandat qu'il fallait s'en occuper
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Pour défendre l'intérêt général, vous auriez dû consacrer au moins 4 à 5 % du budget des ordures ménagères à la prévention des déchets, en embauchant par exemple un ou deux spécialistes pour sensibiliser la population sur le tri, sur l'attention que l'on doit porter à nos actes d'achats par exemple... Vous avez consacré en 2018 seulement 0,1% de ce budget à la prévention. C'est honteux !
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Pour défendre l'intérêt général vous auriez dû favoriser l'installation sur le Bassin d'une recyclerie associée aux deux déchetteries pour réparer, recycler, réemployer... des tas d'objets qui finissent dans les bennes, et créer dans ce domaine des dizaines d'emplois locaux et réels. Parce que c'est dans ce domaine que sont créés les emplois de demain dans le secteur des déchets, par avec les monstres comme Solena.
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Pour défendre l'intérêt général vous auriez dû étudier avec attention toutes les possibilités offertes pour traiter les déchets de notre territoire. Au lieu de cela, vous avez favorisé dès le départ le projet Solena. La création d'une SEM avec Trifyl et le Grand Albi était bien sûr et de loin la meilleure solution technique, écologique, financière et éthique pour les Aveyronnais.
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Comment pouvez vous prétendre défendre l'intérêt général en soutenant un projet qui va faire exploser la facture de la collecte et du traitement des déchets de tous les habitants du Bassin et de l'Aveyron.
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Vous avez pratiquement fait tout le contraire de ce qu'il aurait fallu faire pour défendre l'intérêt général et vous nous expliquez maintenant que confier la masse de déchets que vous avez contribué à faire grossir à une entreprise privée est la meilleure solution ? Vous vous moquez de la population !
Si vous aviez pris toutes ces mesures indispensables et si toutes les communautés de communes aveyronnaises avaient fait de même durant ce dernier mandat, nous n'aurions pas besoin d'un tel monstre à Viviez et Aubin ou même ailleurs en Aveyron. Avec ces solutions, il aurait dû rester rapidement entre 25 et 30 000 tonnes de déchets aveyronnais à traiter. Une paille par rapport au 70 000 tonnes actuels et aux 110 000 tonnes que Solena entend traiter à Viviez.
Le projet Solena, début d'un pôle de traitement des déchets de toutes sortes, peu créateur d'emplois, mais surtout très polluant.
Solena a 140 ha de terrains sur ses sites de Viviez et d'Aubin et elle va s'appliquer de les remplir de tout et n'importe quoi.
D'ores et déjà, Solena à prévu de brûler des CSR.
CSR : contenus de la poubelle résiduelle (sac noir) hors déchets biodégradables : la plupart sont recyclables mais la taille, leur mélange ne permet pas pour l'instant de les recycler. Ce sont des morceaux de cartons, de papier usagers, mais surtout des plastiques en mélange, des blisters, des caoutchoucs, des mousses... donc des produits générés en grande partie par l'industrie pétrolière.
Decazeville Communauté est bien sûr partenaire de ce projet d'incinération de CSR à travers un projet appelé pompeusement : « Decazeville, cité des énergies renouvelables ». Comme si brûler des produits issus de l'industrie pétrolière constituait une énergie renouvelable ! Nous sommes là encore en pleine mystification, en plein « greenwashing » comme on dit.
En décembre 2013, vous avez voté avec M. Christian Tieulié, grand défenseur du projet Solena au conseil départemental et au SYDOM,contre la vente au SYDOM d'un terrain à La Romiguière pour installer un quai de transfert.Ce quai de transfert était destiné à éviter à nos camions de collecte de faire des kilomètres pour rejoindre un autre quai de transfert beaucoup plus loin et engendrer ainsi des frais et des rejets de GES supplémentaires.
Vente d'un terrain au SYDOM à La Romiguière - CM-021213.pdf
Il ne s'agissait pourtant que de stocker sur une courte période nos propres déchets ménagers, ceux des deux communautés de communes (CCVL et CCDA) qui n'en font plus qu'une maintenant, avant de les transférer chez Trifyl. Cet équipement a reçu 4 600 tonnes de déchets résiduels en 2018.
Vous avez refusé ce quai de transfert et aujourd'hui, vous voulez imposer à la population locale le traitement de 110 000 tonnes de déchets ménagers et divers et le stockage en plein air de la moitié environ à Viviez et Aubin, à 300 mètres des premières habitations et à 200 mètres d'une entreprise classée Seveso, et à l'entrée du Bassin ? C'est à dire 24 fois plus de déchets par an qu'à La Romiguière où nos propres déchets sont stockés dans des bennes étanches ! C'est incompréhensible !
Chers collègues,
Les habitants de Viviez, conscients des nuisances de ce projet, y sont très majoritairement opposés. Ne nous y trompons pas, ce projet pénalisera aussi notre commune et ses habitants. Les nuisances olfactives seront ressenties dans la vallée du Riou Mort jusque sur notre commune lorsque les vents le permettront. Le nombre de camions sur la RD 840 va considérablement augmenter dans la traversée Decazeville, contribuant un peu plus à dégrader la qualité de l'air et à accentuer les risques d'accidents routiers. Les prix de l'immobilier, déjà très bas, vont poursuivre leur baisse. Dans un contexte de baisse démographique, des habitants vont vraisemblablement choisir de partir et les arrivées se feront de plus en plus rares. Les entreprises vertueuses iront s'installer ailleurs, l'activité touristique et thermale va s'en ressentir fortement...
Il y a quelques mois, lors de la délibération pour la réouverture de l'ISDD de Montplaisir, nous avons démontré que, lorsqu'un projet nous semble équivoque, nous pouvions décider de ne pas voter favorablement. Et à une très large majorité.
Malheureusement, cela n'a pas suffit car les seules six voix qui se sont portées favorables au projet de Montplaisir ont permis à ce projet d'être adopté par notre conseil municipal.
Vous avez donc compris avec Montplaisir, que s'abstenir, c'est favoriser en fait un vote favorable au projet avec très peu de voix.
Je vais donc vous demander, pour cet avis qui sera, je pense, le vote le plus important de ce mandat et le plus important pour l'avenir de notre territoire, de prendre une décision courageuse.
Je vous demande donc de donner un avis défavorable à ce projet. Nous sommes la commune la plus importante de Decazeville Communauté, ce sera donc un signal fort que nous enverrons à Mme la Préfète qui doit prendre un arrêté prochainement, après l'avis des commissaires enquêteurs.
Je vous en remercie par avance. »
A la fin de ce conseil municipal, le maire qui s'apprêter à sortir s'est arrêté à mon niveau pour me dire « ton argumentaire était si incompréhensible que même tes soutiens de l'ADEBA ne l'ont pas compris ». J'ai d'abord ressenti dans ses propos une sorte de mépris pour ces « gens du peuple » qui refusent ce projet et qui seraient donc des ignares, des moins que rien.
Les membres de l'ADEBA présents à ce conseil municipal, qui ont applaudi à la fin de mon intervention, ont très bien compris mes arguments car ils les connaissent tous très bien. Ceux qui n'ont rien compris, englués dans leurs dogmes et au garde à vous devant leur chef, ce sont ceux qui ont voté pour ce projet destructeur.
Le résultat du vote de cet avis que nous avions à donner pour le projet Solena a, comme pour Viviez et Aubin, été catastrophique pour notre territoire : à Decazeville, seulement quatre voix venant de la minorité municipale se sont opposées au projet, deux élus se sont abstenus (un de la minorité et un de la majorité) et tous les autres élus ont obéi au maire et voté pour ce projet. Consternant !
Parmi les élus qui ont voté favorablement au projet Solena, combien avaient lu le dossier complet ? Aucun ! Combien avaient simplement lu les résumés non techniques ? Je pense aucun également.
Dans son ouvrage « La Médiocratie », le philosophe Alain Deneault raconte comment les gens médiocres ont pris le pouvoir dans la politique en France. Il attribue cette médiocratie à la prise de pouvoir des « experts » facilitée par le désengagement politique des élus. Le mot " politique " doit être pris dans son sens étymologique, « s'occuper de la vie de la cité », et non dans le sens « parti politique ». Les élus sont devenus en fait de simples gestionnaires des décisions prises par les « experts » convertis depuis longtemps à l'économie libérale.
Cette « médiocratie » se retrouve malheureusement jusque chez les élus locaux.
Obéissance inconditionnelle au chef, méconnaissance des dossiers par désintérêt ou par fainéantise, incompétence, confiance aveugle aux « experts » des entreprises ou des collectivités, sentiment de supériorité, mépris du peuple...
Très peu d'élus des communes concernés par ce projet n'ont, par exemple, participé directement à l'enquête publique sur le registre numérique. Seuls trois ou quatre élus opposés à ce projet y ont participé sur les 480 contributions. Pourquoi ? Parce que la plupart des élus ne connaissent pas le dossier, s'en désintéressent et délèguent donc leurs pouvoirs aux maires, ou ne veulent pas se mélanger avec les simples citoyens...
La démocratie locale est mal en point sur le Bassin.
Il ne reste plus qu'à espérer un rebond des électeurs pour élire de nouveaux élus plus responsables et plus à l'écoute de la population lors des prochaines élections municipales.
Photos :
1 : Emplacement centre de traitement, à quelques centaines de mètres de l'école - jlc
2 : Note conseil municipal de Decazeville
3 : Midi Libre du 10 octobre 2009
4 : Carte zones acceptables (blanc) pour accueillir de tels équipement. Le Bassin est en rouge pour plusieurs critères - PRPGDND 12
5 : Carte situation projet
6 : Igue du Mas ou serait situé le centre de stockage de déchets. Site magnifique avec une forêt importante de châtaigniers matures - @ADEBA
7 : Inventaire 2018 accidentologie sites industriels - Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire
8 : Decazeville, cité des Energies Renouvelable - DC - Comme si faire de la chaleur en brûlant des produits fabriqués à base de produits pétroliers pouvait constituer une énergie renouvelable ! #greenwashing
9 : Une partie du public, en grande partie formé par des opposants au projet Solena, lors de ce conseil municipal
15:33 Publié dans Climat, Energie, Environnement, Politique locale, Travail - Emploi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : decazeville, viviez, aubin, déchets, environnement | | Facebook | | Imprimer |
02/02/2018
Les déchets du Lot à Viviez dans l’Aveyron ?
Vous avez ci-dessous l'article que j'ai écrit pour le seul journal indépendant du Lot "Le Lot en Action" concernant le projet Solena.
Quelques exemplaires de cet excellent journal sont en vente dans les Maisons de la Presse de l'Aveyron. Autrement, si vous avez l'occasion d'aller dans le Lot proche, vous le trouverez dans les Maisons de la Presse et les librairies, dont « Livre en Fête » et « Champollion » à Figeac.
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Les habitants de Viviez, pratiquement à la limite de l’Aveyron et du Lot, croyaient en avoir fini de 160 années de pollutions industrielles.
C’était sans compter sur la volonté de certaines entreprises et des élus locaux de poursuivre cette vieille tradition locale.
Les riverains de la rivière Lot connaissent bien Viviez et son usine emblématique filiale du groupe belge Vieille-Montagne devenue Umicore. Pendant des dizaines d’années, cette usine a envoyé dans les airs et sur les sols du Bassin de Decazeville ainsi que dans les eaux du Lot des centaines de tonnes de métaux lourds dont du cadmium qui se retrouvent encore aujourd’hui dans les sédiments des retenues, écluses et barrages jusque dans l’estuaire de la Gironde. Les énormes pollutions accidentelles du Lot en 1983 et 1986 à partir de cette usine ont laissé des souvenirs douloureux aux pêcheurs, aux amoureux de cette rivière et aux élus de Cajarc, Cahors… qui étaient à juste titre très remontés.
Ces pollutions ont également eu, et ont encore des impacts importants sur la santé des Viviézois. C’est ce qu’avait noté une étude de l’InVS (Cassiopée) datant de 2008.
Au début des années 2000, Umicore avait été obligé par les pouvoirs publics de réaliser une réhabilitation de ses sites afin de faire cesser ses rejets chroniques de métaux lourds dans le milieu naturel. Il était temps ! Cette réhabilitation annoncée à grand renfort de communication prévoyait en phase finale la végétalisation de tous les sites. Cette réhabilitation des sols a été confiée au groupe Séché, spécialiste des déchets et de la remédiation des sols dont le siège est à Changé en Mayenne. Avec du recul, la population aurait du se méfier. Séché avait déjà sa petite idée. Pourquoi végétaliser des terrains qui pourraient être utilisés à une activité ? Un deal a vraisemblablement été conclu dès l’accord de marché de dépollution entre Umicore et Séché afin de pouvoir construire sur ces terrains réhabilités et rachetés à Umicore par Séché, une usine de traitement et de stockage de déchets. Rajoutons que, dès le début, quelques élus, au conseil général de l’Aveyron mais aussi des délégués du syndicat des déchets (SYDOM 12), principalement de droite, ont vu cela d’un très bon œil. Ils ont donc décidé de ne pas renouveler après 2020 le partenariat qui les liait avec le syndicat des déchets du Tarn (Trifyl), prétextant qu’il fallait traiter les déchets aveyronnais en Aveyron. A une gestion publique des déchets, ils ont préféré choisir un projet privé, plus onéreux pour les foyers aveyronnais.
La logique aurait voulu que le nouveau centre de traitement et de stockage de déchets départemental se situe au centre de l’Aveyron, près des lieux qui produisent le plus de déchets, c’est à dire entre Rodez et Millau. Et bien non !
L’entreprise millavoise de BTP Sévigné a bien essayé d’installer un projet sur le Lévezou entre Pont-de-Salars et Millau où la densité de population n’est que de 11 habitants/km2, mais la FDSEA et les élus locaux n’en ont pas voulu. Il n’a pas insisté car un autre projet et un autre lieu étaient en réserve.
Sévigné s’est alors allié à Séché pour créer une société appelée Solena.
Solena s’est donc replié sur Viviez, sur les terres de Séché où les élus locaux en mal d’idées pour développer leur territoire ont accueilli ce projet à bras ouverts.
Ce futur équipement (s’il voyait le jour) serait situé à Viviez (densité de 200 habitants/km2) à 300 mètres des premières habitations et à 200 mètres d’une usine classée Seveso seuil bas.
Les habitants de l’Aveyron et encore moins ceux de Viviez n’ont bien sûr pas été consulté dans ses magouilles entre industriels et notables locaux.
Si les élus locaux sont favorables à ce projet, il en est tout autre pour la population ! Un collectif contre ce projet a de suite été créé, vite transformé en association : ADEBA (Association pour la Défense de l’Environnement du Bassin et ses Alentours). Une association très active qui organise depuis plus d’un an des manifestations, des réunions d’information sur le projet, des concerts de soutien… mais engage aussi une réflexion pour une prévention et une gestion économe, écologique, citoyenne et solidaire des déchets, notamment avec la participation de Thibault Turchet de l’association Zéro Waste France. Ils ont également initié une rencontre avec le journaliste Philippe Gagnebet auteur de deux ouvrages sur l’écosytème Darwin à Bordeaux et sur la commune de Loos-en-Gohelle, pour débattre avec la population locale d’un autre modèle économique qui fait la part belle à l’écologie et la solidarité.
Pas plus tard que fin décembre, l’association a appris à travers quelques lignes d’une délibération du conseil communautaire de Decazeville Communauté, ce qu’elle entrevoyait depuis longtemps : ce projet aveyronnais excentré bizarrement au nord-ouest du département à Viviez, accueillerait vraisemblablement aussi une bonne partie des déchets du département du Lot mais aussi du Cantal. Les habitants sont bien sûr très remontés. D’autant que le projet prévoit un procédé de TMB (tri mécano-biologique) des déchets maintenant banni par la Loi de Transition Energétique qui préconise avant tout, le tri à la source des biodéchets. Ce procédé de TMB a été rejeté maintes fois par les Cours administratives d’appels, notamment le 12 décembre dernier pour un TMB-incinération déjà construit à Rochefort.
L’association est bien sûr consciente qu’il faut traiter les déchets même s’il faut avant tout éviter d’en produire. Mais le tri à la source des biodéchets et leur traitement proche, le recyclage, le réemploi, la réparation avec la multiplication de petites entreprises du secteur de l’économie sociale et solidaire comme Regain à Figeac, la mise en place rapide de la redevance incitative seule à même de faire baisser la quantité de déchets… doivent éviter des monstres comme Solena. Il faut arriver réellement vers le zéro déchet en décharge ou en incinération tout en gardant une gestion publique des déchets.
Comme on s’en doute, Solena ne veut bien sûr pas entendre ces propositions. Le SYDOM 12 et les élus locaux non plus.
Le combat semble inégal entre une multinationale des déchets portée localement par son actionnaire Marc Sévigné, membre influent de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Aveyron mais aussi de celle de la Région Occitanie, et une petite association qui n’a pas de moyens financiers.
Mais l’ADEBA y croit et espère, comme l’a dernièrement fait l’association ADRISE dans les Hautes-Pyrénées, mettre définitivement un terme à ce projet destructeur.
En 2018 et 2019, l’ADEBA va intensifier ses actions, notamment au moment de l’enquête publique pour l’autorisation d’exploiter. Mais elle souhaite déjà mobiliser la population pour l’enquête publique pour la modification des PLU (Plan Local d’Urbanisme) de Viviez et d’Aubin, car pour le moment, il est impossible de construire sur les terrains rachetés par Séché.
Elle va également sensibiliser les habitants, les élus et les associations environnementales du Lot et du Cantal et les inviter à se mobiliser contre le projet démentiel Solena à Viviez et à inventer sur leurs territoires des alternatives à ce genre d’équipement.
Photos :
- Coupures de presse de 1986 relatant une grave pollution des eaux du Lot par l’entreprise Vieille-Montagne de Viviez. Ce n’était pas la première.
- Une vue actuelle de Viviez :
- C’est sur le crassier instable de plus d’un millions de m3 de déchets industriels contenant du cadmium, du zinc, de l’arsenic… situé à gauche, que serait installée l’usine de traitement des déchets, à 200 mètres de l’usine SNAM classée Seveso seuil bas et à 300 mètres des premières maisons de Viviez,
- Le centre de stockage de déchets ménagers serait lui situé dans l’Igue du Mas que vous apercevez au dessus de Viviez. Cette igue vient d’être débarrassée de 1 million de m3 de déchets industriels toxiques et Solena prévoit d’y mettre jusqu’à 2 millions de m3 de déchets ménagers. Cette igue recèle une châtaigneraie remarquable où logent des scarabées pique-prunes et toute une faune et une flore intéressante.
Vous pouvez signer la pétition en ligne « NON au projet Solena, OUI aux alternatives qui a déjà plus de 4 500 signataires :
https://www.mesopinions.com/petition/nature-environnement...
Vous pouvez suivre l’actualité de ce projet sur la page Facebook de l’ADEBA régulièrement tenue à jour :
https://www.facebook.com/pg/nonauprojetsolena/
Mail : 12adeba@gmail.com
Le site d’information sur l’écologie « Reporterre » a consacré un article en Juillet dernier, écrit par Grégoire Souchay venu enquêter sur place :
https://reporterre.net/Dans-l-Aveyron-bataille-entre-la-g...
Le journal alternatif aveyronnais « L’Empaillé » a consacré quatre pages à ce sujet dans son n° 3 de janvier 2017 :
https://reporterre.net/IMG/pdf/l_empaille_2017_-_dossier_...
Lire : “ La fabrication d'un héritage encombrant - Les pollutions métallurgiques de Viviez “ – A. Debourdeau – C.Gramaglia – 2013 – A partir de la page 335 : http://technique-societe.cnam.fr/medias/fichier/debordeme...
Etude Cassiopée (InVS) : http://invs.santepubliquefrance.fr/fr../layout/set/print/...
13:11 Publié dans Environnement, Politique locale, Vallée du Lot | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : viviez, aubin, solena, déchets | | Facebook | | Imprimer |
01/08/2017
Aménagement ou déménagement du territoire ?
« Soutenir les territoires en crise ou aider leurs habitants à s’installer ailleurs ? » Tel est le titre pour le moins provocateur de la dernière publication du CGET (Commissariat Général à l’Egalité des Territoires) : En bref #41
Provocateur, car les conclusions de cette enquête réalisée par le Credoc montrent que dans leur grande majorité, les Français préfèrent rester sur le territoire où ils habitent. Les trois quart des Français répondent qu’ils préfèrent une aide des pouvoirs publics pour réaliser leurs projets de vie dans les territoires dans lesquels ils vivent plutôt que des aides pour s’installer dans un autre territoire.
Cette enquête fait aussi ressortir un facteur primordial dans ce choix : " Le cadre de vie agit de façon importante dans le fait de vouloir déménager ou pas. L’amélioration du cadre de vie est, en France, la principale motivation de déménager (47 %). La possibilité de trouver de nouvelles opportunités professionnelles ne vient qu’en deuxième position (22 % en moyenne). Toutefois, ce taux s’élève à 33 % chez les chômeurs et 28 % chez les personnes ayant de bas revenus tout en restant inférieur à celui de l’amélioration du cadre de vie (respectivement 45 % et 52 %).“
D'après cette enquête, ce sont d’ailleurs les personnes qui ne sont pas satisfaites de leur cadre de vie actuel qui sont le plus favorables aux aides à la mobilité.
Voilà qui devrait faire réfléchir nos élus avant de favoriser l’installation d’un centre de traitement et de stockage de déchets à Viviez et Aubin qui signerait à coup sûr un nouvel exode de la population du Bassin à l’extérieur et constituerait un frein définitif à l’installation de nouveaux arrivants.
La conclusion de cette enquête du CGET est intéressante :
« La mobilité géographique, quoique souhaitée, n’apparaît donc pas comme une solution réaliste. Cette situation trouve un exutoire dans une demande d’intervention publique dans les territoires en difficultés, particulièrement forte chez les personnes les plus fragiles (population à bas revenu, ruraux, jeunes).
Les personnes percevant leur territoire comme en crise ou délaissé, mettent alors en avant la nécessité de voir s’installer de nouvelles entreprises, s’améliorer l’offre de soins et la présence de services publics (mairie, Caisses d’allocations familiales, Pôle emploi...). Ces attentes viennent partiellement compenser un défaut de mobilité : les populations fragiles, ne voyant pas dans un déménagement une solution à leurs problèmes, notamment en termes d’emploi, demandent que les solutions et les emplois viennent sur leur territoire, par l’intervention des pouvoirs publics. »
Installation d’entreprises, amélioration de l’offre de soins et des services publics, amélioration du cadre de vie, voilà qui correspond tout à fait aux attentes actuelles de la population du Bassin de Decazeville : maintien de la maternité et amélioration de tous les services de l’hôpital, développement des emplois industriels et tertiaires, révision totale du PPRM et aides pour d’éventuels travaux, rejet du projet Solena…
L’Etat doit donc écouter ces demandes fortes et faire en sorte d’aider notre territoire au lieu de l’enterrer comme il le fait actuellement.
Mais les élus locaux doivent aussi écouter l’ensemble de ces demandes car ils peuvent agir directement sur certaines d’entre elles. Je pense notamment au projet controversé de création d’un centre de traitement et de stockage de déchets à Viviez et Aubin, rejeté en grande majorité par la population du Bassin.
Ils doivent rapidement mettre un coup d’arrêt à ce projet et demander à Umicore de terminer la réhabilitation de leurs sites pollués, notamment le crassier de Dunet, comme cette entreprise s’y était d’ailleurs engagé.
Photos :
1 - Extrait CGET - En bref #41
2 - jlc - Cliquez sur la photo pour l'agrandir - Licence Creative Commons
10:17 Publié dans Développement durable, Environnement, Politique locale, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : decazeville, maternité, hôpital, pprm, solena, déchets, viviez, sam | | Facebook | | Imprimer |
11/05/2017
De Umicore à Solena : “confiner“ des déchets industriels sous une usine de déchets ménagers
Umicore l’avait claironné partout en 2008 : la dépollution sera exemplaire !
Et tout le monde avait avalé ces belles paroles, certains rivalisant même de superlatifs élogieux pour décrire ce projet et plus généralement la politique environnementale de cette “entreprise modèle“.
Après 135 années de pollution de l’air, des sols et des eaux, 135 années d’atteintes au cadre de vie et à la santé des riverains et au delà, l’entreprise Umicore, anciennement Vieille-Montagne, se décidait enfin à effacer les conséquences environnementales de l’exploitation de son site de Viviez. Certes pas de gaité de cœur. Encore moins par conviction écologique. Non, juste parce que l’Etat mettait l’entreprise en obligation de le faire. Mais aussi parce que Umicore souhaitait céder son unité viviézoise. Sans une “dépollution“ de ses sites les plus pollués et leur revente à part, cela aurait été impossible.
Les pollutions chroniques de la rivière Lot par les métaux lourds issus des résidus de Vieille-Montagne entassés depuis des dizaines années sur divers sites du Bassin, principalement à Viviez et Aubin, et les très graves pollutions accidentelles occasionnées par cette même entreprise en 1983 et 1986, sont considérés comme une des plus grandes pollution industrielle sur une rivière en France, après la pollution du Rhône par les PCB. L’impact de ces pollutions est toujours vivace dans les mémoires des riverains de cette rivière jusqu’à l’embouchure de la Gironde et en Charente-Maritime.
Enfin bref, à Viviez, la “dépollution“ devait être exemplaire selon Umicore.
Il faut d’abord préciser que cette fameuse “dépollution“ dont s’émerveillaient certains n’a consisté en fait qu’à un déplacement des terres polluées. Les déchets de Laubarède, de Cérons, de l’Igue du Mas et une partie de ceux de Dunet ont atterris dans l’alvéole crée à Montplaisir après avoir été “stabilisés“, pas dépollués. Ces déchets sont encore à Viviez, dans une enveloppe certes étanche (on le souhaite du moins) suspendue au dessus du Laminoir et de Viviez-Pont et ils y resteront longtemps. C’est donc un lourd héritage que nous laissons aux générations futures. Et Umicore doit en assurer la responsabilité.
Dans le résumé non technique de l’enquête d’utilité publique concernant cette “dépollution“, certains déchets devaient rester in situ. C’est le cas pour un million de m3 de résidus thermiques du crassier de Dunet qui devaient “ rester sur place où ils seraient confinés après un remodelage du crassier, puis le site serait végétalisé “.
Rappelons que ces résidus thermiques contiennent du plomb, de l’arsenic, du zinc… et représentent des risques liés au contact direct avec les sols et aux envols de poussières
Projet de réhabilitation du site UMICORE de Viviez - Résumé non technique.pdf
Lors du conseil municipal de Decazeville du 16 juillet 2008 concernant l'avis à donner sur la demande d'autorisation d'exploiter demandée par UMICORE, nous avions émis des réserves sur la réhabilitation du crassier de Dunet du fait de “ l'absence d'éléments technico-économiques justifiant la non reprise en milieu confiné de ce crassier, de l'absence de calcul de risque ainsi que l'absence de seuil de réhabilitation “. Nous étions donc déjà inquiets par le fait de laisser ces déchets industriels in situ.
L’Arrêté préfectoral complémentaire du 7 novembre 2016 précisait concernant le remodelage des résidus thermiques de Dunet :
“ Lors des travaux de remodelage et de confinement sur place des résidus thermiques localisés sur DUNET, des dispositions réduisant les impacts sur l’environnement et limitant les envols de poussières doivent être mises en œuvre.
Un fossé périphérique est réalisé en amont du crassier
Une couverture finale doit être mise en place sur cette zone pour empêcher l’infiltration d’eaux de ruissellement sur ces matériaux. Elle sera constituée : (du haut vers le bas)
- d’une couche de terre arable d’au moins 20 centimètres d‘épaisseur destinée à la végétalisation de type prairie,
- dans les zones à forte pente, d’un système d’accroche terre puis d’une végétalisation adaptée,
- d’une couche de 50 centimètres schistes naturels de perméabilité voisine de 5.10-7 m/s. “
A la CSS (Commission de Suivi des Sites) anciennement appelée CLIS du 14 novembre 2016, Mr Farrenq d’UMICORE précisait que Dunet avait été nettoyé (sans préciser d'ailleurs qu'il restait sur place un million de m3) et les résidus stockés à Montplaisir. Il restait à remodeler le pourtour de l’usine et la station de traitement des eaux et le démontage des installations devenues inutiles… Cette fin de travaux sera géré par Séché, qui deviendra le gestionnaire du site. Il n’est déjà plus question de végétaliser ce site.
En aucun cas, il n’a pas été dit au cours de cette réunion que l’on installerait un centre de traitement de déchets sur ces résidus thermiques.
Pourtant, c’était déjà un projet bien avancé entre Umicore et Séché, mais malheureusement que récemment connu du public.
Les travaux n’ont toujours pas été réalisés depuis et tout le monde se moque des envols de poussière.
On comprend mieux pourquoi en lisant la fiche BASOL du 14 avril 2017 concernant le site et rédigée par la DREAL : “ Les travaux de réhabilitation n’ont pas été réalisés en totalité pour permettre une réutilisation éventuelle de cette zone dans le cadre du projet de reconversion du site porté par la société SÉCHÉ ÉCO-SERVICES, le nouvel exploitant. De même l’usine de stabilisation des déchets qui est arrêtée depuis décembre 2016 n’a pas été démantelée. Elle est maintenue en l’état dans l’attente d’une réutilisation éventuelle dans le cadre de ce projet “.
Cette fiche BASOL précise que 105 000 m3 du site de Dunet ont été évacués vers l’alvéole de Montplaisir, mais que un million de tonnes de résidus thermiques restent encore sur le site de Dunet. C’est sur ces résidus thermiques que Solena compte installer son centre de traitement des déchets.
L’usine de Solena serait donc construite sur un crassier contenant des déchets de plomb, d’arsenic, de zinc et autres joyeusetés. Mais ils seraient “confinés“.
Merci de “confiner“ ces déchets toxiques sous une usine de déchets ménagers. Quelle belle attention pour les riverains !
On est en droit de se poser de nombreuses questions, notamment sur le niveau de complicité entre Umicore et Séché dans le projet de centre de traitement et de stockage des déchets ?
L’entreprise Umicore a-t-elle justement choisi Séché pour la dépollution de ses sites en connaissance de cause, parce que notamment Séché rachèterait à la fin de cette opération les terrains dépollués à Umicore pour y construire son centre de traitement et de stockage de déchets ?
On peut aussi trouver pour le moins complaisant l’accompagnement des services de l’Etat tout au long des manœuvres menées par Umicore et Séché pour aboutir au projet Solena.
Et enfin et surtout, quelle complicité certains acteurs politiques locaux ont-ils eu avec tout ce petit monde, acteurs politiques qui se sont bien gardés d’en parler préalablement avec leurs administrés ?
Se posent aussi des questions techniques. L’enveloppe de “confinement“ minérale résistera-t-elle au poids des bâtiments et à la construction (fondations) même de ces bâtiments ? La stabilité des résidus thermiques et les pentes fortes, mêmes adoucies, permettent-elles une construction de bâtiments dessus ? Le passage de nombreux camions et le fonctionnement de gros outils pour traiter les déchets ne va-t-il pas dégrader la stabilité de ces résidus thermiques avec le temps et occasionner des affaissements ? Alors bien sûr, j’en suis persuadé, des études de sol vont confirmer la possibilité de ces constructions. Mais est-ce bien raisonnable ?
Se pose bien sûr, comme le note fort judicieusement l’ADEBA, l'association qui combat le projet Solena, le problème même de la disposition de cet équipement sur ce lieu proche du centre-bourg, pour la tranquillité et la santé des riverains, pour le cadre de vie et le paysage, à cause des nuisances de ce genre d’usine…
Je crois que nous jouons avec le feu !
Enlever les résidus thermiques de Dunet serait la meilleure solution.
Mais à minima, il me semble indispensable, que l’on s’en tienne au confinement et à la végétalisation du site de Dunet avec une surveillance permanente de ces déchets et des eaux de ruissellement comme il était préconisé.
Il est aussi aberrant de vouloir installer une décharge de déchets ménagers sur le lieu de la décharge de déchets industriels “dépolluée“ à l’Igue du Mas, décharge responsable de la grave pollution du Lot en 1986.
Là aussi, il faut que le bon sens revienne. Il faut revégétaliser ce site comme le préconisait Umicore lors de la présentation de son projet de “dépollution“ et comme le demandait le maire de Viviez en 2009.
Les élus doivent tout faire pour rendre impossible la création d’un site de stockage de déchets sur ce lieu, notamment lors de l’élaboration du règlement du PLUi.
Quoi qu’il en soit, Umicore est en train de préparer son départ de Viviez.
La dépollution des parcelles privées doit bien sûr se réaliser dès que possible. Mais ce ne doit pas être une compensation à l’acceptation du centre de traitement et de stockage de déchets.
Après plus de 135 années de pollution continue et d’atteinte au cadre de vie et à la santé des riverains, Umicore doit beaucoup plus que cela à Viviez et Aubin.
Umicore laisse encore de nombreux terrains contenant des déchets dus à son activité sur tout le Bassin urbain et rural. Il faudra être très attentif au devenir de ces déchets et de ces terrains. Umicore doit en rester responsable et ne doit pas s'en laver les mains comme à Saint-Félix-de-Pallières dans le Gard
Enfin, concernant le devenir des déchets ménagers aveyronnais, les élus locaux et les délégués du SYDOM doivent rapidement mettre un coup d’arrêt définitif à ce projet à Aubin et Viviez. Ils doivent réfléchir à des alternatives, sachant que l’ADEME dans un récent avis, préconise de mieux utiliser les capacités existantes et de travailler avec les collectivités voisines en attendant de meilleures techniques et surtout la mise en place de mesures indispensables permettant de réduire considérablement le poids et le volume de nos déchets.
Un appel à projet régional pour la mise en place de la tarification incitative est lancé. Qu’attend l’Aveyron pour y répondre ? A minima Decazeville-Communauté ?
Addendum du 31 mai 2017 :
L'ADEBA a rencontré le 22 mai dernier à la Préfecture de l'Aveyron, M. Christian Robbe-Grillet, sous-préfet de Villefranche-de-Rouergue qui était accompagné de M. Frédéric Berly, responsable de l'unité interdépartementale Tarn-Aveyron de la DREAL.
Une réunion cordiale et studieuse où l'ADEBA a développé ses arguments contre le projet Solena à Viviez, mais aussi ses inquiétudes concernant le crassier de Dunet et son devenir.
Visiblement, ces inquiétudes ont été entendues par M. le Sous-Préfet et M. Berly puisque la DREAL a établi le 31 mai une nouvelle fiche BASOL concernant le site UMICORE de Viviez.
Il est mentionne sur cette fiche que : “ ...Sur les autres sites de Dunet et Montplaisir, des mesures transitoires sont retenues dans l'attente de connaitre les projets retenus par le nouvel exploitant. Avec soit une adaptation des prescriptions si un projet se concrétise à court terme, soit un retour aux prescriptions initiales dans le cas contraire. "
Le tout est de savoir ce que l'on entend par “court terme“.
On ne peut plus laisser ce crassier contenant des éléments dangereux à l'air libre plus longtemps et le retour rapide aux prescription initiales (réhabilitation et végétalisation) est plus que souhaitable.
Photos : jlc, licence Créative Commons
Sauf article de La dépêche du Midi (Archives départementales du Lot)
09:51 Publié dans Développement durable, Environnement, Politique locale, Travail - Emploi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : viviez, aubin, umicore, solena, séché, déchets ménagers, déchets industriels | | Facebook | | Imprimer |
18/07/2016
Traitement des déchets en Aveyron : circulez, il n’y a rien à voir !
Quelle mouche a donc piqué les élus du Conseil Départemental de l’Aveyron et ceux du conseil syndical du Sydom Aveyron ?
Après la commission permanente du Conseil Départemental le 1er février dernier, c’était au tour du comité syndical du Sydom de rejeter fin mars l’offre de Trifyl, homologue du Sydom dans le Tarn et actuel gestionnaire des déchets ultimes aveyronnais, pour le traitement des déchets ménagers après 2020.
Pour justifier ce choix, les élus du conseil départemental ont prétexté de fortes contraintes budgétaires et l’obligation de rester sur le territoire aveyronnais notamment pour respecter les objectifs de la transition énergétique, favoriser la création d’emplois locaux et maîtriser la gouvernance d’une problématique aveyronnaise.
Certes, ces objectifs semblent respectables, mais qu’en est-il exactement ?
Les contraintes budgétaires sont réelles, mais on arrive bien par exemple à trouver des millions pour des projets qui ne sont pas directement de la compétence du conseil départemental comme pour la RN 88 ou d’autres projets.
Quant aux objectifs de la transition énergétique ils doivent être analysés finement pour les deux projets en concurrence.
Certes le traitement des déchets ménagers pour Trifyl est situé dans le Tarn.
Mais le regroupement de deux départements peut procurer des avantages importants en matière d’économies d’échelles, que ce soit en termes financiers ou énergétiques, d’autant plus que le projet concurrent ; celui de Séché-Sévigné est lui situé à Viviez, au nord-ouest du département et aux limites de l’Aveyron, du Lot et du Cantal.
Concernant la santé humaine et la lutte contre l’effet de serre, il faut aussi analyser le mode de traitement de ces déchets. Pour Trifyl, ça passe par un nouveau centre de tri performant qui peut très bien être installé dans l’Aveyron et par une expérience de plus de 18 ans dans la récupération et le traitement des biogaz issus de la décomposition des déchets. Expérience dont nous avons déjà profité. Que savons-nous du projet privé de Séché-Sévigné à Viviez ? Pas grand chose pour le moment. On nous parle de « solutions techniques tournées vers l’avenir et inscrite dans une démarche d’économie circulaire qui permettront de valoriser plus de déchets sous forme de matières et d’énergies… C’est une projet ambitieux pour le territoire, c’est aussi une opportunité de reconversion vers l’économie verte pour les terrains dépollués et pour lesquels il n’y a pas de conflit d’usage avec des activités agricoles ou touristiques… » (La Dépêche du Midi du 26 novembre 2015). Ça sent bon la langue de bois.
Ce que l’on sait, c’est que ce projet a été refusé sur le Lévezou et que l’on aurait une peu tendance à prendre les habitants du Bassin pour des ploucs prêts à accepter le moindre projet pour quelques emplois. Il y a déjà sur Viviez un incinérateur installé récemment (appelé pompeusement oxydateur thermique) et une usine classée Sévéso seuil bas. Le fonctionnement de cette nouvelle unité de traitement de déchets et le passage de nombreux camions portant ces déchets aggraverait encore plus l’environnement et la santé des habitants de ce secteur qui ont déjà beaucoup donné.
Le mode de gestion :
Trifyl propose une gestion commune avec le Sydom en créant une SEM (Société d’Economie Mixte). C’est donc la poursuite d’un service public qui a fait ses preuves entre Aveyron et Tarn et dont les bénéfices serviront directement à baisser la facture des contribuables aveyronnais, pas à rémunérer des actionnaires comme pour le projet Séché-Sévigné.
Car enfin, qui paiera pour ce traitement des déchets ?
Tous les foyers aveyronnais assujettis à la taxe ou à la redevance des ordures ménagères. Les Aveyronnais ont donc leur mot à dire.
Ils n’ont malheureusement pas pour l’instant les informations pour se faire une opinion et on ne leur donne surtout pas les moyens de donner leur avis.
A la fin des années 1990, les élus départementaux aveyronnais avaient décidé d’incinérer les déchets aveyronnais. Heureusement, grâce à une circulaire de Dominique Voynet, alors ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement favorisant la prévention et la réduction des déchets et leur valorisation matière, mais aussi grâce à l’action de Bruno Berardi et des Verts aveyronnais qui n’ont pas hésité à saisir le tribunal administratif de Toulouse et la cour administrative d’Appel de Bordeaux, ce projet a fini à la poubelle. Mais il fallait tout de même trouver un mode de traitement et un lieu pour traiter ces déchets en Aveyron. Par manque réel d’intérêt et de courage, les élus aveyronnais se sont passés la patate chaude de mandat en mandat.
Heureusement que le Tarn avec Trifyl a proposé une solution technique acceptable et un mode de gestion en régie.
Un problème aveyronnais, mais aussi local :
Il semble que le projet de Séché-Sévigné ne fasse pas que des heureux sur le Bassin. Des voix commencent à se faire entendre, une pétition est en cours et des panneaux commencent à fleurir dans la campagne aubinoise et viviezoise.
Les conseillers départementaux locaux qui poussent à la création de cette usine à Viviez feraient bien de s’intéresser à cette montée de colère.
Tout le monde se souvient de la proposition de créer une usine d’incinération de déchets ménagers à Boisse-Penchot à la place de la centrale électrique de la SNET. La levée de bouclier a été immédiate et forte, d’autant plus que le projet était plutôt bancal.
Déplacer les déchets industriels d’Umicore de la zone de Peyrolières vers une alvéole au dessus de Viviez a permis de retrouver un espace « propre » et une qualité des eaux de l’Enne améliorée.
Pas sûr que les habitants de Viviez et d’Aubin aient envie de retrouver une usine de traitement et de stockage de déchets ménagers à la place.
D’autant plus que les créations d’emplois prévues font plutôt figure de miroir aux alouettes.
Un centre de tri des déchets en Aveyron associé à la création de réseaux de chaleurs publics bois comme propose Trifyl créeraient sûrement plus d’emplois qu’une usine à Viviez.
Une telle usine à Viviez, à la croisée de trois départements inquiète localement aussi beaucoup de personnes qui ne veulent pas « être la poubelle de la région ».
En attendant, les terrains autours de cette « future » zone de traitement des déchets font l’objet d’un fort intérêt et les chemins existant autour de cette zone ne sont plus du tout accessibles. Tout semble fait pour ficeler sur le terrain une opération décidée en cercle restreint. Pas de quoi rassurer les riverains. Au contraire !
Photos : cliquez sur les photos pour les agrandir :
Photos 1, 4 et 5 : jlc, licence Créative Commons
Photos 2 (Trifyl à Labessières-candeil), 3 et 6 (Igue du Mas à Viviez) : A partir de Google Earth
09:34 Publié dans Climat, Développement durable, Energie, Environnement, Politique locale | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : decazeville, viviez, déchets ménagers, sydom, conseil départemental | | Facebook | | Imprimer |
08/12/2013
Le centre de la France sacrifiée sur l’autel des LGV
Il y a maintenant longtemps que j’alerte sur l’incapacité des élites locales à défendre une vraie liaison ferroviaire entre notre territoire et Paris. Des chambres consulaires aux parlementaires en passant par le Département et la Région, tous ignorent le train et ne voient un « désenclavement » de l’Aveyron que par la route et les airs. Il faut dire qu’ils ne doivent pas être souvent dans un train et préfèrent prendre l’avion, qu’ils ne payent généralement pas directement.
Précisons que ce point de vue ne vaut malheureusement que pour l’Aveyron. Car il faut bien le noter, les élus et notables des départements voisins concernés par la ligne POLT se battent bec et ongles pour conserver et améliorer cette liaison. Les parlementaires lotois sont par exemple en première ligne tant pour défendre les arrêts, que la fréquence des liaisons ou le temps de trajet. Les associations lotoises de défense des gares et des trains et l’association Urgence Ligne POLT qui regroupe des élus des collectivités situées le long de cette ligne sont très actives. Mais pas un élu aveyronnais pour y siéger. Certes, nous ne sommes pas directement riverain de cette ligne, mais elle constitue le maillon essentiel d’une liaison convenable vers Paris. Et ce d’autant plus que dans le cadre de son Plan Rail, la région Midi-Pyrénées a régénéré la ligne reliant Brive à Rodez.
Certes, la Région avait participé au financement des études pour l’amélioration de cette ligne par des travaux sur les voies pour y faire rouler des trains pendulaires. Mais on connaît malheureusement la suite.
Depuis, Decazeville a perdu son agence SNCF sans que la Région ou l’Etat s‘émeuve pour autant. Elle n’est certes pas la seule en Midi-Pyrénées. Mais là aussi, on ne peut pas dire que nos élus régionaux ou nationaux locaux se soient réellement bougés. On est pas dans le Lot.
On nous avait aussi promis mordicus pour nous endormir que l’on ne toucherait pas à la gare de Viviez. C’est pourtant malheureusement ce qui devrait se passer à partir du 15 décembre.
Nous avons donc adopté une motion au dernier conseil municipal de Decazeville :
« Une organisation syndicale des cheminots nous alerte au sujet du nouveau service horaire d’hiver que la SNCF veut mettre en place au 15 décembre 2013. Selon ce projet, la gare de Viviez-Decazeville verrait son ouverture réduite, ainsi que les services rendus aux usagers. Plus aucun service à la sécurité ne serait assuré le soir après 21h35, et plus aucune présence commerciale non plus. L’activité de la gare sera fortement réduite et sa pérennité compromise. En l’absence de croisement sur cette gare, la régularité des trains serait affectée. Ainsi, la liaison du soir Paris-Rodez resterait un quart d’heure supplémentaire en gare de Capdenac.
A peine quatre mois après la fermeture de la boutique SNCF de Decazeville centre, cette nouvelle réduction du service rendu est inadmissible.
Le conseil municipal demande à la SNCF le maintien des heures d’ouverture actuelles avec :
- - La présence d’un agent assurant la sécurité des circulations et des voyageurs du premier train jusqu’en fin de soirée.
- - La présence d’un agent commercial pour l’achat des billets et les informations.
Le conseil municipal souhaite également que le conseil régional Midi-Pyrénées, qui a compétence pour ce qui concerne le transport ferroviaire, intervienne fermement en ce sens auprès de la SNCF».
Réduire l’amplitude horaire d'ouverture de la gare et allonger la durée de trajet serait d’autant plus dommageable que le Ministre des Transports vient d’engager le renouvellement des Trains d’Equilibre du Territoire dont fait parti la ligne POLT. Les Coradia Liner d’Alstom devraient remplacer les vieux trains Corail à partir de 2015. Un début pour aller vers les Trains à Haut Niveau de Service que nous souhaitons sur ces lignes.
Mais sur le fond, la politique de la SNCF soutenue par l’État est malheureusement claire. D’abord les LGV et après… peut-être les autres lignes, s’il reste de l’argent. A ce sujet, le documentaire « Pièces à conviction » diffusé le 4 décembre 2013 sur France 3 après le Soir 3 était édifiant.
Comment est-on arrivé à cette TGVmania qui coûte cher aux contribuables, aux usagers, vampirise les moyens financiers du rail aux dépends des trains de tous les jours pour des trains principalement réservés à une élite qui la plupart du temps ne paye pas directement le billet. Ce sont les entreprises ou les collectivités qui rincent.
On apprend aussi dans ce document que la LGV Bordeaux-Toulouse coûtera 5 milliards de plus qu'un TGV roulant sur les voies existantes pour gagner seulement 6 minutes. Ce gaspillage financier partagé par l'Etat, la Région Midi-Pyrénées et d'autres collectivités locales est pour le moins honteux, surtout en période de crise.
C’est d’ailleurs ce que dénonce également Gilles Savary, député de la Gironde et spécialiste des transports au Parti Socialiste sur Facebook (cliquez sur la photo pour agrandir) :
Je serai bien sûr le jeudi 12 décembre à 17h à la gare de Viviez pour défendre cette ligne et défendre la gare de Viviez.
Mais il faut bien comprendre que si les grands élus locaux ne bougent pas comme le font les élus du Lot, et bien non seulement notre gare ne sera vouée qu’à voir ses heures d’amplitude d’ouverture réduites et la ligne vers Paris déconsidérée.
10:53 Publié dans Développement durable, Politique locale, Transports et mobilité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : decazeville, viviez, gate, rail | | Facebook | | Imprimer |
28/04/2013
Un nouveau film sur l'univers pictural et cinématographique de Guy Brunet
Je viens de voir la première épreuve de ce film consacré à Guy Brunet. Magnifique tant par la rencontre avec l'artiste et tout son univers créatif, que par la démarche du réalisateur laissant son principal acteur et son œuvre déambuler librement dans ce film sans les manipuler. Il me tarde de voir le film définitif qui sera projeté à la Strada en septembre. Guy Brunet, dont j'avais vu l'exposition au MIAM de Sète il y a déjà 11 ans, mérite largement cet hommage d'un autre "enfant" talentueux de Decazeville, Lilian Bathelot.
Article de presse de Joël Born paru dans l'édition aveyronnaise de Midi Libre le 28 avril 2013.
Cliquez dessus pour agrandir
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20/09/2010
Succès du week-end vélo sur le Bassin
ANIMATIONS VÉLO - DECAZEVILLE - 18 ET 19 09-2010
envoyé par calmettes. - Découvrez les dernières tendances en vidéo.
07:35 Publié dans Développement durable, Politique locale, Transports et mobilité, Véloroutes et voies vertes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : decazeville, aubin, cransac, viviez, vélo, déplacements doux | | Facebook | | Imprimer |